Tout au long de la saison, Mathieu Dubrulle nous livre son opinion sur les performances de l’Amiens SC dans la chronique intitulée le Débrief. Ce lundi, notre confrère de France Bleu Picardie revient sur le pénible match nul concédé contre Conarneau, le tout au terme d’une prestation de piètre qualité. Et peut-être bien le couac de trop dans la course au top 5. Entretien.
Mathieu Dubrulle, dans quel état d’esprit êtes-vous après ce triste match nul de l’Amiens SC contre Concarneau ?
Je suis ressorti de ce match assez consterné, avec la seule satisfaction de ne pas avoir vu Amiens perdre. Dans l’esprit de beaucoup, ça ressemble quand même à une défaite. Ce qui est consternant, c’est vraiment l’attitude d’une équipe qui est en train de foutre en l’air sa fin de saison. C’est d’autant plus incompréhensible qu’il n’y a plus vraiment de pression depuis la victoire à Angers. Le maintien est en très bonne voie et il n’y avait plus que du bonus. On espérait enfin voir une équipe joueuse, libérée, prête à tout croquer. Finalement, on voit une équipe amorphe, sans flamme, sans panache, sans ressort. C’est assez triste. La prestation à Concarneau était assez désolante pour ça. Amiens ne se donne clairement pas les moyens de jouer le coup à fond. Ce n’est pas la première fois qu’on ressort déçu d’un match d’Amiens, mais cette fois-ci on est consterné par le manque d’envie, l’absence de supplément d’âme. A Concarneau, on a vu des fantômes, une équipe qui ne dégage rien, face à un adversaire qui était pourtant assez faible.
En résumé, Amiens n’a jamais vraiment donné le sentiment de vouloir gagner ce match…
Pire que ça, ils n’ont jamais donné le sentiment de vouloir le jouer ! C’est d’une faiblesse dans les intentions… Dans le sport de haut niveau, il y a des soirs avec et des soirs sans, sans vraiment comprendre pourquoi. Si ce n’était que l’histoire d’un match… Or, ce n’est pas la première fois cette saison. Il faut savoir s’arracher pour gagner ce genre de match et cet état d’esprit n’est pas présent dans cette équipe. Quand il faut aller au charbon, faire des matches rugueux, s’accrocher, c’est compliqué. Tu en arrives même à te mettre en danger sur ce match. A six matches de la fin, le constat est clair : cette équipe ne dégage pas grand-chose. On peut même s’estimer heureux de la voir à la dixième place dans ces conditions. Le tout avec une seule victoire en dix derniers matches. Encore une fois. Je ne comprends pas non plus la nervosité rapidement affichée contre Concarneau.
A l’image d’un Gaël Kakuta qui finit par se faire expulser bêtement et qui met encore un peu plus son équipe dans l’embarras. Comme un symbole…
Il a un marquage serré pendant tout le match, une prise à deux, une prise à trois. Maintenant, c’est Kakuta, il le sait. Il se considère comme le meilleur joueur de Ligue 2, il sait bien qu’il va être traité de la sorte. Son geste symbolise le sentiment d’impuissance qui était visible dès le début du match. Sans raison valable, ils étaient nerveux. Eux-mêmes, on a l’impression qu’ils n’y croient pas. Gaël Kakuta est le symbole d’une équipe sans leader. Il y a de gentils garçons, certains qu’on ne peut pas accabler, des mecs qui ont du vécu, mais personne n’assume le rôle de leader. Régis Gurtner est un excellent gardien, il remplit parfaitement son rôle et heureusement qu’il est là. Pour autant, ce n’est pas lui qui va apporter le supplément d’âme. Gaël Kakuta est aussi le symbole d’une équipe qui plonge à la première difficulté. Ce geste est aussi le résumé de sa saison, qui est une désillusion. Il est capable d’éclairs de génie, mais il n’est pas le leader offensif espéré sur la durée. La faute aux blessures, à son manque d’impact.
Pour la première fois, on sent même de la résignation dans le discours d’Omar Daf, qui a insisté sur les manques de son équipe et a parlé de préparer l’avenir. Comme si, ce match avait été le coup fatal au sein du vestiaire…
Omar Daf a souvent pointé du doigt les limites de son équipe, notamment en première partie de saison, quand il pouvait encore se raccrocher à l’espoir du mercato d’hiver. Là, plus encore et doit-on vraiment lui donner tort ? A-t-il les armes pour jouer le top 5 ? Cela n’empêche pas Amiens de devoir faire mieux avec cet effectif, notamment sur ce dernier match, contre un adversaire comme Concarneau. Au-delà de la qualité de l’effectif, qui est limité on le sait tous, c’est aussi une question de mentalité. Je ne parle même pas des joueurs qu’il a fallu réathlétiser tout au long de la saison, parce qu’on recrute des joueurs qui manquent de temps de jeu tous les six mois.
Tant que ce club ne repart pas sur un cycle de deux ou trois ans, sans des mauvais choix répétés et une valse permanente au sein de l’effectif, ce sera difficile de performer. Maintenant, tu dois être capable de compenser ça par une rage de vaincre, notamment quand l’adversité est à ta portée. On a vu ça trop rarement durant la saison. Si le point de référence reste les braqueurs de Christophe Pelissier, il n’y avait pas de ballon d’or dans l’effectif. Par contre, il y avait des guerriers, un esprit de groupe, une force collective qui se dégageait. Cette saison, on peut dire qu’il y a une force collective défensive. Cela marche pour ne pas perdre, mais sûrement pas pour gagner. Cela marche donc pour se maintenir, mais pas pour monter.
Il reste six matches à jouer, avec un effectif décimé par les blessures et les suspensions et un dernier objectif qui semble s’être définitivement envolé. Comment voyez-vous la fin de saison ?
J’ai l’impression qu’on a reçu le coup de grâce. Quand bien même Omar Daf affirme que ce n’est pas dans sa mentalité de lâcher et que Christophe Duprez compte sur un sursaut, j’ai peur que la saison se termine en roue libre. Le tout avec les rescapés qui pourront bien jouer. Heureusement qu’il y a ce socle défensif et du monde dans le vestiaire. Sans ça, on jouerait avec qui ? On va la terminer comment cette saison ? Sachant que la moitié des joueurs vont partir cet été, parce qu’en fin de contrat, simplement prêtés ou aspirants à voir autre chose. On pense à Owen Gene qui est convoité ou à Antoine Leautey, qui va bien finir par aller voir ailleurs. On sent que des mecs n’y sont plus.
Tout ça mis bout à bout, en étant désormais à cinq points… Sachant qu’on reste sur le naufrage contre Pau et ce bien triste 0-0 contre Concarneau. J’ai bien peur qu’Amiens finisse la saison en se contentant du minimum, en lâchant prise. Cela ne se donne pas vraiment les moyens pour tenter le coup. C’est d’autant plus regrettable qu’il y avait moyen de s’amuser un peu, d’y aller en toute insouciance avec ce championnat si serré en haut. Une fois de plus, ça risque de se terminer en eau de boudin et c’est décevant. La seule consolation reste d’éviter la relégation, mais il y aura encore tout ou presque à reconstruire à nouveau. On va, encore une fois, se contenter de ça.
Propos recueillis par Romain PECHON
12 joueurs devraient rester : Gurtner, Kakuta, Fofana, Kaiboue, Gene, Corchia, Carroll, Leautey, Mafouta, Boya, Urhoghide, Sauvage => c’est une bonne base. Ajoutons les jeunes : Jaouab, I. Fofana, Lutin, Chibozo, Touho. On passe à 17. 34 joueurs ont joué cette saison, c’est trop. Il faudrait limiter à 23 + les jeunes qui pourraient se révéler. On attendrait donc 6 recrues : on est loin de la moitié de l’équipe! Mais attention : il faut de bien meilleurs choix que ceux auxquels nous habitue JW, à savoir enfin de l’expérience, du caractère, de l’état d’esprit! 6 choix parfaitement calibrés, et si possible dès juillet pour démarrer au mieux et à fond!
Une saison de plus et toujours on aura droit à la même rengaine, on va reconstruire.
Reconstruire comme d’habitude avec des paris risqués sur des joueurs en mal de temps de jeu.
Reconstruire avec des joueurs arrivant hors de forme et qu’il faut 3 mois pour remettre sur les rails.
Reconstuire avec le tandem Joannin Williams, une plaisanterie.
En attendant, la Licorne est à moitié vide, celà devrait pourtant faire réfléchir le Président organisateur de spectacles.
Les abonnés risquent bien de ne pas se bousculer l’année prochaine