Alors que l’Amiens SC aborde la saison 2024/2025 de Ligue 2, à partir de vendredi avec la réception du Red Star, dans un climat de profonde austérité, Régis Gurtner se veut tout de même extrêmement confiant. Selon lui, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Entretien.
Régis Gurtner, vous allez entamer votre dixième saison sous le maillot de l’Amiens SC. Toujours avec le même entrain, le même enthousiasme ?
Toujours. Avec le même plaisir, l’envie de commencer une saison. Cela fait six semaines qu’on se prépare pour ça. On a vraiment hâte de commencer la compétition, ça manque. Mine de rien, on n’a pas joué un match de championnat depuis mi-mai. Pour un sportif de haut niveau, c’est quelque chose qui manque vraiment. On a hâte de démarrer le championnat, vendredi soir à la Licorne, contre le Red Star. Personnellement, j’ai encore pris beaucoup de plaisir durant la préparation, avec un groupe qu’on crée. Il y a des joueurs qui étaient déjà là l’année passée, des jeunes qui arrivent. J’ai beaucoup de plaisir à assumer mon rôle d’ancien, de cadre. On en aura besoin cette saison pour encadrer les plus jeunes joueurs. Je me sens bien, que ce soit physiquement ou mentalement. Tant que ce sera comme ça, j’aurais envie de continuer à jouer.
C’est un vrai défi pour l’Amiens SC de repartir avec un groupe aussi rajeuni…
Un défi, non. Le club a su garder des joueurs cadres de la saison dernière, un socle de 13-14 joueurs qui se connaît bien. On a vécu une saison ensemble, le staff n’a quasiment pas bougé. Parfois, le meilleur recrutement est aussi de savoir garder ces meilleurs éléments. Pour l’instant, que ce soit Louis (Mafouta), Antoine (Leautey), Mamad (Mamadou Fofana), les joueurs clés vont démarrer la saison, sont encore là. C’est important, parce qu’on se connaît, on sait sur quoi on a bossé la saison dernière, sur quoi on peut s’appuyer. C’est quelque chose de très important.
Ensuite, il y a forcément eu beaucoup de départs, on connaît les difficultés économiques des clubs. Le président est venu nous voir pour nous en parler. C’est important que tout le monde ne prenne conscience, que ce soit les joueurs, les dirigeants, les supporters, tout ce qui peut y avoir autour du club en général. On va s’adapter à ça. Notre rôle est le terrain, le vestiaire. C’est à nous de prendre nos responsabilités et de faire en sorte de faire une belle saison avec l’effectif à disposition.
Vous avez parlé d’ossature préservée, il y a tout de même eu des départs d’importance, comme ceux de Nicholas Opoku et Gaël Kakuta. Des joueurs qui étaient déjà là en Ligue 1, des cadres depuis plusieurs saisons. Ce ne sont pas des départs anodins…
Gaël et Nicho étaient importants, que ce soit la saison dernière ou sur les saisons précédentes. Maintenant, ce sont des décisions prises par le club, par la direction. C’est sûr qu’ils nous auraient fait du bien cette saison. Malheureusement, ils ne sont pas là. On leur souhaite le meilleur dans leur futur club. Ce sont les aléas du football. Le club a aussi su garder, pour le moment, les joueurs clés de la saison passée. C’est pour moi le meilleur du recrutement, même si j’espère que nous n’aurons pas trop de pépins sur la saison. Sans quoi nous pourrions être en difficulté.
Comprenez-vous l’inquiétude qui peut exister chez les supporters par rapport à l’évolution depuis le mois de juin ?
Inquiétude par rapport à quoi ?
L’état de l’effectif, les discours, l’ambition assumée de jouer le maintien. Tout ceci suscite de l’inquiétude chez de nombreux supporters de l’Amiens SC…
L’ambition est plutôt logique. On a conscience des choses, du niveau de l’effectif. On a un effectif où on a 14-15 joueurs avec une grosse expérience, je ne parle pas d’âge mais de matches à haut niveau, que ce soit en Ligue 1, Ligue 2 ou National. C’est très important déjà. Il y a aussi de jeunes joueurs de qualité qu’il faut former, faire venir petit à petit en leur permettant d’engranger des minutes en match. On aura besoin de tout le monde, que ce soit jeunes ou pas jeunes, pour faire une bonne saison. Parfois, ce n’est pas la qualité de joueur qui fait la différence, mais la qualité de cohésion, de groupe. Ce sera hyper important et on va insister là-dessus pour créer des choses.
J’ai quasiment 20 ans de carrière, je sais qu’il y a des saisons où ce ne sont pas les meilleures équipes qui montent. Ce sont aussi des aventures humaines. C’est là-dessus qu’on veut amener certaines choses. C’est à nous, les plus anciens, de créer ça pour amener une dynamique positive dans l’équipe, dans le club et au niveau des supporters. Ils sont peut-être inquiets, on va essayer de les rassurer au maximum. On aura besoin d’eux, sur tous les matches, dès le premier. On les encourage à venir nous voir, à venir nous supporter, que ce soit dans les bons moments comme dans les plus compliqués. On compte vraiment sur eux.
Il ne vous a pas échappé qu’un mouvement de contestation des supporters va accompagner la reprise du championnat. Le comprenez-vous ?
On le comprend forcément, la décision ayant été prise à deux semaines de la reprise du championnat. C’est compliqué pour les supporters qui ont pris leur abonnement, qui avaient prévu les matches le samedi. On peut comprendre la grogne qui existe. Après, on est bien obligé de s’adapter. La Ligue et les diffuseurs ont pris cette décision. Il y a aussi des gens que ça arrange que ce soit le vendredi soir. En tant que joueur, on s’adapte. La dernière fois qu’on a joué en Ligue 2 le vendredi soir, on est monté. C’est un bon souvenir et il y avait quand même du monde au stade tous les vendredis soirs, surtout sur la fin de saison. J’encourage tous les supporters, après leur travail le vendredi, à venir à la Licorne nous voir pour prendre du plaisir avec nous.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Loic Baratoux/Icon Sport