Plombé par les nombreuses absences dues aux blessures et aux départs pour les coupes continentales (Afrique et Asie) durant l’hiver, le RC Lens aborde un mercato capital. Non seulement pour la suite de sa saison, mais aussi à plus long terme alors que les erreurs de l’été chercheront à être gommées. Et auprès de La Voix du Nord, Arnaud Pouille, directeur général du club, a détaillé la stratégie hivernale.
Le RC Lens joue avec les aléas de l’hiver
Les températures ont beau plongé dans le négatif du côté de Lens, les téléphones devraient chauffer à la Gaillette en ce début de mois de janvier. Engagé depuis une semaine dans un mercato fondamental pour son avenir à court terme mais pas uniquement, le RC Lens a du pain sur la planche au vu des aléas. « Il faut s’adapter, et on le fait de deux manières, par rapport aux absents et aux blessures et états physiques. […] On attendait les confirmations de sélection », rappelle Arnaud Pouille au micro de La Voix du Nord. Abdukodir Khusanov (Asie), Salis Abdul Samed, Nampalys Mendy et Morgan Guilavogui (Afrique) sont finalement concernés, alors que Neil El Aynaoui était aussi en balance pour être convoqué avec le Maroc.
Des indisponibilités qui amputeront Franck Haise d’un certain vivier de solutions, mais pas de quoi paniquer pour autant le board lensois. « Après il y a ce que nous, on attend mais quand vous allez vers des joueurs, eux aussi regardent, connaissent notre effectif et s’ils viennent, il faut qu’ils aient une chance de jouer, pointe justement le directeur du club artésien. On est dans une stratégie où on ne veut pas empiler les gars, il faut que chacun trouve sa place et soit utile. »
Des secteurs à renforcer bien ciblés
Des places, il y en a d’ailleurs pas mal à prendre entre les départs à la CAN de certains, les blessures d’autres et les défaillances sportives de quelques-uns. « Le vrai besoin, quasi numérique, il est sur le poste de piston, plutôt à moyen terme aussi, décrypte Arnaud Pouille. Nos pistons avancent tous un peu dans l’âge, si on peut trouver un profil qui va profiter de l’expérience de ses collègues et progresser chez nous on le fera. C’est devenu la priorité avec la blessure de Macha (Deiver Machado, ndlr). Et ça peut se faire rapidement. Au milieu, il y a un besoin mais temporaire. » Temporaire, mais non moins urgent.
Si Neil El Aynaoui tient toujours la barre d’une main de maître en l’absence de Salis Abdul Samed et Nampalys Mendy, Andy Diouf a prouvé face à Monaco qu’il était encore un ton en-dessous. La possibilité de voir redescendre Adrien Thomasson voire Angelo Fulgini dans le milieu à deux existe, mais elle ne paraît pas idéale. Tout comme la perspective de lancer dans le grand bain Noah Diliberto (22 ans) et Fodé Sylla (17 ans), encore un peu tendres pour ce niveau. D’autant qu’il faudra compter avec les possibles départs – même si le secteur du milieu de terrain devrait être épargné -, auxquels le RC Lens ne ferme pas la porte.
« On pourrait être attaqué, mais on n’a pas mis de stop, assume Arnaud Pouille. Je ne vois pas dans le groupe de mouvement ou de volonté de partir et nous, on n’a pas besoin de faire partir. Ils sont bien tous ensemble. On en a déjà cinq partis en sélection, on n’est pas du tout dans la configuration de laisser partir des gens et comme eux n’ont pas la volonté de partir, pour l’instant tout va bien. » Le directeur général n’en est pas dupe pour autant et connaît parfaitement les mécanismes d’un mercato : « On est le 5 janvier. On ne craint rien mais on n’est pas non plus novices, il peut aussi arriver un truc le 30 ou 31. J’avais été frappé par le transfert de Christopher Wooh ». Dans les dernières instants du mercato d’été 2022, le RC Lens n’avait pas pu résister à l’offre alléchante (9 millions d’euros) du Stade Rennais pour son défenseur.
La complexité d’un mercato et de ses composantes
Réputé pour être un mercato d’ajustement, cette fenêtre hivernale ne doit pas moins s’inscrire dans une vision globale et réfléchie afin d’éviter les panic-buy ou les fausses bonnes idées, et ainsi privilégier une construction long-termiste d’un effectif. Stratégie dont le RC Lens est l’un des spécialistes. « Avant de parler de financier, il faut regarder l’âge moyen à chaque poste, celui d’un groupe pour voir si on n’est pas dans l’ultra-rajeunissement ou vieillissement, analyse Arnaud Pouille. On sait que le jeu de Franck Haise et l’exigence du staff demandent aussi une forme de maturité. Tout ça, on regarde pour essayer d’adapter notre recrutement. Comme sur le poste de piston où on va plutôt sur quelqu’un de jeune. »
Et alors que les moyens ont été décuplés ces dernières années par le développement du club – grâce aux ventes de joueurs, mais aussi aux performances sportives -, le RC Lens ne veut pas rompre avec sa politique actuelle. « Sans vouloir faire de « trading » à tout va, on est à la fois dans de l’investissement sur du potentiel et de la performance sportive, c’est toujours un jeu d’équilibrisme, pèse le DG du club artésien. Ce n’est pas parce que vous mettez 5 millions d’euros sur quelqu’un que vous vous dites il faudra absolument faire x2, x3. On le prend parce que l’économie d’un club, c’est à la fois des revenus de classements sportifs, les qualifications européennes et une partie, de la vente d’actifs. » De quoi rappeler toute la complexité d’un mercato, qui doit mêler sportif et financier. avec une vision à court, moyen et long terme, et dont la balance est extrêmement difficile à trouver.
Arnaud Pouille : « Par rapport à certains postes ou secteurs où on va devoir bouger, on essaye de travailler encore mieux, d’avoir une vraie réflexion sur l’âge moyen et les profils au poste, par rapport à la courbe d’expérience d’un groupe et sa relation à la performance, sans avoir une réflexion financière, commerciale ». En bref, le RC Lens se trouve dans un mercato aussi compliqué à mener qu’important à réussir.
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