Omar Daf (Amiens SC) : « On n’a pas démérité mais la défaite est logique »

Aussi combatif qu’impuissant, Omar Daf a reconnu la supériorité de son adversaire après la défaite de l’Amiens SC à Lorient (3-1), ce samedi à l’occasion de la 22e journée de Ligue 2. Avec un effectif limité, le club picard n’a simplement pas tenu la distance. Entretien.

Omar, comment réagissez-vous après cette lourde défaite de l’Amiens SC à Lorient ?

On a mis en place un plan de jeu qui permet d’exploiter les opportunités avec Leautey et Mafouta en pointe pour jouer les un contre un avec leurs défenseurs centraux. On a la chance de marquer en premier, mais ils égalisent trop vite. Ensuite, même s’ils sont dominants, on tient le choc jusqu’à la 82e minute. Puis, ils font rentrer quatre joueurs qui peuvent être titulaires. De notre côté, la sortie de Corchia, que ce soit tactiquement ou au niveau de l’expérience, ça ne fait pas du bien. Ils remettent des forces dans la bataille et nous on a moins de lucidité, plus de fatigue. A partir de là, c’est difficile. On n’a pas démérité mais la défaite est logique, parce que l’adversaire est supérieur physiquement et techniquement.

Vous l’avez évoqué. Ce but rapide de Pablo Pagis est sans doute le plus gros regret que vous pouvez avoir…

Il vient vraiment trop vite, parce que l’ouverture du score nous conforte dans notre plan de jeu. On aurait aimé les faire douter un peu plus, qu’ils se livrent encore un peu plus et qu’on puisse continuer à jouer comme prévu. A partir du moment où ils égalisent, ils se remettent en condition initiale et la physionomie du match change.

De votre côté, vous aviez préparé deux plans de jeu. Vous démarrez finalement en 4-2-3-1 avant de vite basculer en 3-5-2. Est-ce dû à l’égalisation de Lorient ?

C’est parce que Rémy Vita avait pris deux trois ballons dans l’intervalle. Je me suis dit qu’il fallait tout de suite fermer. On l’avait préparé dans la semaine, dans l’optique où il fallait gérer leurs projections. C’était un plan B. On savait qu’on pouvait s’équilibrer de la sorte avec Kylian (Kaïboue), qui a déjà joué à ce poste à Bastia.

C’était le leader en face. Néanmoins, ce match ne montre-t-il pas les nouvelles limites de votre effectif ?

On l’a vu. Même en faisant beaucoup d’efforts, même en étant combatif, je pense que sur la fin du match, c’était trop déséquilibré. Je pense qu’ils n’ont pas perdu de joueurs sur ce mercato. Face à ces équipes-là, il faut avoir un peu d’avance. Je pense que sur la fin du match, il faut mener 1-0 pour espérer un résultat. C’est pour ça qu’on voulait jouer. Je leur ai demandé de tenir le ballon, j’ai mis deux attaquants. Je savais qu’il fallait marquer. Face à ces équipes-là, tu ne peux pas tenir un résultat nul sur l’ensemble du match, on l’a bien vu. Sur la durée d’un match, ils ont bien plus de forces que toi.

Quel est le degré d’inquiétude au sujet de Sébastien Corchia qui est sorti sur blessure ?

Il voulait déjà sortir à la mi-temps, il nous avait déjà prévenus. On a voulu qu’il tienne encore un peu plus, parce qu’on savait que ce serait important de l’avoir sur le début de deuxième mi-temps. Au bout de 10 minutes, il a dit stop. On ne peut pas se permettre de le perdre sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il fallait prendre cette décision. Maintenant, on va voir ce qu’il a.

Sans les rendre responsables de cette défaite, les jeunes ont logiquement montré leurs limites sur la fin de match avec des entrants fautifs…

C’est sûr, il y a de l’enthousiasme, il y a de l’envie. Ils se battent. Mais après, l’expérience, c’est avec les matchs. Ça ne s’achète pas. Sauf que là, il faut essayer de prendre les points tout en les faisant progresser.

Après cette défaite et au regard de l’état des lieux du mercato, commencez-vous à dire attention pour la suite de la saison ?

Sur ce match-là, face à Lorient, non. Parce que tu sais que cette équipe-là, elle est programmée. Elle va monter. C’est l’équipe la plus forte du championnat. Ce n’est pas sur ce genre de match que tu joues ta saison. C’est dans les semaines qui vont arriver. Ce sont les semaines à venir qui vont nous permettre de faire un réel bilan de l’effectif qu’on aura sur la deuxième partie.

Sur ce match, n’avez-vous pas été déçu par l’impact de vos leaders techniques, à savoir Rayan Lutin et Nordine Kandil ?

Je suis déçu. Je pensais qu’on allait mieux tenir le ballon. De toute façon, quand on joue ce genre d’adversaire, il ne faut pas leur redonner le ballon très vite. L’idée, c’était d’avoir une bonne maîtrise pour aussi se donner des temps d’oxygénation pour pouvoir injecter des forces dans la bataille. Sur la tenue du ballon, on l’a perdu trop vite. On bosse beaucoup là-dessus. On a travaillé là-dessus sur la vidéo, sur le terrain.

Le point positif reste le septième but de la saison d’Antoine Leautey. Il a vraiment franchi un cap…

On a eu beaucoup de discussions. Je pense que c’est un garçon qui doit tourner chaque saison avec la barre des 10. C’est-à-dire, soit il a 10 buts, soit il a 10 passes décisives ou moitié, moitié. Je pense qu’avec les qualités qu’il a, il doit tourner avec ces chiffres-là. Aujourd’hui, il faut qu’il aille chercher les 10 buts cette saison. Je pense qu’il en est capable. On va continuer à bosser avec lui. Qu’il augmente les passes décisives et qu’il continue à marquer. C’est une bonne évolution pour lui. C’est pour ça que j’ai voulu absolument le garder.

Tous propos recueillis par Romain PECHON

Crédits photo : Eddy Lemaistre/Icon Sport