Tout au long de la saison, Mathieu Dubrulle nous livre son opinion sur les performances de l’Amiens SC dans la chronique intitulée le Débrief. Cette semaine, notre confrère de France Bleu Picardie revient sur le match nul contre le Paris FC et le coup de gueule d’Omar Daf en conférence de presse.
Mathieu Dubrulle, peut-on parler d’issue aussi cruelle que logique pour l’Amiens SC après son match nul contre le Paris FC ?
L’issue est forcément cruelle. Quand on prend un but dans les dernières secondes, c’est toujours rageant. Maintenant, avec un peu de recul, il faut constater que l’Amiens SC a été ballotté de toutes parts et dominé de bout en bout par une équipe du Paris FC beaucoup plus joueuse et tranchante, supérieure dans beaucoup de compartiments. J’ai presque envie de dire qu’Amiens s’en sort très très bien avec un match nul. Aussi rageant soit-il, sur l’ensemble du match ça doit faire 2 ou 3-1 pour le Paris FC.
Il y a deux poteaux, des arrêts de Gurtner, 22 tirs concédés, 13 corners, une domination sans partage de l’adversaire. Alors oui, Amiens sait défendre, comme cette équipe le montre depuis quelques matches. Après tout, il faut aussi avoir une grosse combativité défensive pour pouvoir ne pas prendre de but et l’emporter. Maintenant, au bout d’un moment, ça finit par craquer. Et heureusement que ça ne craque qu’à la 96e minute. Si c’est plus tôt dans la partie, les chances de voir Amiens perdre ce match sont importantes. Sur l’ensemble du match, Amiens s’en sort très bien, après avoir pris une leçon de football.
Comprenez-vous le choix d’Omar Daf, qu’il a revendiqué et assumé en conférence de presse, de se contenter de défendre le 1-0 pendant quasiment toute la seconde période ?
Je le comprends dans un sens. On restait sur trois victoires 1-0, un peu dans le même registre, quand bien même j’ai vu une opposition plus relevée que lors des victoires à Dunkerque, Saint-Etienne ou contre Valenciennes et Annecy. On peut le comprendre parce que ça a marché dernièrement. On peut aussi se demander si Amiens peut faire autre chose avec cette équipe. Toutefois, cela ne m’empêche pas de m’interroger sur la possibilité d’en faire un peu plus offensivement. Sur la durée, Amiens peut-il vraiment exister uniquement sur des valeurs défensives, de solidarité, de combativité, avec à peine deux occasions par match ? On est en droit de s’interroger sur ça. En interview, quelques minutes après le match, les joueurs, eux-mêmes, nous disent : « ça sentait mauvais« , « on aurait dû continuer à pousser« ou encore quand le capitaine emblématique dit : « ça fait chier de prendre ce but, mais à force de gagner 1-0 ça devait arriver« , ça dit quelque chose.
Pourtant, l’entraîneur en question n’a pas semblé comprendre qu’on émette des doutes à propos de cette frilosité défensive. Comprenez-vous qu’il ait pris la mouche à ce sujet ?
S’il ne comprend pas nos questions, je ne comprends pas sa réaction. Je n’ai pas compris pourquoi il s’est braqué aussi rapidement. Ce n’était en aucun cas un constat d’échec. Franchement, on était tous sur le coup de la déception du but encaissé dans les derniers instants, mais ce but ne vient pas de nulle part non plus. Cela restait aussi un point de pris, un sixième match sans défaite. Il n’y avait aucune agressivité en conférence de presse, et aucune agressivité quand je lui demande s’il a le sentiment que cette égalisation leur pendait au nez. C’est grosso-modo, avec d’autres mots, ce que ces joueurs ont pu dire quelques minutes plus tard. Ce qui est curieux, c’est qu’on le sent tendu alors qu’il y a de bons résultats. Il était même tendu avant ce match contre le Paris FC.
Surtout, on est encore en droit de s’interroger sur, de match en match, la façon de jouer de cette équipe. C’est une approche pragmatique et on signe tous pour des victoires 1-0 chaque semaine. On ne dit pas que ce sont des victoires qui tombent du ciel, il faut s’arracher sur le terrain pour aller les chercher. Par contre, c’est une façon de jouer qui ne plaît à tout le monde, qui en interpelle certains. Dans un climat serein et classique de conférence de presse, on est donc en droit de lui demander s’il n’y avait pas mieux à faire sur la gestion de la fin de match. C’est simplement pour tirer les enseignements de cette rencontre. Avant même le match, Omar Daf en personne évoquait la nécessité de maintenir le degré d’exigence auprès de ses joueurs. Cela marche aussi avec lui.
Le public, les suiveurs, sont aussi en droit d’avoir un niveau d’exigence à l’égard de cette équipe, afin qu’elle soit encore plus performante. Pour s’éviter à nouveau une fin de match comme celle-ci et aller voir plus haut, Amiens a peut-être besoin d’une approche plus ambitieuse dans le jeu. Comme tout entraîneur professionnel, il a une hiérarchie au-dessus de lui, des comptes à rendre à ses employeurs, à des actionnaires, aux collectivités locales. Il fait un métier public et il peut aussi se justifier auprès d’un public qui paie sa place.
Il n’y a donc aucun souci avec Omar Daf ?
En tant qu’entraîneur de l’Amiens SC, Omar Daf représente un club, une ville, une région, beaucoup de choses. Il y a des enjeux sportifs et économiques très forts. Il a la responsabilité de cette équipe, quand bien même il est tributaire du recrutement et de l’équipe qu’on lui met entre les mains, et avec tous les enjeux que ça représente, il est, pour reprendre ses mots, en position de se justifier après un match. Tout ça dans le respect de chacun, sans la moindre attaque personnelle ou gratuite. Si le scénario se répète au prochain match, on lui posera les mêmes questions. Pour autant, il n’y a aucun problème entre Omar Daf et France Bleu Picardie ou entre Omar Daf et le 11 Amiénois. On discute simplement.
Pour preuve, on a été les premiers à saluer sa gestion de l’effectif ces dernières semaines, en parlant de bricolage permanent, de pointer du doigt le recrutement. Maintenant, sans avoir une équipe Ligue des Champions, il a quand même matière à faire peut-être autre chose que bricoler et défendre, quand bien même il a obtenu des résultats probants ces dernières semaines. Quand on voit le banc de touche samedi, il y a des joueurs avec du coffre et des références pour ne pas faire que défendre pendant une demi-heure. D’autant qu’on sait tous que gagner 1-0 avec deux occasions, ça ne peut pas marcher sur la durée. Si c’était réellement le cas, on signerait tous, on préfère voir Amiens gagner 1-0 que de perdre 4-3 dans un match ouvert. L’essentiel reste de voir Amiens gagner.
Mais ne comptez pas sur nous pour être une presse accompagnatrice, le choix fait par certains confrères. On appuie là où ça fait mal et on met en valeur ce qui doit être mis en valeur, c’est notre métier. Le but est de faire avancer les choses en étant ni supporter, ni destructeur. Nous sommes des journalistes qui suivent un club de haut niveau, avec le traitement en conséquence, le tout dans le respect des individus. Même quand les questions peuvent déranger, elles sont toujours posées avec beaucoup de respect. Une fois qu’on a dit tout ça, on est en droit d’en attendre plus dans le jeu tout en se félicitant de cette cinquième place. Sans un exceptionnel Régis Gurtner, Amiens n’aurait même pas eu l’occasion d’avoir des regrets samedi soir.
Propos recueillis par Romain PECHON
Mafouta fait le job
Caroll et kakuta existent quelques minutes par match
Leautey est carbo…
Offensivement on le sait ,on est très tres limité..alors Daf fait du Daf depuis un bon moment…il limite la casse ,et malgré tout le reste 5eme…
Soyons sérieux, on lutte avec Laval et Grenoble, allez voir leurs attaquants, pas un (à part peut être Pagis) ne serait titulaire chez nous! Là bas Chouiar, Kakuta, Leautey, Carroll c’est trop luxueux, arrêtons de faire les minus, si on marque pas c’est en grande partie du à la frilosité du système de jeu qui transforme des attaquants en lutteurs au milieu. Néanmoins on reste dans la course, je reste optimiste si on rejoue au foot, on a des gars pour le faire et faire plaisir au public.
Matthieu est parfait dans son analyse, Omar devrait avoir un discours prônant moins le jeu purement défensif. On est pas Dunkerque ou Concarneau, nos joueurs sont nombreux à avoir un joli passé L1 et il est évident qu’on peut jouer un autre foot et gagner. S’arc bouter à 1-0 et compter sur Régis et le bloc défensif, non seulement on mérite mieux (le public aussi!!) mais ça ne dure qu’un temps. Omar parle de sa belle série, et la moche d’avant serait oublié?? Un peu de remise en cause Mr Daf, dites nous aussi pourquoi cette équipe ne serait pas capable d’attaquer avec Carroll, Mafouta, Leautey, Kakuta, Chouiar, ça serait intéressant.
Omar Daf devrait clarifier les choses et venir crever l’abcès dans les locaux de France Bleu à l’occasion d’une Tribune des Sports………