Entraîneur du club d’Hautvillers-Ouville, ancien membre de la commission technique du district de la Somme et polémiste de l’émission La Tribune de France Bleu Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC. Ce lundi, focus sur la victoire contre Rodez (2-1), à l’occasion de la 7e journée de Ligue 2.
Bruno, jugez-vous cette victoire de l’Amiens SC contre Rodez pleinement méritée ?
Méritée, oui. Pleinement… C’est une satisfaction de gagner un quatrième match de suite à domicile. Si on gratte un peu, il y a des choses à revoir. Je pense au début de match dans son ensemble. On peut penser qu’Amiens va dévorer tout cru Rodez. Puis, il y a de traditionnelles imprécisions techniques ou dans le dernier geste qui permettent à Rodez de se mettre en confiance. Avant même le but, il y a cette frappe sur la barre. Il faut la retenir. Quelques minutes après, on encaisse un but sur une erreur, même si cela fait partie du jeu. Et même sans un grand début de match, il y a les opportunités pour mener. Finalement, tu te retrouves à courir après le score et le sentiment à la mi-temps est très mitigé. Sachant que le score aurait très bien pu être de 2-0 pour Rodez.
Là-dessus, il y a une réaction en seconde période, mais je me suis rapidement dit qu’il allait faire un coup de pied arrêté pour revenir dans le match. On voyait surtout des frappes de loin. Finalement, ce sont les changements qui ont permis de faire la différence. L’entrée de Sébastien Corchia a permis à Antoine Leautey de monter d’un cran et ainsi lui permettre de se projeter encore davantage aux côtés de Louis Mafouta. Ce dernier va chercher et met les deux penaltys. Ce sont deux joueurs qui restent très généreux, mais il y a souvent des mauvais choix, de mauvais contrôles, de mauvais centres ou de mauvais tirs les concernant.
Quel est votre point de vue sur les deux penaltys obtenus par Louis Mafouta ?
Heureusement qu’il a eu cette abnégation pour aller les chercher. Le premier penalty, honnêtement, je n’ai pas vu grand-chose. Maintenant, je n’avais pas vu grand-chose non plus contre Clermont sur la prétendue faute de Mohamed Jaouab. Cela s’équilibre. Il a eu le mérite d’être là, de forcer la décision. Encore fallait-il le transformer. Le deuxième penalty me paraît plus légitime, dans le sens où il y a une faute réelle. Cela permet à Louis Mafouta d’être à quatre buts. C’est une victoire qu’Amiens a eu le mérite d’aller chercher, dans un match très mal embarqué. Avec un autre arbitre, je pense notamment à Monsieur Landry qui officiait dernièrement, je ne suis pas sûr que les deux penaltys soient sifflés.
Vous avez vraiment cru que la bonne série à domicile allait s’arrêter…
Quand Amiens veut prendre le jeu à son compte en début de match, c’est laborieux et approximatif. On a vu Amiens dans la réaction et, finalement, c’est la générosité et l’engagement physique qui ont fait la différence. Pour cela, il faut féliciter le staff qui a su mettre en place ce qu’il faut pour que l’équipe ne baisse pas de rythme collectivement. A l’inverse, Rodez a commencé à s’étioler à partir de l’heure de jeu. Ils étaient sans réaction face à la révolte impulsée par Mafouta, Leautey et Corchia. J’ai été agréablement surpris par les ressources mentales et physiques dégagées sur ce match. C’est une victoire au forceps. Le sentiment général reste la satisfaction, tout en sachant que ce genre de match ne sera pas forcément toujours accompagné par le brin de réussite. Cela va-t-il durer encore tant de temps que cela ?
A l’issue de cette semaine à trois matches, avec deux victoires à la clé, êtes-vous tout de même rassuré sur la capacité de cette équipe à tenir le choc ?
Je suis très heureux de voir mon équipe gagner à domicile, même si c’est devant un maigre public. Plus Amiens gagne, moins il y a de spectateurs. Il faudra bien se demander pourquoi. Il y a bien un souci (le kop Tribune Nord Amiens s’est mis en sommeil en raison d’un conflit avec la direction, ndlr). Maintenant, il va aussi falloir qu’Amiens réussisse à prendre des points à l’extérieur. Cela ne pourra tenir comme ça toute la saison. Cette victoire contre Rodez était impérative en raison des récentes défaites à l’extérieur, du classement. N’ayant pas la faculté de prendre des points à l’extérieur, cette équipe est sous pression à chaque fois qu’elle joue à domicile, dans l’obligation de l’emporter.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport