Revenu au LOSC en toute fin de mercato estival, Matias Fernandez-Pardo suscite la curiosité. L’attaquant de 19 ans, fort d’une explosion soudaine en Belgique, compte reprendre le fil d’une histoire inachevée. Découverte.
Un départ du LOSC causé par la présidence Lopez, la Belgique comme tremplin
Qu’il est peu commun de quitter son club formateur à 15 ans pour une écurie moins huppée, puis d’y revenir quatre ans pour plus de dix millions. Il faut dire qu’à l’époque, la politique du LOSC est elle aussi peu commune. Sous la présidence de Gérard Lopez, le club lillois délaisse la formation, qui l’a mené au sommet il y a moins de dix ans, pour la post-formation et la passerelle avec Mouscron. « Je ne voyais pas de futur pour les jeunes, donc j’ai pris la décision d’aller quelque part où on faisait confiance aux jeunes et où on fait le travail pour les développer, nous assurait, d’un ton franc, Matias Fernandez-Pardo lors de sa conférence de presse de présentation. Aujourd’hui, le LOSC est redevenu le LOSC. Ça fait confiance aux jeunes, ça les fait progresser, ça les fait travailler. C’est pour cela que je suis revenu au LOSC. »
Timide devant les micros, le Belge, pensionnaire de l’académie lilloise de ses 9 à ses 15 ans, se désinhibe quelque peu quand il évoque cette période de sa carrière, qui l’a visiblement marquée. « Déjà à 14-15 ans, j’avais les idées claires, poursuit-il. Je savais qu’il fallait travailler pour y arriver. Pour moi, c’était important de se développer, donc j’ai pris moi-même la décision de partir. » Bien lui en a pris. À La Gantoise, le natif de Bruxelles, qui détient également la nationalité espagnole, trouve un cocon idéal à son éclosion. Les étapes sont franchies une à une, progressivement mais avec assurance, jusqu’à ses débuts fracassants chez les professionnels.
Après deux petites apparitions en fin de saison au printemps 2023, l’exercice 2023/2024 est celui de la révélation : 8 buts et 2 passes décisives en 16 matches de championnat, dont seulement 11 titularisations. Certains ont connu pire comme premiers mois au haut niveau. « À La Gantoise, sur les six derniers mois de la saison, il restait sur un bilan plutôt très intéressant et flatteur », notait Olivier Létang comme motif de son recrutement. Et ce n’est pas le seul.
Matias Fernandez-Pardo, une arme talentueuse…
Son profil singulier est attrayant au possible pour le LOSC. « C’est un garçon qui peut jouer sur tous les postes offensifs – neuf, neuf et demi et sur le côté – et qui a un profil différent des garçons que nous, avec des qualités de vitesse et techniques fortes », expliquait le président lillois pour introduire son nouveau joueur. « C’est un attaquant rapide avec et sans ballon, létal devant le but, capable de frapper à n’importe quel endroit du terrain », confirme Nils Sterpin, scout spécialiste du championnat belge.
Il détaille : « C’est un buteur vraiment moderne qui utilise toute la largeur du terrain, qui passe beaucoup de temps dans le demi-espace. J’ai l’impression que c’est un attaquant très hybride qui pourrait bien s’entendre avec n’importe quel autre style de buteur. Ce qui m’a impressionné quand je l’ai visionné, c’est vraiment son flair, son sens du but. Malgré son âge, il a vraiment ce placement à l’instinct qui lui permet d’être là sur les seconds ballons. Combiné à sa très bonne finition, cela rend son profil très intéressant ».
Autant dire que le Belge, déjà international U19 à dix reprises (3 buts), possède un profil complet au possible pour son âge, et déjà multi-fonctions. « Niveau polyvalence, il est considéré comme pur buteur, livre l’observateur belge. Mais il peut également briller dans un rôle un peu à la Mbappé au PSG, dans un style d’ailier gauche assez central qui touche souvent du ballon. Après, je ne sais pas ce que lui préfère. » Réponse du principal intéressé : « J’ai une préférence plutôt pour l’axe, mais je peux aussi jouer sur un côté pour aider l’équipe ».
…et des options multiples au LOSC
Autrement dit, une polyvalence bienvenue pour le LOSC, son enchaînement de matches infernal et le 3-4-3 lillois où Matias Fernandez-Pardo pourra s’exprimer dans plusieurs rôles. Promis à la rotation, au moins à court terme, il est une solution différente de Mohamed Bayo en remplacement de Jonathan David, en pointe avec « un profil différent et des qualités de vitesse qu’on avait pas forcément dans l’effectif », observait Olivier Létang. « Mais je doute un peu au vu de son physique encore un petit peu léger pour la L1 », souligne toutefois Nils Sterpin. Le néo-Dogue, lui, croit « pouvoir (s)’adapter » à cette nouvelle exigence physique.
Autre possibilité : le poste d’ailier gauche, peut-être plus adapté dans un premier temps. « Il va avoir de la concurrence peu importe le poste où il jouera, mais j’attends de lui une bonne saison en jouant 1000-1500 minutes, chiffre le scout belge. Pas forcément toujours en tant que titulaire mais en sortie de banc, par exemple, où il pourrait être intéressant. Après, Fernandez-Pardo est un joueur très hybride qui peut vraiment rentrer dans beaucoup de systèmes et totalement remplir les diverses tâches qui lui sont demandées. »
Lui est prêt à aider partout, tant il espère renouer le fil de son histoire avec le LOSC. « Le fait que je connaisse le club, l’endroit, a joué un rôle, mais c’est surtout le projet sportif. Pour un jeune comme moi, c’est le plus important, l’argent passe après », lançait-il devant les journalistes, sûr de lui. De l’argent, le club nordiste a dû en poser sur la table. 12 millions d’euros offerts pour répondre aux demandes de La Gantoise et s’aligner sur les propositions d’Hoffenheim et d’autres clubs italiens, anglais et allemands plus huppées.
« Le prix est justifié, rassure Nils Sterpin. La Gantoise n’est pas non plus un club habituellement très ouvert dans les négociations, mais son potentiel est tellement impossible à définir que si ça se trouve, il va sortir une saison à 10-15 buts. Ce n’est pas un wonderkid générationnel mais c’est déjà un très bon joueur qui, j’en suis certain, mettra au moins 5-6 buts minimum cette saison. » Autre argument, « son profil fait qu’il peut s’imposer dans n’importe quel championnat – s’il a le niveau requis pour le championnat bien évidemment », poursuit le scout. Ne reste plus qu’à suivre ses premiers pas et tenter de fixer ce potentiel impossible à définir, peut-être amené à découvrir enfin les joies d’un match en équipe première du LOSC dès vendredi, à Saint-Étienne.
Crédits photo : LOSC Médias