Auditionné ce mardi par la mission d’information du Sénat sur l’intervention des fonds d’investissement dans le football professionnel, Vincent Labrune a notamment fait un point sur l’épineux et interminable dossier des droits TV de la Ligue 1. Le président de la Ligue de football professionnel (LFP) a défendu son projet de chaîne éditée par la Ligue, tout en faisant un énième appel du pied au groupe Canal+ Explications.
Un plan B indispensable selon Labrune
Si la Ligue 2 a trouvé un diffuseur pour la saison prochaine, beIN Sports ayant consenti à verser les 40 millions demandés pour obtenir 100% des droits, la Ligue 1 se cherche toujours un point de chute pour la période 2024/2029. Et alors que l’hypothèse d’un accord avec un diffuseur classique s’amenuise de jour en jour, notamment en raison du rôle central joué par Canal+ en coulisses, la LFP avance sur son plan B : le projet d’une chaîne 100% Ligue 1 éditée et distribuée par l’instance.
Un projet aux multiples incertitudes qui ne fait clairement pas l’unanimité, avec notamment un prix élevé et un nombre d’abonnés qui apparaît assez ambitieux. Questionné sur ce sujet par les sénateurs, Vincent Labrune a défendu son projet. « Les 25 euros vus dans la presse, ce sont des hypothèses de travail et il y en a plusieurs. J’aurais pu être plus optimiste avec 2,5 millions d’abonnés et une chaîne à 20 euros par mois. Cela serait irresponsable de ne pas travailler sur l’hypothèse d’une chaîne s’il n’y a pas de diffuseur. On travaille sur plusieurs hypothèses. »
Qu’importe l’issue, la priorité de la LFP serait de trouver « un diffuseur capable de diffuser l’intégralité de la Ligue 1 ». On baisserait ainsi le prix pour l’abonné de 100%, puisqu’il paye aujourd’hui jusqu’à 60 euros », affirme Vincent Labrune. Quant aux critères sur le précédent Mediapro, qui n’avait pas réussi à trouver un modèle économique viable en lançant une chaîne ex-nihlo, le président de la LFP réfute cet argument en bloc : « On ne peut pas comparer notre projet de chaîne avec celui de Mediapro qui n’avait que 80% des matchs avec les deux plus gros chez Canal. Là c’est 100% des matches ».
Canal+ encore espéré par la Ligue
Un argument massue selon le président de la LFP qui, en dépit de son assurance, ne serait pas contre un revirement de de Canal, jusqu’ici déterminé à ne pas participé aux négociations de gré à gré. « Canal+ a un a priori très fort contre le football français. Je ne pense pas être un blocage pour Canal. J’essaie d’améliorer les choses depuis plusieurs années. J’espère que le temps de la raison arrivera », aspire Vincent Labrune. Sans quoi ce sera l’heure des vaches maigres pour le football français, plus que jamais dépendant des droits TV.
Et avant d’atteindre le cap des 2 millions d’abonnés espérés pour la chaîne 100% Ligue 1 de la Ligue, l’avenir à court terme s’annonce très incertain si le plan B devient finalement le plan A, faute d’accord avec le diffuseur historique du football français. Raison pour laquelle le fonds d’investissement CVC a oeuvré pour rétablir le dialogue avec Canal+. Preuve tout de même que la position de Vincent Labrune est plus fragilisée qu’il ne peut bien le reconnaître. Et avec lui, c’est l’ensemble du football français qui tremble.
Crédits photo : Johnny Fidelin/Icon Sport