Homme d’affaires avant tout, Joseph Oughourlian sait l’importance que revêt l’appel d’offres en cours pour les droits télévisuels de la Ligue 1. Chez nos confrères de France Bleu Nord, le président lensois a livré sa vision sur le sujet et expliqué en quoi cela impacterait profondément le RC Lens dans son développement. Et ce n’est pas négligeable. Explications.
Pourquoi les droits TV (internationaux) détermineront l’avenir du foot français ?
Lancé le 12 septembre dernier, l’appel d’offres de la LFP pour les droits télévisuels de la Ligue 1 sur la période 2024-2029 touche à sa fin. Avec une remise des offres à effectuer pour le 16 octobre, c’est tout le football français qui s’impatiente – et qui tremble, aussi – à l’idée de connaître le sort de cette opération aux conséquences immenses. Si pour nous, simples observateurs, la question première reste de savoir où, comment et pour combien nous pourrons continuer à regarder du foot français à la télé, pour les clubs, l’enjeu est tout autre : le résultat de l’appel d’offres déterminera leur avenir et leur pouvoir économique avec, en point de mire, une augmentation considérable des droits internationaux de la Ligue 1.
Aujourd’hui estimés à 70 millions d’euros – dont la majeure partie destinée aux locomotives du PSG et de l’OM -, les droits internationaux représentent la marge de progression majeure du football français. Aussi, ils « peuvent marquer la différence entre les clubs de Ligue 1 », assure Joseph Oughourlian. Et alors que « la France est très en retard » sur ce point « parce qu’on n’a pas bien vendu nos droits et qu’on les a vendu à un seul acheteur au lieu d’essayer d’aller les vendre un peu partout », le football français « peut avoir l’espoir que ses droits internationaux augmentent substantiellement sur le prochain appel d’offres et dans les prochaines années. »
Pourquoi le RC Lens est aujourd’hui à un tournant de son histoire ?
Pour le RC Lens, l’objectif est donc très clair : intégrer le haut du panier de la Ligue 1 à long terme car « tous ces montants iront aux clubs qui jouent l’Europe ». « Nous, on n’a pas un projet pour jouer la Champion’s League chaque année, recontextualise Joseph Oughourlian. Mais on veut être dans le top 8 français, être l’outsider qui vient prendre de temps en temps une place en Europe. La manne est considérable. »
Le train ne passera sans doute pas deux fois et les wagons seront très prisés, de là même à potentiellement fragmenter la Ligue 1 en deux groupes bien distincts. « On se rend bien compte qu’il va y avoir une ligue avec 8-10 clubs qui vont toucher cette manne, et le reste non, sur 18 clubs, dessine le président du RC Lens. On a envie de toucher une partie de cette manne, il faut investir. Et pour investir, il faut faire rentrer des investisseurs. » En coulisses, la machine est déjà en marche.
Enzo PAILOT
Crédits photo : Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport