Parmi les meilleures défenses du championnat (ndlr : 3e) avec 30 buts encaissés, l’Amiens SC est toujours la deuxième moins bonne attaque avec seulement 28 réalisations. Un paradoxe qui empêche les Amiénois de franchir un cap cette saison. A sept matches de la fin, et alors qu’Omar Daf ne cesse d’expérimenter, une question se pose : le déclic peut-il encore avoir lieu ?
L’Amiens SC toujours inoffensif
La saison de l’Amiens SC est décidément l’histoire d’un éternel recommencement. Après chaque série de victoires (3 en août, 3 en janvier), l’espoir d’enchaîner pour s’installer durablement dans le haut de tableau est présent. Le tout avant une série de résultats (1 victoire en 10 matches entre septembre et novembre ; 1 victoire en 9 matches entre février et aujourd’hui) qui ramène tout le monde à la réalité. Offensivement, la donne est la même. Après les cinq buts inscrits en deux matches contre Angers et Pau, la perspective d’un déclin offensif était crédible.
Sauf qu’Amiens a terminé un onzième match sans faire trembler les filets à Guingamp. Le tout alors qu’Omar Daf avait décidé de revoir sa formule, alignant seulement trois joueurs à vocation offensive dans un 4-3-3 qui s’est transformé en 4-2-3-1 – avec Kylian Kaïboue en meneur de jeu – en seconde période. De là à penser que l’entraîneur de l’Amiens SC tâtonne toujours, à un peu plus d’un mois du terme de la saison ? « Pas du tout, je sais où je vais, répond l’ancien coach de Dijon. Quand on a joué en 4-4-2, c’est parce que l’effectif l’imposait à ce moment-là. Aujourd’hui, on peut évoluer en 4-2-3-1 ou en 4-3-3. C’est flexible. Antoine (Leautey), Gaël (Kakuta) et Louis (Mafouta) ont aussi la liberté pour permuter sur le front de l’attaque. »
La quête inachevée du quatrième homme
Trois hommes qui composent le trio offensif depuis le début de saison, quand bien même Gaël Kakuta a joué par intermittences en raison des blessures. Le problème est qu’Omar Daf n’a jamais trouvé le complément idéal pour composer un quatuor et ainsi équilibrer et muscler un peu plus son secteur offensif. Après les cuisants échecs Abdoul Tapsoba et Amadou Ciss en tout début de saison, Maxime Do Couto n’a pas réussi à prendre le relais au coeur de l’hiver. Quant à Mounir Chouiar, son match raté contre Pau semble lui avoir fait perdre le peu de crédit qui était le sien après son but ayant fait basculer la rencontre à Angers.
Reste l’option Andy Carroll, tentée à son arrivée mais qui n’a jamais réellement convaincue Omar Daf, rappelant à plusieurs reprises que les résultats n’étaient pas au rendez-vous dans cette configuration. Ainsi le retour au 4-3-3 à Guingamp n’est-il finalement rien d’autre chose qu’un choix par défaut ? « Non, ce sont juste des choix, des options de jeu, affirme Omar Daf. Sur ce match, c’est ce qui s’imposait, avec un milieu à trois, sachant que Frank (Boya), Owen (Gene) et Kylian (Kaïboue) sont performants. Frank est aussi capable de se projeter. On l’a vu contre Valenciennes ou Rodez. Ils peuvent aller de l’avant.«
De l’avant, justement, l’Amiens SC n’y est pas beaucoup allé lors de la première mi-temps à Guingamp. Peinant à gérer les décrochages, en dépit de sa supériorité numérique dans le coeur du jeu, le dixième de Ligue 2 s’est même retrouvé la plupart du temps à défendre devant ou dans sa surface de réparation jusqu’à son retour au 4-2-3-1. Mais là encore, l’animation offensive laissait à désirer avec un Kylian Kaïboue utile au pressing mais sans réel impact dans la phase de construction. Et même si Antoine Leautey, Gaël Kakuta et Louis Mafouta sont des « joueurs très dangereux » selon Omar Daf, cela ne suffit définitivement pas pour franchir le cap tant espéré.
Une lacune irréversible et rédhibitoire dans la course au top 5 ? Il ne reste plus que sept matches à l’Amiens SC pour prouver le contraire.
Romain PECHON
Crédits photo : Sandra Ruhaut/Icon Sport