Tout au long de la saison, Mathieu Dubrulle nous livre son opinion sur les performances de l’Amiens SC dans la chronique intitulée le Débrief. Ce mardi notre confrère de France Bleu Picardie revient sur le mois de février finalement assez peu prolifique pour l’Amiens SC.
Mathieu Dubrulle, quel sentiment vous laisse ce match nul à Ajaccio ?
Je suis ressorti de ce match en me disant que c’était bien évidemment un bon point. C’est bien évidemment la première question que je pose à Omar Daf, en lui demandant s’il se sentait miraculé. Quand bien même il y a deux poteaux sur la même action, c’est quand même rare d’être sauvé quatre fois pour les montants sur le même match. Derrière ça, je retiens aussi une indigence offensive telle qu’on ne peut qu’être très heureux de prendre un point à Ajaccio dans ces conditions, en saluant pour une énième fois les vertus défensives de l’équipe, qui se bat, mais qui est aussi incapable de se procurer la moindre occasion.
On s’en sort bien et on ne peut pas être malheureux de prendre un point, même s’il y a le regret – une fois de plus – de ne pas avoir un peu plus de talent offensif pour faire la différence, quand Ajaccio baisse de pied en seconde période. Amiens n’a pas eu les qualités pour aller braquer ce match. A l’arrachée, sans être beau, avec cette telle étoile au-dessus il y avait peut-être même matière à aller le gagner avec un peu plus de poids offensif. Cependant, ça arrive bien après la satisfaction de ne pas avoir perdu. C’est finalement la suite logique et, sur ce coup, heureuse de la saison de l’Amiens SC.
Ce mois de février se termine sur une semaine où Amiens est passé par toutes les émotions, mais surtout sans victoire, le tout après l’ultra-réalisme du mois de janvier. Peut-on parler de retour à la normalité ?
Sur cette semaine, les regrets sont sur le match de Bordeaux et assurément pas sur celui d’Ajaccio. Sur le contenu, la logique était même que tu battes Bordeaux et que tu perdes à Ajaccio. Paradoxalement, ça aurait fait un point de plus qu’en restant invaincus. L’incapacité à punir l’adversaire contre Bordeaux et l’incapacité à être plus dangereux offensivement de manière globale font qu’Amiens piétine sur ce mois de février. On dit que les choses s’équilibrent sur une saison, elles se sont équilibrées entre janvier et février. Il fallait aller les chercher les victoires, au forceps, dans leur style si caractéristique, mais c’était parfois un peu heureux.
Là, il en manque sans doute un peu en février. Maintenant, on était les premiers à dire que ça ne pouvait pas marcher sur la durée. On tenait déjà ce discours au mois d’août et la suite de la première partie de saison nous avait donné raison. Au regard des limites et des caractéristiques de cette équipe, il n’est pas illogique de voir Amiens un peu rentrer dans le rang sur ce mois de février. Je ne suis pas complètement surpris, même si c’est rageant d’avoir pris deux fois un but dans le temps additionnel.
A vos yeux, ce sera difficile de jouer la montée ?
Il faut arrêter de croire que tu peux rivaliser avec les équipes de tête du championnat en étant la deuxième moins bonne attaque du championnat, quand bien même Amiens est toujours à trois points du top 5. On a quand même le sentiment qu’il y a des équipes mieux armées à l’approche du sprint final, pour cravacher encore plus dur. Dans le même temps, il n’y a plus que sept points sur le premier relégable. Il ne faudrait pas, comme l’an dernier, jouer avec le feu. C’est pour ça qu’un point par ci un point par là, comme celui pris à Ajaccio, c’est utile. Cela renforcera sans doute les regrets en fin de saison, car Amiens donne le sentiment d’être si loin, si proche.
Maintenant, comment rivaliser avec autant d’adversaires au top 5 avec une faiblesse offensive pareille ? Je pense qu’Amiens ne s’est pas donné tous les moyens pour jouer la montée, se contentant d’un maintien facile, qu’il faut encore aller chercher. Finalement, Amiens est aussi frileux sur le terrain que dans son recrutement. On me dit qu’on ne peut pas trouver un mec aguerri au mercato d’hiver pour marquer des buts ? Passons un coup de fil à Dunkerque qui l’a trouvé avec Gaëtan Courtet. Cela peut exister en passant quelques coups de fil en France.
Vous n’êtes pas encore totalement serein au sujet du maintien ?
A la même période l’an dernier, qui aurait pu croire qu’Amiens serait à tel point miraculé le soir du match contre Quevilly ? Il faut s’en rappeler ! On espérait que tout le monde en tire les enseignements. Il y a beaucoup d’équipes intercalées, il y a encore de la marge, mais on a vu que ça pouvait aller très vite dans le football. C’est pour ça que j’accorde beaucoup d’importance aux points pris contre le Paris FC, Bordeaux et Ajaccio, même si on peut ressentir de la déception sur certains. Il y a un coup de frein certain sur ce mois de février, mais les points comptent quand même. On n’arrête pas de dire que cette équipe est l’avant-dernière attaque du championnat, mais ce n’est pas seulement parce qu’elle manque d’efficacité.
Sur le match de Bordeaux, ce fut le cas. Mais sinon, elle peine à se créer des occasions la plupart du temps. Aujourd’hui, je suis résigné sur cet aspect, Amiens jouera comme ça jusqu’au bout, il ne faut pas s’en étonner. Il faut davantage être étonné du bon paquet d’occasions contre Bordeaux. L’événement est d’avoir vu autant d’occasions contre Bordeaux. J’attends juste que cette équipe gratte des points comme ça jusqu’au bout et qu’elle se mette le plus vite possible à l’abri. Quand on parle du match de Bordeaux, il ne faut pas – comme l’a souligné Alexis Sauvage – de rappeler que ça peut faire 0-2 au bout de cinq minutes sans un grand Régis Gurtner, que l’Amiens SC a toujours autant la chance d’avoir.
Propos recueillis par Romain PECHON