Une semaine après une large victoire contre le Red Star, l’Amiens SC s’est heurté au mur de la réalité à Bastia, en concédant sa toute première défaite de la saison (1-0), vendredi à l’occasion de la 2e journée de Ligue 1. Une rencontre qui rappelle tout le monde à ses responsabilités, à commencer par les dirigeants dont l’immobilisme sur le marché des transferts s’apparente de plus en plus à un jeu dangereux. Débrief complet de la rencontre.
L’Amiens SC risque de ne pas faire le poids
Trop tendre offensivement, imprécis techniquement et sans véritable solution crédible en sortie de banc, l’Amiens SC a fait face à ses limites contre une équipe de Bastia déterminée et accrocheuse à défaut d’être fantastique. Et si ce match restera sans doute plombé par une erreur d’arbitrage au départ de l’action amenant le but de Christophe Vincent, cela ne doit pas masquer les manquements de la (trop) jeune formation d’Omar Daf. Face à une équipe qui disposait de deux jours de récupération en moins, Amiens a mis 30 minutes pour commencer à répondre à l’intensité proposée par les Corses.
Avant ça, l’incapacité à ressortir proprement le ballon face à un pressing haut et constant fut criante. Par la suite, le manque de créativité dans l’entrejeu et le déficit de percussion sur les côtés n’a pas permis de faire suffisamment reculer un adversaire qui commençait à montrer quelques signes de fatigue. En y ajoutant un manque d’efficacité sur les quelques opportunités créées, on obtient un match trop moyen pour espérer ramener quelque chose de ce premier déplacement de la saison.
Régis Gurtner surnage en Corse
Comme souvent quand l’Amiens SC déçoit, les supporters se reportent sur le plus fiable de tous : Régis Gurtner. Sans lui, qui n’a rien à se reprocher sur le but encaissé, Amiens serait sans doute reparti de Corse avec une plus lourde défaite. Son arrêt réflexe devant Loïc Etoga, pour empêcher Bastia de doubler la mise et ainsi maintenir le suspense, s’avère assez exceptionnel. L’Alsacien s’est également montré très rassurant dans le domaine aérien. De quoi convaincre 49% de nos lecteurs de l’élire joueur du match pour la toute première fois de la saison. Il devance très largement Frank Boya, crédité de 16% des suffrages, et Sébastien Corchia, avec 6% des voix.
Le palmarès de la saison :
- Osaze Urhoghide : J1-Red Star
- Régis Gurtner : J2-Bastia
Omar Daf pointe le doigt sur le manque d’expérience
« Notre effectif est très jeune. Quand on sort un ou deux joueurs, on manque de maturité. On sait que le onze qui démarre a du mal à tenir ce rythme sur l’ensemble du match. Sur la fin de rencontre, on joue mal les coups, les touches, les coups francs qu’on doit mettre dans des zones pour les mettre en difficulté, on rejoue vers l’arrière. Les jeunes sont dans l’effectif aujourd’hui et doivent prendre le relais à ce moment-là. On va continuer à travailler, parce que ce sera notre équipe cette saison. Je ferai avec l’équipe à ma disposition, les manques on les connaît, les besoins ont été identifiés. Maintenant, ce n’est plus de mon ressort. C’est une décision du club. Si on décide de partir avec cet objectif, je vais essayer de tirer le maximum pour atteindre l’objectif. »
Le décryptage de Bruno Paris
Entraîneur du club d’Hautvillers-Ouville et polémiste de l’émission La Tribune de France Bleu Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC tout au long de la saison.
« L’Amiens SC n’a pas fait face à ses limites, mais plutôt face à ses lacunes contre Bastia. On ne peut pas encore parler de limites, on les montre toujours un jour ou l’autre mais après deux journées et une victoire 3-0 sur le premier match. Par contre, on a vu des lacunes techniques, individuelles et d’animation collective. Les limites, on les connaît tous, ce sont celles de l’année dernière et un peu plus encore avec les choix de la direction. Aujourd’hui, Amiens est comme une chaise à laquelle il manquerait un pied. Omar Daf a de quoi être déjà désabusé. On a l’impression qu’il y a deux mondes parallèles et irréconciliables qui s’affrontent.
D’un côté, on a les dirigeants, qui ne pensent qu’à l’impératif économique. De l’autre, on a le terrain, le staff technique qui est bien conscient des manquements. Pendant ce temps, le responsable du recrutement va faire du bénévolat à Bordeaux sur son temps libre. Quel club professionnel peut accepter une situation pareille ? Avec ce qu’il coûte au club, pas pécuniairement parlant, mais au niveau de l’empêchement de recruter des joueurs valables. Aujourd’hui, Amiens se retrouve avec des joueurs impossibles à vendre, même dans des divisions lamentables. Tout ça coûte de l’argent et même beaucoup pour certains. Le président ne veut pas mettre un peu d’argent sur la table aujourd’hui ? Avec cette équipe, ça lui coûtera sans doute plus cher encore en fin de saison. C’est un très mauvais calcul. »
Le chiffre : 59
C’est le pourcentage de passes réussies par l’Amiens SC dans le dernier tiers du terrain, contre 72% pour Bastia. Sur l’ensemble du terrain, la donnée statistique n’est guère plus positive pour le club picard qui a réussi 69% de ses passes tentées (190/277). Là encore, Bastia fait bien mieux avec 81% de passes réussies. De quoi mesurer l’ampleur du déficit technique sur ce match.
Romain PECHON
Crédits photo : Kevin Guizol/Icon Sport
Ok avec Bruno Paris sur la fin de son propos et je me demande comment des chef d’entreprise comme Bernard J. et Christophe D. peuvent à ce point oublier que dépenser (intelligemment) c’est aussi investir. Qu’on cesse les paris à la noix sur des jeunes surestimés venus de Suède ou de la Primavera de la Juventus c’est une bonne chose. Mais qu’on soit totalement absent quand des top joueurs club sont libres et sur le marché, je ne l’explique pas. Nos 13 joueurs de bons niveaux complétés par Bradley Danger (finalement parti au Red Star), Amine Boutrah (Bastia) et Jeremy Livolant (ex Bordeaux), tous libres de tout contrat cet été, non seulement on se maintient, mais peut être bien qu’on fait 100 fois mieux!