Grand gagnant de l’opération dégraissage de l’effectif de l’Amiens SC, Rayan Lutin est un titulaire régulier depuis le début de saison. Si le néo-international comorien savoure tout ce qu’il lui arrive, il sait aussi que le plus dur commence, avec notamment la nécessite de confirmer pour s’affirmer au plus haut niveau. Entretien.
Rayan Lutin, comment vous sentez-vous en ce début de saison ?
Je suis dans une bonne période. On va dire que c’est le début de ma carrière professionnelle, cela a toujours été un rêve depuis tout petit. Maintenant, je garde les pieds sur terre et je continue à travailler.
Au-delà de vos débuts professionnels, il y a aussi eu les premiers pas en sélection. Comment vivez-vous tout cela ?
Cela fait plaisir. C’est ce que j’ai toujours voulu, maintenant je veux continuer. Rien n’est acquis, je continue à travailler pour garder ma place et aider l’équipe à chaque match. Le plus dur n’est pas d’y arriver, c’est d’y rester. Une fois que tu y es, d’autres joueurs poussent derrière toi. Il faut performer chaque week-end, à chaque match.
Quel regard portez-vous sur votre niveau de performance ?
Je pense que je peux faire beaucoup mieux. Je dois encore travailler sur plein de choses. Avec le travail, je vais devenir un meilleur joueur et faire encore de meilleures choses. Je dois prendre encore plus de risques, ne pas hésiter à frapper. Je cherche souvent la passe décisive, alors que je peux frapper. J’ai une bonne frappe et je ne m’en sers pas aussi. Il faut aussi que je continue à être dans les bonnes zones, entre les lignes. Mes prises de balles doivent me permettre d’aller vite vers l’avant. Il faut que je continue sur la lancée de mes deux derniers matches. J’ai commencé à le faire, mais ce n’est pas encore assez. Je dois encore plus me projeter, jouer en première intention, frapper. J’aime bien me balader entre les lignes, j’ai une bonne capacité à me placer. Je pense que ça marche plutôt bien actuellement.
L’an passé, il a fallu se battre pour intégrer le groupe professionnel. Racontez-nous comme cela s’est déroulé…
J’avais du travail en plus avec le préparateur athlétique. J’ai beaucoup travaillé en salle pour me muscler, et sur le terrain avec des élastiques et des poids pour mon explosivité. Je continue de le faire et je pense que je suis davantage prêt que l’année dernière. Je pense que le coach me fait confiance pour toutes ces raisons.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile lors de vos premiers pas en Ligue 2 ?
Il y a beaucoup plus de rythme que chez les jeunes. Il faut être très juste techniquement. Dès qu’on rate un petit contrôle, une passe, ça paye cash. Au niveau du placement et tactiquement, c’est autre chose. C’est complètement différent de ce que j’avais connu jusqu’ici. Je ne suis pas quelqu’un qui aime dégager les ballons au hasard, mais il y a des zones où je dois le faire. Il faut que je prenne de l’expérience par rapport à ça, je dois m’obliger à le faire.
Vous avez été formé plus bas sur le terrain. Quel était votre rôle précisément ?
Quand je suis arrivé à Auxerre en U19, je jouais en numéro 6 pour ressortir proprement les ballons, faire le jeu. Je n’avais pas vraiment comme rôle de récupérer les ballons, j’étais plus là pour organiser le jeu. Mon rôle actuel n’est pas totalement une découverte. J’ai joué à beaucoup de postes durant ma formation, que ce soit 6, 8 ou 10. Je pense que ça m’a aidé à avoir plusieurs cordes à mon arc. J’ai aussi fait du futsal, ça m’a beaucoup aidé. Ça demande beaucoup technique, tactiquement c’est très exigeant aussi.
Vous êtes un joueur de petite taille (1m67, ndlr). Avez-vous le sentiment que cela vous a porté préjudice pour percer chez les professionnels ?
Il y a eu beaucoup de blocages par rapport à mon physique, les clubs avaient une appréhension. Ils se demandaient si j’allais réussir en professionnel, dans le monde séniors. Aujourd’hui, j’essaie de leur prouver que j’avais tort. Surtout, je remercie le club d’Amiens de me faire confiance.
Ce genre de chose renforce-t-il le caractère, avec une farouche envie d’y arriver ?
Pas tant que ça. Je ne suis pas quelqu’un de rancunier. Je suis plutôt quelqu’un qui travaille pour moi. Je redonne la confiance à ceux qui me l’accordent. Je ne suis pas du genre revanchard par rapport aux clubs qui n’ont pas voulu de moi.
Omar Daf encourage Rayan Lutin à ne rien lâcher : « La saison dernière, ça a été difficile pour lui. Il a fallu le renvoyer en réserve, travailler en post-formation, faire de la musculation pour qu’il puisse résister au niveau de l’impact. C’est un garçon avec lequel nous avons beaucoup travaillé, afin qu’il puisse s’exprimer. Son début de saison, c’est bien. Il faut désormais garder de l’exigence, c’est le mot d’ordre. Il faut travailler et garder de l’humilité, ce n’est que le début. Il a mis plus d’un an à intégrer l’équipe et à enchaîner. A lui d’aller encore plus haut et confirmer. Il est l’exemple du travail effectué et de la patience qu’il faut avoir avec ces jeunes joueurs. »
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Hugo Pfeiffer/Icon Sport