Sur une pente descendante depuis plusieurs saisons, l’AC Amiens a procédé à une grosse révolution pour tenter de trouver son second souffle. Toujours à la barre, Azouz Hamdane sait qu’il faudra du temps à sa jeune équipe pour être pleinement compétitive. Entretien avant la reprise à domicile, dimanche contre Marpent.
Azouz Hamdane, dans quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle saison ?
Un peu dans l’inconnu, forcément. Le groupe a été tellement renouvelé… Il y a tellement de nouveaux paramètres que je ne peux qu’être dans l’inconnu, avec un nouveau championnat, un effectif quasiment renouvelé à 80%. Pour autant, la préparation s’est très bien passée, avec de très jeunes joueurs que j’ai découvert et que j’apprends encore à découvrir. On n’a pas fait beaucoup de matches de préparation, parce que j’avais besoin d’avoir les joueurs surtout à l’entraînement. Il y avait beaucoup de choses à avoir. Je suis dans l’inconnu, mais plutôt agréablement surpris par l’état d’esprit du groupe. C’est un groupe à l’écoute, les jeunes joueurs donnent le sentiment d’avoir envie d’apprendre, ce qui me motive bien. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, ça demande à être confirmé. Mon boulot est de les mettre en garde, après les décisions leur appartiennent.
C’est un vrai nouveau départ pour l’AC Amiens…
Totalement. On n’a pas vraiment eu le choix, ce n’était pas forcément un départ souhaité, c’est contraint par notre manque de résultats et notre non-faculté à peut-être se remettre un peu en cause. C’est une toute autre approche de l’entraînement aussi pour moi, je sors un peu de ma zone de confort et d’une situation dans laquelle je ne me complaisais plus vraiment. C’est totalement différent. J’ai presque rebasculé dans l’aspect formation, sachant qu’il faudra aussi avoir l’aspect compétition si on ne veut pas être sanctionné. En tout cas, les deux-trois mois qui arrivent votre être axés sur cet aspect de formation.
C’est pour cette raison que vous avez travaillé avec un groupe très élargi durant la préparation ?
Forcément, oui, sachant qu’on n’avait pas encore toutes nos recrues non plus. J’ai aussi eu pour habitude d’avoir des joueurs qui concernaient quasi tout leur temps au football. Là, on a des joueurs qui sont partis en vacances en plein milieu de la préparation et qui reviennent ensuite. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas vécu ça, ça remonte à mes débuts en tant qu’entraîneur. On a donc bien fait de travailler avec un groupe élargi. D’ici une semaine ou deux, on va commencer à scinder les groupes en deux, parce qu’on commence à être un peu nombreux aux entraînements. En attendant, ça m’a permis de ne pas passer à côté de certains joueurs. Cela va demander du tout pour être consolidé en Régional 1. Clairement, on ne va pas être prêt tout de suite, il ne faut pas rêver et j’en suis conscient. Je mets mon exigence en place et ça va désormais dépendre d’eux.
Vous démarrez donc la saison sans la totalité de votre effectif ?
Normalement, on a deux ou trois recrues qui doivent arriver, mais qui ont un problème de visa. Pour l’instant, je fais avec ceux qui sont là, je ne peux pas préparer mon équipe avec des incertitudes, des postes qui ne sont pas pourvus. On a plutôt une bonne première équipe, qui ne sera pas forcément super compétitive, mais qui peut faire quelques surprises. Il faudra tout de même ajouter quatre ou cinq joueurs supplémentaires pour consolider tout ça. L’idée est d’avoir 16 joueurs pour faire la saison.
Sur cette base, on peut donc s’avancer en disant que votre objectif premier est de se maintenir ?
Aujourd’hui, on n’est pas armé pour jouer la montée. Mon objectif premier reste de bien préparer les joueurs. On commence à la maison et ce serait vraiment bien de valider le travail effectué par une victoire, ça permettrait aussi de travailler dans de meilleures conditions. Ensuite, il faudra deux-trois mois pour vraiment savoir ce qu’on pourra faire dans ce championnat. Il faut déjà penser à amortir la descente.
Vous évoluez dans un groupe majoritairement composé d’équipes du Nord. On peut dire que c’est une contrainte supplémentaire pour l’AC Amiens…
Clairement, oui. En même temps, c’est plutôt bien. Dans l’époque dans laquelle on vit, je n’aime plus les derbys. C’est devenu trop malsain. C’est tant mieux qu’on évite tout ça. S’il faut aller à 130 kilomètres pour éviter ce genre de chose, on le fera sans aucun problème.
Qu’est-ce qui vous a dérangé sur les derniers derbys disputés ?
Plein de choses. Tout ça n’est pas très sain. Je veux simplement entraîner tranquillement, sans que personne vienne nous faire chier (sic). Avec le peu de moyens donnés, on a quand même réussi à faire des choses extraordinaires. On va essayer de continuer à le faire, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus. Tant que l’envie est là, c’est tant mieux. Je demande juste qu’on nous laisse un peu tranquille. On est en R1 mais ce n’est pas grave, cela reste un bon championnat où on peut encore prendre du plaisir. On verra jusqu’où on va comme ça.
Comment vous-êtes vous réorganisé suite aux nombreux départs au sein de votre staff ?
Karim (Hamdane) a travaillé avec moi pendant la préparation, puis il va retrouver son groupe quand on aura scindé tout ça en deux. Après l’idée est de finaliser l’arrivée d’un préparateur athlétique qui fera office d’adjoint. Maintenant, je ne m’inquiète pas. Depuis 20 ans, j’ai travaillé avec plusieurs adjoints et préparateurs. Des gens fidèles au club, de la vraie fidélité, il n’y en a pas beaucoup. Les autres gens naviguent, c’est normal, c’est comme ça, sachant qu’ils ont joué le jeu. On a tous été en échec ensemble, on repart sur des projets différents. C’est la vie du sport.
Votre principale mission cette saison sera de recréer une dynamique autour du club ?
Il faut déjà retrouver du plaisir, une ambiance où tout le monde est content de venir à l’entraînement, d’être ensemble. Ensuite, il faut créer une dynamique, oui. Il y a des clubs à la mode, c’est comme ça. On a été à la mode pendant longtemps et on est encore beaucoup sollicité. Les gens croient encore un petit peu en nous. D’autres sont dans une dynamique plus positive, plus montante que la nôtre. C’est surtout eux qui attirent les regards, mais ce sont des cycles. L’important est de continuer dans la durée. On a fait 17 ans en championnat de France et je souhaite aux clubs à la mode d’en faire autant.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
AC AMIENS – MARPENT
1ère journée de Régional 1
Dimanche 10 septembre, 15 heures
Stade Jean Bouin, Amiens