Fort d’un groupe renforcé par les nombreux retours de blessure des dernières semaines, mais incapable de satisfaire tout le monde avec un calendrier dorénavant limité à un match par semaine, Bruno Genesio doit désormais effectuer des choix forts et écarter d’anciens titulaires comme Angel Gomes et Rémy Cabella. Une gestion parfois délicate et expliquée par l’entraîneur du LOSC.
Bruno, le fait d’avoir retrouvé des semaines à un match change-t-il beaucoup de choses dans votre travail ?
« Oui, forcément. Lorsqu’on a une semaine complète, c’est plus simple pour préparer des choses par rapport au match (du week-end), ça permet aussi de donner quelques temps de repos aux joueurs. Pas tant sur l’aspect athlétique, parce qu’ils sont prêts, mais plutôt sur l’aspect mental. Je pense qu’avoir une journée ou deux de repos, de ne pas venir ici à Luchin, de ne pas voir le coach, de ne pas voir le staff, ça fait du bien aussi (sourire). C’est important puisqu’on a enchaîné énormément de matches. Ce sont des semaines qui sont plus simples pour préparer les matches. Maintenant, on aime aussi jouer tous les trois jours, car ça veut dire que vous jouez la Coupe d’Europe, que vous vivez les émotions qu’on a pu vivre et que vous êtes dans les objectifs.
Comment avez-vous adapté votre gestion du groupe entre une première partie de saison copieuse et marquée par les blessures, et une seconde moins chargée avec un groupe quasiment au complet ? Quelles sont les clés pour garder tout votre groupe concerné ?
J’allais vous dire que c’était plus simple lorsqu’on jouait tous les trois jours. Mais, surtout, on a un effectif qui est un peu déséquilibré à certains postes. Aujourd’hui, on a un secteur de jeu où on a énormément de joueurs : le milieu de terrain. Ce n’est pas facile pour nous parce qu’on a beaucoup de bons joueurs dans ce secteur, en plus. Mais malheureusement, on ne peut jouer qu’à trois ou quatre milieux grand maximum. Il y a des choix à faire, des joueurs qui sont moins concernés. Comment on fait ? J’ai envie de dire qu’il faut garder le plus possible le lien avec eux. Mais ne pas jouer est la pire chose qui peut arriver à un joueur. Parfois, les discours et les paroles ne sont pas forcément les bienvenus parce que vous n’avez qu’une chose en tête : vous ne jouez pas le week-end et c’est ce qui est le plus difficile dans une carrière de joueur.
Quel que soit le statut du joueur, les résultats de fin de saison vont impacter sur l’avenir personnel de tout le monde.
J’essaie d’entretenir ce lien et d’être le plus juste possible. Même si, forcément, lorsque vous êtes joueur, vous considérez que ne pas jouer est une injustice. Mais j’ai été, je sais ce que c’est, je sais toutes les émotions qui peuvent passer dans la tête d’un joueur qui n’est pas retenu, qui ne joue pas, qui ne rentre pas ou qui rentre peu. Cela fait partie de notre job et le plus important, c’est de garder l’objectif commun. Comme je le dis souvent, quel que soit le statut du joueur, les résultats de fin de saison vont impacter sur l’avenir personnel de tout le monde. Si vous êtes dans un club qui réalise une très bonne saison, même si vous avez moins joué, c’est toujours mieux que d’être dans un club qui descend ou joue le maintien. Tout le monde sera récompensé à la fin de saison. C’est facile à dire, mais c’est plus difficile à entendre parfois.
Rémy Cabella, passé de titulaire face à Dortmund à écarté contre Toulouse, est un bon exemple. Comment expliquer cette “chute” dans la hiérarchie ? Sa frustration est-elle encore plus importante ?
Il est absent, mais il n’est pas éliminé. Il reste encore cinq matches, tout le monde a une ouverture. J’ai des joueurs qui sont revenus de blessures, certains ont aussi montré des choses. Il y a 20 joueurs sur la feuille de match, on est aujourd’hui 23 joueurs de champ à l’entraînement. Je peux ne pas mettre 23 joueurs sur la feuille donc forcément, il y a des choix que je fais en fonction de ce que je vois, des matches, de l’adversaire, de la dynamique du moment et de ce que j’ai envie de faire d’un match ou à un autre. Rémy n’est pas éliminé, je le vois régulièrement, il fait partie des joueurs avec qui je parlais tout à l’heure, de ceux avec qui je discute régulièrement. En plus, c’est un garçon expérimenté qui a été international. On est sans cesse en discussion sur tout ça, il n’y a aucun problème. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Anthony Dibon/Icon Sport
