« L’Amiens SC m’a mis des bâtons dans les roues », Abdourahmane Barry sort du silence sur sa situation

Écarté par la direction depuis l’été 2023, Abdourahmane Barry poursuit son passage à l’Amiens SC dans l’anonymat en Régional 1, avec l’équipe réserve. En fin de contrat en juin prochain et en quête d’un nouveau départ, le défenseur de 25 ans a donné de ses nouvelles et pris pour cible la gestion du club picard.

Abdourahmane Barry n’a pas lâché malgré sa situation

Que devient Abdourahmane Barry ? Hormis pour les intimes du club et du joueur, difficile de répondre à cette question. Écarté durant la préparation estivale de la saison 2023-2024 par la direction, désireuse de vendre son joueur après seulement une année au club, le Guinéen évolue depuis avec l’équipe réserve, en Régional 1. « Ça reste du foot, glisse le principal intéressé, interrogé par nos confrères d’Ici Picardie. À partir du moment où tu te donnes à fond, que ce soit en Régional, chez les pros, en Ligue 1… Celui qui se donne à fond et qui a la volonté, ça marchera toujours pour lui. »

Selon ses dires, Abdourahmane Barry n’a pas changé d’approche. Toujours déterminé à retrouver le haut, il « ne lâchera pas, c’est sûr ». Et s’il n’est plus apparu sur un terrain de Ligue 2 depuis plus de deux ans, le défenseur de 25 ans, qui émarge à 20 000 euros mensuels pour être mis à disposition de la réserve, goûte toujours au monde professionnel en semaine : « Je m’entraîne avec le groupe en début de semaine. En fin de semaine, ils disent qu’ils ont le droit que je quitte le groupe pour aller avec l’équipe réserve. Ce n’est pas un problème avec le coach, tout se passe très bien avec lui. »

Mais quel est le souci, alors ? « Ce n’est pas facile, je ne connais même pas la source du problème, déplore-t-il. C’est peut-être un problème entre mon ancien agent et le président et John Williams. On m’a reproché des choses qui étaient fausses. On m’a fait de la diffamation, j’ai su répondre. C’est compliqué, je sais que beaucoup auraient craqué à ma place. J’ai mes valeurs, mes principes, ma famille. Quand tu sais que tu n’as rien fait, ça ne peut que donner de la force pour la suite, même si ça va être compliqué. »

Des reproches de part et d’autre et un conflit de plus en plus larvé

Selon nos indiscrétions, la direction, notamment par la voix de John Williams, s’est d’abord excusée auprès du joueur de son traitement, avec des départs prévus qui n’ont finalement pas eu lieu, une concurrence accrue, une pression démesurée sur ses performances et, in fine, une mise à l’écart sur décision de Bernard Joannin. La situation a pourtant rapidement dégénéré entre les deux parties, le joueur reprochant au board un manque de respect et de clarté sur sa mise à l’écart, tandis que la direction a peu à peu vu en lui un possible poison pour le groupe, lui reprochant son ego, une posture de victime et des retards à l’entraînement avec l’équipe première… sans que le joueur ne sache vraiment s’il devait s’entraîner avec les pros ou la réserve. Au point de mettre sur la table une mise à l’écart du vestiaire professionnel, quand bien même l’ancien du PSG assurait ne gangréner personne et ne poser aucun problème.

« Finalement, tout le monde est perdant, et eux plus que moi, estime aujourd’hui Abdourahmane Barry, à qui l’on a rapidement évoqué la perspective de ne pas jouer avec les professionnels deux années durant. Moi, je suis un joueur, je peux trouver un club n’importe où tout le monde. Pour eux, c’est une perte financière. À la base, l’objectif était que je fasse quelques mois (à Amiens) et qu’ils me revendent derrière. » Dès le premier entretien post-mise à l’écart, John Williams, toujours très attaché à sa politique de trading, a évoqué auprès du joueur lui-même le butin de « quatre ou cinq millions d’euros » qu’aurait pu représenter sa vente.

« J’ai essayé de trouver un autre club, j’ai eu des propositions, raconte l’international guinéen, qui a paradoxalement décroché sa première et unique sélection en octobre 2023, quelques semaines après sa mise à l’écart. Ça a été bloqué au-dessus par rapport au salaire alors que même à Amiens, on m’a demandé de réduire mon salaire pour que je puisse réintégrer l’équipe. J’étais prêt à le faire à une condition : que ce soit écrit sur papier, mais on m’a dit que c’était impossible. » Désormais résigné à l’idée de retrouver le monde professionnel à Amiens, celui qui est en fin de contrat en juin prochain « espère » que « l’avenir se dessine ailleurs » et annonce être « sur le marché pour le mercato ».

« C’est compliqué parce que quand ça fait deux ans que tu n’as pas joué, que les clubs se posent la question et que tu leur réponds que tu n’étais pas blessé, ils ont peur de prendre ce risque, poursuit-il. J’en veux à Amiens qui m’a mis des bâtons dans les roues pour la suite. Mon futur, je ne le connais pas. Je ne sais pas ce qui va se passer dans deux mois. Un sentiment de gâchis ? C’est exactement ça. Ça me met en colère contre John Williams, qui m’a fait venir, et le président, avec qui je n’ai jamais eu d’échange malgré mes demandes. On me met de côté sans que je sache la raison. J’ai changé d’agent pour, peut-être, atténuer les problèmes, mais ça n’a rien changé. » Que toutes les parties se rassurent : elles voient la lumière au bout du tunnel de cette regrettable et rocambolesque situation.

Enzo PAILOT, avec Romain PECHON

Crédits photo : Loic Baratoux/FEP/Icon Sport