Dix-septième avec seulement un point pris en quatre matches, le RC Lens vit un début de saison aux antipodes de ses standards depuis son retour en Ligue 1. Au-delà même des résultats, le club artésien affiche des failles nouvelles, notamment au niveau de l’état d’esprit. Un changement brutal qui a de quoi surprendre. Décryptage.
Un calendrier XXL
Exception faite de Brest, qui en plus démontre sa capacité à être un vrai poil à gratter depuis le début de saison, le calendrier du RC Lens avait de quoi faire peur avec un enchaînement Rennes (à domicile), PSG (à l’extérieur) et Monaco (à l’extérieur) de tous les dangers. Résultat des courses, la formation de Franck Haise n’a pris qu’un point sur ces trois matches. Et il est vrai que le PSG version Luis Enrique est plutôt convaincant et que l’AS Monaco – leader avec déjà treize buts inscrits – fait quasiment tout tomber sur son passage, exception faite du FC Nantes (3-3), le manque de résistance des Sang et Or dans ce genre de match a de quoi faire tiquer.
Contre Rennes, le pire a même été évité en fin de match, où Brice Samba a réalisé des arrêts réflexes pour préserver le point du nul. Contre le PSG, le RC Lens a à peine tenu une mi-temps avant de s’écrouler au retour des vestiaires. A Monaco, le match était plié après seulement 36 minutes de jeu. Pour autant, le pire reste cette participation assez incompréhensible à Brest. Après quarante très bonnes premières minutes, dans la lignée des prestations de la saison dernière, les Lensois ne sont jamais remis d’un fait de jeu défavorable, le penalty concédé bien involontaire par Jonathan Gradit. Ainsi, quand bien même le calendrier était difficile, Lens avait matière a faire mieux sur ce premier mois de compétition.
Une page difficile à tourner ?
Le problème est que le RC Lens n’a visiblement pas tourné la page de son incroyable saison 2022/2023. « Je le pense sincèrement. On est resté un peu sur tout ce qui allait très bien. Et à un moment donné des choses nous rattrapent, constatait Franck Haise avant même la déroute de son équipe à Monaco, samedi dernier. J’espérais que ça ait été fait, j’avais quelques inquiétudes. J’avais beaucoup rabâché ça et inconsciemment c’est là, même si les garçons veulent faire. Mais le haut niveau c’est tout faire en même temps, les uns pour les autres, les uns avec les autres, faire équipe, martèle l’entraîneur lensois. Et on est obligé de constater que, pour le moment, il en manque. »
Exhortant ses joueurs à ne pas « regretter ceux que les autres (ndlr : les joueurs partis) pouvaient apporter« , Franck Haise en a rajouté une couche samedi soir en évoquant notamment le douloureuse période post-Fofana et Openda. « Si les joueurs attendent qu’ils soient là contre Metz (ndlr : le prochain match du RC Lens), ils vont attendre longtemps, assène l’entraîneur des Sang et Or. Chacun doit prendre ses responsabilités. Il y a assez de cadres, de joueurs capables de bien faire. C’est une autre histoire, avec une page qui commence très difficilement, mais une autre histoire et il faut l’écrire. »
Des recrues encore très timides
Pour y parvenir, le RC Lens aura sans doute besoin de sang frais, après trois saisons historiques mais également éprouvantes pour tout un groupe, qui a sans doute été au bout de lui-même. Et sans parler de fin de cycle ou même de sentiment d’usure, premièrement parce que cela serait trop prématuré et surtout parce que les dirigeants lensois ont progressivement renouvelé les forces en présence, certains joueurs doivent réussir à s’affirmer pour prendre les places laissées vacantes, mais aussi et surtout tirer le collectif vers le haut.
Or, le recrutement estival peine pour le moment à porter ses fruits. Successeur désigné de Seko Fofana, Andy Diouf a encore besoin de temps pour s’affirmer et trouver sa place dans le système de jeu de Franck Haise. Arrivé courant août, Elye Wahi vient tout juste d’honorer sa première titularisation, une semaine après une entrée en jeu pleine de promesses contre le PSG. Reste l’énigme Stijn Spierings, dont la performance et l’attitude contre Monaco laissent présager un possible début de malaise.
Et ce n’est pas un hasard si le RC Lens s’est montré très actif dans la dernière ligne droite du mercato avec les arrivées de Ruben Aguilar, Faitout Maouassa et de Nampalys Mendy. Si l’idée était d’apporter un peu de profondeur au groupe en prévision du début de la Ligue des Champions en septembre, le RC Lens a également mis en avant « l’expérience« , le « leadership » « la soif de s’investir dans un collectif » ou encore le côté « travailleur » de ses derniers renforts. Le tout alors que les premières recrues semblent avoir du mal à se fondre dans le groupe déjà existant mais qui a sans doute perdu en leadership avec la perte de son capitaine Seko Fofana.
Un collectif aux abois
« Il y a de nouveaux joueurs à intégrer et il y a la nécessite de construire un collectif« , concédait Kévin Danso la semaine dernière. En attendant, cela se retranscrit sur le terrain où le RC Lens n’affiche plus la même unité que par le passé. « C’est un collectif qui est aux abois, lâche Franck Haise. On est obligé d’être inquiet parce qu’on est loin de ce qu’on est en mesure d’attendre ou alors ça arrive bien trop tard dans les matches. Notre agressivité, qui est une bonne agressivité en général, notre capacité à avoir de l’impact sur le match, à se créer des occasions plus nombreuses aussi, on est loin de tout ça. On a pris dix buts en quatre matches et ce ne serait pas être lucide de ne pas être inquiet.«
Et si rien n’est encore définitif et encore moins rédhibitoire, le RC Lens va devoir rapidement trouver les solutions pour remonter la pente, sous peine que le rêve européen ne se transforme en véritable cauchemar. Prochaine étape, la réception déjà fondamentale du FC Metz, le 16 septembre prochain, pour le vrai point de départ de la saison lensoise ?
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