Dans une interview accordée à Ouest-France, Yann M’Vila, né à Amiens, s’est exprimé, sans langue de bois, sur sa santé mentale et sa descente aux enfers sur le plan psychologique.
“En deux mois, j’avais le million. Mais j’étais dans ma chambre, à faire une dépression”
Né dans un foyer difficile, le jeune M’Vila trouve comme exutoire le football. Repéré sur un parking de cirque à Amiens à 9 ans, Yann M’Vila est formé de 1999 à 2004 à l’Amiens SC. Il continue sa formation du côté du Stade Rennais où il est considéré comme un crack du football mondial. Le milieu de terrain connaît rapidement sa première sélection en équipe de France. Mais très vite les erreurs de jeunesse, comme la fameuse sortie entre le Havre et Paris appelée l’affaire M’Vila, vont mettre un frein à sa progression.
Alors que le FC Barcelone et Arsenal sont sur le dossier en 2013, il décide de signer au Rubin Kazan. Mais très vite en Russie, L’Amiénois connaît deux prêts non concluants lors de cette période, d’abord à l’Inter Milan puis Sunderland. A son retour en Russie, une nouvelle problématique s’ajoute à l’équation, la dépression. Il a beau gagner de l’argent en quantité, les choses ne tournent pas rond : “À ce moment-là, je touche 500 000 € nets par mois. En deux mois, j’avais le million. Mais j’étais dans ma chambre, à faire une dépression”.
Une seconde jeunesse à Caen
Mais la dépression prend de l’ampleur et son niveau footballistique en pâtit. Tout devient plus complexe quand la tête ne suit plus. Les crises d’angoisse commencent à arriver. M’Vila se sent perdu. Toute la pression qu’il accumule depuis sa jeunesse a explosé. Comme il le confie dans l’émission Colinterview : “J’ai même pensé à arrêter le foot”. Pour aller mieux, il a dû passer par plusieurs traitements pour trouver le sommeil : “Je n’arrivais plus à rentrer dans un avion. Je faisais du yoga, je prenais des cachets. Le soir, le docteur me faisait une piqûre dans les fesses pour que j’arrive à me calmer, à m’endormir” comme il l’explique à Ouest France.
Après cette expérience en dehors de l’Hexagone, le milieu de terrain décide de retourner en Ligue 1, à Saint-Etienne. C’est là-bas qu’il fera une rencontre avec Tarak Bouzaabia, le médecin du club, qui va l’aider à se remettre la tête à l’endroit. Il a compris de quel mal était atteint le joueur et l’a rassuré. Aujourd’hui débarrassé de ces problèmes, Yann M’Vila évolue en Ligue 2 à Caen et continue de prendre plaisir à jouer au football. La dépression est un phénomène de plus en plus présent dans le sport de haut niveau. La parole se libère sur cette maladie.
Nicolas CASTEL-MARECHAL
Crédits photo : Dave Winter/FEP/Icon Sport