Recrue d’expérience pour le secteur défensif du VAFC, Bakaye Dibassy fait son retour en France quatre ans après l’avoir quittée presque au sommet de sa carrière. À 34 ans, le Malien débarque auréolé d’interrogations autour de son physique, mais aussi d’arguments à faire valoir via son profil et son expérience. Présentation.
En France, l’explosion sur le tard et l’unanimité…
Il a beau approcher des 35 ans, Bakaye Dibassy n’a pas dix saisons de football professionnel dans les pattes. Le natif de Paris a écumé les échelons amateurs, de Noisy-le-Sec à Mont-de-Marsan, en passant par Bergerac, avant d’exploser à Sedan (National) puis Amiens. Le club samarien vient alors de valider sa montée en Ligue 2, et le latéral gauche découvre ce niveau sans aucun complexe. Il s’intègre idéalement dès son arrivée et joue un rôle majeur dès sa première saison, excellente individuellement et qui verra les “braqueurs” amiénois décrocher une promotion en Ligue 1 immédiate aussi sensationnelle qu’inespérée.
Bakaye Dibassy est au rendez-vous dans tous les domaines, à tel point qu’il découvrira la sélection malienne (4 sélections de 2017 à 2019) et s’inscrira dans la durée à Amiens (2016-2020). Pas une mince affaire dans un club où les mouvements sont légion. Au-delà même de son niveau de jeu, irréprochable, son caractère, son leadership et sa relation presque fusionnelle avec le public font de lui l’un des visages de l’esprit des braqueurs et de l’âge d’or amiénois. Ajoutée à cela une polyvalence qui lui permet de dépanner – déjà – en défense centrale au gré des blessures et de la construction de l’effectif samarien de saison en saison, et vous obtenez un cocktail savoureux. Celui d’un joueur qui a laissé un excellent souvenir à la Licorne, avec l’étiquette d’un vrai soldat, fiable et régulier au possible.
…puis un rêve américain pas si idyllique
À l’été 2020, l’Amiens SC est relégué en Ligue 2 après trois saisons consécutives après trois saisons consécutives dans l’élite. Au sortir d’une saison légèrement moins aboutie sur le plan individuel, au diapason d’un collectif moins brillant, l’heure de l’envol sonne pour Bakaye Dibassy, à la recherche d’un nouveau challenge avec une vraie appétence pour l’étranger. Bingo, le rêve américain frappe à la porte, et l’Amiénois n’hésite pas beaucoup avant de s’envoler pour Minnesota. Avec réussite, du moins pendant un temps.
« Quand il est arrivé en MLS, c’était pas mal », se souvient Gary Vanhooland, scout spécialisé sur le marché nord et sud-américain. Encore dans la force de l’âge, le défenseur enchaîne les titularisations et se montre performant en s’installant encore un peu plus en charnière centrale qu’à Amiens. Au point même de porter le brassard de capitaine un jour d’août 2022, quelques semaines avant le triste tournant de sa carrière : une rupture du tendon du quadriceps droit qui l’écarte des terrains pendant neuf mois. Rien ne sera plus comme avant.
« Depuis deux ans, il a très peu joué et quand il a joué, c’était vraiment pas top », souligne celui qui est plus connu sous le pseudonyme de Garyncha sur X. Cadre de Minnesota avant sa blessure, celui qui a partagé le vestiaire avec d’autres Français comme Romain Métanire (ex-Reims) ou Adrien Hunou (ex-Rennes) traverse les derniers mois de son aventure américaine comme une âme en peine. Le Malien a perdu sa place, dépanne au besoin et n’est titularisé qu’à cinq reprises jusqu’à fin 2023, date de la fin de son contrat. Il mettra plus de six mois à trouver un point de chute avec le VAFC, en National.
Puissance et agressivité au programme
Latéral gauche de formation, le poids des années puis l’impact de sa blessure ont eu raison de sa présence sur un côté. Désormais, le voilà défenseur central quasi exclusif. « C’est un joueur assez puissant mais pas très grand (1,83m), décrit le scout. Il est pas mal dans les duels au sol avec sa puissance, mais il n’est pas dominant dans le jeu aérien. » L’ancien Amiénois se nourrit du duel et fait preuve d’une réelle agressivité positive dans le domaine, afin de s’imposer physiquement et psychologiquement face à son vis-à-vis.
À un poste qu’il a peu à peu apprivoisé, Bakaye Dibassy a davantage un profil de stoppeur, n’hésitant pas à jaillir et à mettre la pression sur son adversaire, plutôt que de joueur de couverture ou de relanceur. Gary Vanhooland poursuit : «Il a plutôt un bon pied gauche, mais son pied droit est faible. Il n’a pas une super relance, c’est plus un joueur qui peut porter le ballon pour casser les lignes. »
À VA, un physique en question
Son arrivée au Hainaut s’accompagne néanmoins de questions autour de son corps et de sa viabilité sur la durée. « Physiquement, il semble vraiment avoir perdu, concède Garyncha. Il aura 35 ans cet été. Il n’a plus ses jambes de 20 ans, il est moins rapide et plus lourd. Sur les derniers matches, il était beaucoup moins affuté. Ça peut suffire en National mais il est vraiment en manque de rythme, sans club depuis six mois. » Une préparation estivale complète au VAFC peut lui permettre de se remettre d’aplomb, d’autant que les premières images partagées montre un joueur déjà en bonne condition physique, au moins d’apparence.
Ses années amiénoises n’inciteront pas à l’inquiétude, lui qui possédait l’image d’un bosseur acharné très au fait de toutes les questions autour du soin de son corps. Pour autant, Bakaye Dibassy est le genre de profil très porté sur l’aspect physique, et donc à la longévité réduite une fois la trentaine bien entamée. Et ce même si son explosion au haut niveau a été tardive. « Attention à ce que ce ne soit pas l’année de trop. On l’a vu avec (Daniel) Congré (39 ans) à Dijon cette saison, le National est dur et physique », appuie Gary Vanhooland.
Malgré les quelques doutes sur ses capacités athlétiques, celui qui est passé par les équipes de jeunes de Châteauroux arrive avec l’étiquette d’un titulaire probable, patron d’une charnière peu expérimentée, orpheline de Joffrey Cuffaut et de son leadership. « Dans la défense à trois de Valenciennes, je le vois axe gauche », projète le scout. Un rôle sur le terrain qui pourrait idéalement lui convenir, lui l’ancien latéral gauche reconverti central, même si ses difficultés dans la gestion de la profondeur pourraient être exposées. Et en dehors, l’homme aux 88 matches de Ligue 1 aura pour mission d’encadrer accompagner l’émergence de la jeunesse valenciennoise. Et plus particulièrement de Joachim Kayi Sanda (17 ans), le dernier joyau de la formation du VAFC.
Enzo PAILOT, avec Romain PECHON
Crédits photo à la une : VAFC