Après une première réunion très houleuse au sujet des tarifs en tribunes pour la saison prochaine, le VAFC et ses principaux groupes de supporters ont trouvé un terrain d’entente. De quoi amener Stéphane Beaumont, représentant du groupe des Ultra Roisters à saluer le sens de l’écoute et du dialogue des dirigeants. Entretien.
Stéphane, où en êtes-vous dans vos échanges avec le club à propos de la tarification des tribunes pour la saison prochaine, principal point de discorde de votre précédent échange ?
C’est positif. Désormais, on peut dialoguer, échanger et même être écouté. On a fait part des premiers échanges qui n’allaient pas dans le bon sens, c’est bien de prendre aussi la parole quand c’est positif. Le club a fait de nouvelles propositions qui vont dans le bon sens. On n’est pas forcément d’accord sur tous les prix, mais il y a eu un vrai effort de leur part. Cela fait plaisir de tomber sur des gens qui écoutent et qui savent tendre la main. Le club a un peu mal pris notre communication après la première réunion. De notre côté, on n’avait pas accepté de les entendre dire que nous n’étions pas une tribune populaire. C’était important de vite se remettre autour d’une table et d’évacuer ça. Même si on a de bonnes relations avec eux, on gardera toujours notre liberté de ton et de parole. On a cette volonté d’être transparents, de ne pas faire des réunions dans notre coin, sans communiquer. Quand on va à ces réunions, c’est pour représenter nos groupes et l’ensemble des supporters du club. Pour autant, on n’était pas dans une démarche de conflit à l’égard du club, tout en gardant notre indépendance.
Concrètement, quel accord avez-vous trouvé avec le club ?
Le côté populaire du kop et de la Nungesser est préservé. Sans entrer dans tous les détails, le club a proposé une baisse de 11% par rapport à l’abonnement de la saison dernière, avec un premier prix à 90 euros en passant par les groupes de supporters. Il faut savoir que ce sera entre 30 et 40 euros plus cher pour le supporter qui ne passe pas par une association. On est très ouvert, on ne demande que ça d’avoir encore plus de supporters et de supportrices actifs dans nos groupes. C’est plus que correct, même si la tribune derrière le but reste bien moins onéreuse. Maintenant, il est vrai qu’on est en tribune latérale, que c’est presque unique. Pour autant, on veut que les gens viennent pouvoir supporter le club de manière active sans avoir à dépenser trop d’argent. On a aussi réussi à ce que le fan day soit offert aux abonnés, tout comme un potentiel premier match à domicile de coupe de France, PSG y compris. Peut-être qu’on sera rapidement éliminé, sans même jouer à domicile, mais c’est un pari qu’on a fait avec le club. Sachant que si on tire un gros, avec les divisions d’écart, on a l’assurance que le match se dispute à domicile. Le club a également décidé d’associer les groupes de supporters à sa campagne d’abonnement, c’est très positif aussi.
Depuis dimanche, un sujet met en branle les supporters du VAFC : la possible venue du LOSC pour disputer ses tours préliminaires de la Ligue des Champions. Le sujet a-t-il évoqué lors de votre dernière réunion avec le club ? Quelle est votre position sur ce sujet ?
Non, ce n’était pas à l’ordre du jour. De toute manière, on a bien compris que ni le club, ni les supporters, n’avaient leur mot à dire. Le propriétaire du stade connaît notre avis, il y a eu des échanges en off pour prendre la température. On est forcément contre, sur le principe, mais on ne va pas partir en guerre pour ça. Ce n’est pas comparable avec ce qu’il y a eu avec Lens (ndlr : saison 2014/2015). C’était pour une saison entière, avec la peur qu’ils récupèrent des sponsors et que ça nuise au club. Là, c’est pour un ou deux matches du LOSC en pleines vacances estivales… Maintenant, ce n’est pas pour autant qu’il faut croire que le Hainaut est la base arrière du LOSC. Il faut que ça reste exceptionnel. Si cette location peut aussi pousser le propriétaire du stade a faire quelques actions de rénovation et d’embellissement qui profitent à terme à Valenciennes…. Je pense aux toilettes, à la sécurisation de la tribune debout. Il faut que ce soit donnant-donnant et avec du respect. Pour une question de principe, j’espère qu’on nous demandera notre avis.
Sur le plan sportif, avez-vous profité de cette dernière réunion pour demander quelques garanties ou, tout du mois, évoquer quelques grandes lignes du projet du VAFC ?
La question de l’entraîneur a été posée, le club s’en doutait. Sans trahir de secret, on n’a pas eu de réponse. Des entretiens sont en cours. On a surtout voulu dire au club qu’on voyait le travail fait au niveau de l’administratif. C’est une très bonne chose. Par contre, si le sportif ne tourne pas, ce serait vain. On voulait faire comprendre au club qu’on était inquiet sur ce point. Il y a une grosse différence entre la communication, l’administratif et le sportif qui demeure un peu flou. On aimerait être rassuré assez rapidement. Quand on écoute la dernière interview de Ben Chorley, sachant que sa parole est assez rare, il parle de cycle de défaites à stopper, de la nécessité de repartir avec des gens qui ont l’habitude de gagner. On est d’accord avec ça. Or, le coach en place a un bilan de 0,5 point par match. Pour nous, ce n’est pas possible de continuer comme ça. Si on veut lancer un nouveau cycle, il faut mettre de nouvelles personnes, d’expérience, qui ont l’habitude de faire monter des équipes.
Maintenant, le club nous a également rassuré sur sa situation financière et l’importance donnée par l’actionnaire.
C’était le sens de notre message, sans se prévaloir directeur sportif ou dirigeant, chacun reste à sa place. On a simplement donné notre ressenti. On ne compte pas partir en guerre contre Ahmed Kantari ou qui que ce soit, même s’il symbolise la dynamique de défaites. Il a eu une banderole sur le dernier match à domicile, c’est tout. Cela va s’arrêter là. On espère simplement un nouveau cycle, une dynamique de victoires. S’il est maintenu, il n’y aura pas de guerre à son encontre. Et s’il remonte le club, il aura droit aux honneurs et à sa statut. Ce n’est vraiment pas une cabale personnelle. Maintenant, le club nous a également rassurés sur sa situation financière et l’importance donnée par l’actionnaire.
En dépit de la descente, la confiance en de lendemains meilleurs est donc au rendez-vous ?
Oui, mais ça ne nous empêche pas de dire les choses. Il y a eu des erreurs depuis l’arrivée de Sport Republic, on ne s’est pas privé pour leur dire. Il y a eu des paris perdants. A eux de se remettre sur de bons rails. C’est un peu le cas pour chacun de leurs clubs. La première année est souvent catastrophique, avant une deuxième année positive. Cela peut paraître bizarre de faire le parallèle, mais on a envie d’y croire. Il y a surtout des gens qui connaissent le football au sein du club. Par contre, il ne faut pas reprendre les mêmes ingrédients, les mêmes recettes et les mêmes personnes. Si c’est pour refaire 15 transferts exotiques, garder le même coach… On aimerait retrouver de la cohérence dans les choix, miser sur des joueurs qui connaissent le championnat. C’est aussi le discours tenu durant les tables rondes, où les groupes de supporters ne prenaient pas la parole. On a écouté ce que les supporters lambdas avaient à dire. Cela allait souvent dans ce sens aussi. On espère que le club va suivre ce chemin.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport