Si le VAFC – qui a un pied et quatre orteils en National – a tout misé sur la coupe de France pour tenter de sauver sa saison, Jean Louchet estime que la pression est avant tout dans le camp lyonnais, avant la demi-finale de ce mardi (21 heures). Entretien.
Jean Louchet, dans quel état d’esprit abordez-vous cette demi-finale de coupe de France du VAFC à Lyon ?
Quand j’ai vu que tous les billets avaient été vendus en 24 heures, qu’il y aura 60 000 spectateurs, je me dis que ce sera forcément énorme. Nos supporters vont pouvoir faire le déplacement, nous accompagner. J’ai regardé les matches de Lyon, le dimanche chez moi. C’est forcément particulier.
Avez-vous le sentiment que cette demi-finale est le plus grand rendez-vous de votre carrière ?
Oui, forcément. On me pose souvent cette question. Maintenant, depuis le début de saison, il y a eu pas mal de rendez-vous. On a joué un quart de finale important à Rouen, on a été joué dans des stades comme Saint-Etienne et Bordeaux. Il y a tout le temps des gros matches, c’est ça qu’on adore, c’est ça qu’on aime. Pour répondre à la question, je pense que oui. Maintenant, ça ne doit pas être une pression supplémentaire. C’est surtout un kif de pouvoir se tester face à une équipe aussi forte que Lyon et dans un événement aussi important et magnifique à jouer, à regarder. Donc c’est surtout que du kif.
Sur le papier, Lyon est grand favori de cette rencontre. Quels sont vos atouts pour créer l’exploit ?
Depuis le début de notre parcours, à part peut-être le Paris FC, sachant qu’on était à domicile, je pense que c’est le premier match où on ne part pas favori. C’est une pression en moins pour nous. C’est quand même Lyon qui va avoir la pression. Si le match traîne, forcément pour eux, ce sera plus compliqué je pense. Ça, c’est bien pour nous. On n’est pas favori, on doit donc se dire qu’on n’a rien à perdre. Avec cet état d’esprit, j’espère qu’on jouera libérés, qu’on suivra à la lettre le plan du coach. Si on suit ça, on aura forcément une chance de passer, infime soit-elle. Peut-être que les gens ne croient pas en nous, mais il y a eu pas mal d’équipes qui ont battu des Ligue 1, comme Rouen avec Monaco et Toulouse. Pourquoi pas nous avec Lyon, même si c’est chez eux.
A titre personnel, vous allez certainement avoir beaucoup de boulot…
(Sourire) Je ne prépare les matches en me disant que je vais avoir beaucoup de boulot. Forcément, si on regarde sur le papier, il peut y avoir beaucoup. Maintenant, il y a d’autres matches où je pouvais me dire ça, et finalement ce ne fut pas forcément tout le temps le cas. Forcément il y aura du boulot mais il faudra simplement répondre à ce que Lyon va proposer.
Cette demi-finale peut-elle sauver la saison du VAFC en cas de succès ?
Sauver, c’est un grand mot. Dans tous les cas, la priorité pour moi et pour tout le monde je pense, ça reste le championnat. Descendre en National, c’est très compliqué pour tout le monde. C’est sur notre CV, ça restera. On est l’équipe qui a fait descendre le club. C’est une vérité qui fait très mal. A défaut de sauver la saison, ça peut être historique quand même. On peut être les joueurs qui font descendre le club mais qui peuvent aussi l’amener en finale de coupe de France. C’est paradoxal. C’est sûr que j’aurais préféré ne pas avoir la possibilité d’aller en finale mais maintenir le club. Maintenant, on prendra ce qu’il y a à prendre.
Comment expliquez-vous ce parcours en coupe de France alors que la saison est si difficile en championnat ?
C’est une saison tellement paradoxale. En coupe, à chaque fois ça se passe bien mais ça se joue à pas grand-chose. On a joué des séances de tirs au but, on gagne une seule fois par plus de deux buts d’écart. En championnat, on perd souvent de très peu, on ne prend pas de but contre Auxerre et Angers, les deux derniers du classement, le tout en faisant des prestations plutôt correctes. On n’a pas eu ce truc en plus, on cogite tout le temps là dessus mais on n’a pas la réponse. On aimerait bien l’avoir pour s’améliorer. Cela doit sûrement être dans la tête, à un moment donné c’est psychologique. En coupe, inconsciemment on se dit que ça tourne en notre faveur. Ce sont aussi des matches couperets, on est tout de suite en mode guerrier. Puis, au fil des tours, il y a eu cet engouement autour de la coupe, qui nous fait sentir que c’est important, qu’on peut faire quelque chose de beau. A l’inverse, on n’a pas pris le bon wagon en championnat, ça a tout de suite été compliqué et on a cravaché derrière pour essayer de récupérer les points. La pression est sans doute différente en coupe.
Même si votre statut n’était pas le même à l’époque. Vous avez déjà été en finale avec les Herbiers (ndlr : 2018 contre le PSG). Est-il possible de comparer les deux parcours ?
C’est complètement différent quand on joue ou quand on ne joue pas. Maintenant, j’ai pu voir l’engouement que ça apporte. Les émotions vécues en coupe de France sont différentes qu’en championnat, c’est décuplé à chaque fois. C’est ce qui fait la beauté de cette compétition. Quand je vois l’engouement que ça a pu créer aux Herbiers, une ville de 30 000 habitants, je n’imagine pas ce que ça peut donner à Valenciennes, avec cette ferveur et cette population, qui plus est avec cette finale à Lille, c’est à côté. Ce serait magnifique. Maintenant, on verra bien. On est à 90 minutes et potentiellement des tirs au but derrière de quelque chose d’historique. Sur le papier, ça fait rêver. A nous de rendre ça réel.
Cette expérience avec les Herbiers vous permet-elle de relativiser, d’aborder cette nouvelle demi-finale avec un peu moins de pression, alors que la très grande majorité de l’effectif est jeune et n’a jamais connu ce genre d’expérience ?
Personnellement, j’aime bien jouer sous pression, j’aime ces matches à enjeu. Si on fait ce sport, je pense que c’est le cas de tout le monde. Forcément, on n’a pas envie de se rater. Je suis sûr qu’on montrera un beau visage de Valenciennes et c’est l’objectif. Il ne faut pas que ça enlève de la pression, au contraire, il faut jouer avec cette pression.
A titre personnel, la coupe de France vous a également permis de retrouver votre place dans les buts après l’avoir perdue durant l’hiver, alors que vous aviez fait une première partie de saison convaincante. Comment avez-vous vécu tout ça d’un point de vue personnel ?
On peut déjà commencer en parlant de l’UNFP (ndlr : Jean Louchet était sans club au début de la préparation et s’est fait repérer lors d’un match amical entre le VAFC et l’UNFP). C’est vrai que si on m’avait dit tout ça il y a dix mois, je ne l’aurais pas cru. Je pense que ça me fait prendre en expérience, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Je suis content de ça. Je pense avoir travaillé sur et en dehors du terrain, en plus d’avoir eu ce petit coup de chance qu’on croit en moi et qu’on me lance. J’en suis ravi et je ne remercierai jamais assez le club pour ça. On aura le temps de repenser à tout ça cet été, à faire le bilan du bon et du mois bon. Pour l’instant, on est plongé dedans, on fera le bilan à la fin. J’espère que c’est le début de quelque chose de beau pour moi.
Dans cette montée en puissance, il y a tout de même eu un passage sur le banc. Cela a-t-il été difficile à vivre ?
C’est forcément un coup d’arrêt, ça a été un petit peu compliqué. En même temps, je peux comprendre le choix du coach. Cela se tenait entre les gardiens, c’était compréhensible. A partir de là, je n’avais pas beaucoup d’autres solutions que de travailler et de tout faire pour revenir et revenir dans les plans du coach pour rejouer. Je suis ravi que ça se soit passé comme ça.
Les supporters vont faire le déplacement en nombre (ndlr : 1200) pour cette demi-finale de coupe de France. Quel message voulez-vous leur adresser ?
J’ai envie de les remercier d’être tout le temps derrière nous cette saison, de ne jamais nous lâcher, même sur les derniers matches de championnat et en dépit de notre situation. On va tout donner pour les rendre les plus fiers possible.
Tous propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Anthony Bibard/FEP/Icon Sport