Si son style détonne autant qu’il ne fait parler, Will Still assure ne pas chercher à jouer un rôle dans l’optique de faire parler de lui. Plus nature que jamais, le nouvel entraîneur du RC Lens estime qu’il doit encore progresser dans sa communication, quand bien même il ne compte pas aseptiser totalement sa parole. Explications.
Le show Will Still à Reims
A 31 ans, Will Still est un entraîneur qui ne fait décidément rien comme les autres. En dehors du sérail, le technicien belge a même commencé à entraîner au plus haut niveau sans disposer du diplôme adéquat, le fameux BEPF ou un quelconque équivalent. Mais au-delà de cet aspect réglementaire, le successeur de Franck Haise a également marqué les esprits avec une communication sans filtre. « Je dis des dingueries parfois, je m’exprime de façon honnête et ouverte« , décrit le principal intéressé. Ce qui a pu parfois le desservir.
« Certaines déclarations ont été sorties largement de leur contexte. On m’a donné une image d’un mec que je ne suis pas du tout. Je suis juste un mec normal, qui ne se prend pas la tête et n’utilise pas des mots que je ne comprends pas. » Will Still fait notamment référence à sa communication lors des rumeurs autour d’un possible départ en Angleterre, fin 2023, juste avant un match contre le RC Lens. Avec humour, décontraction et un flegme qui a pu en déconcerter certains, l’entraîneur de Reims, à l’époque, avait répondu aux questions sur ce sujet de manière très cash.
« Alors lundi je me suis rendu à Londres, pour aller voir ma copine qui est anglaise et qui habite à Londres et je pense que je suis devenu un client fidèle d’Eurostar car cela fait 3 à 4 mois que je fais des allers-retours toutes les semaines pour aller voir ma copine donc Eurostar, si vous m’entendez, je veux bien un prix fidélité. Je ne peux pas nier le fait qu’il y a de l’intérêt pour moi, ça je le confirme. Comme il y en a eu pour moi par le passé, cet été ou ces dernières semaines. Je trouve cela assez flatteur sans que cela soit arrogant ou prétentieux. Mon agent m’en a parlé, parce que des clubs l’ont appelé et pas que celui dont vous parlez (NDLR : Sunderland). Mais pour l’instant, je suis assis devant vous et je suis l’entraîneur du Stade de Reims, et pour moi, cela s’arrête là. »
Une communication plus maîtrisée au RC Lens ?
Pour certains observateurs, cet épisode a marqué le début de la fin de son état de grâce à Reims, avec une deuxième partie de saison moins aboutie, jusqu’à son départ précipité début mai, à deux matches du terme de la saison. « Je n’ai 31 ans, des erreurs je vais en faire mille, j’ai envie de les commettre parce que j’ai envie d’apprendre. J’ai déjà appris énormément sur les 18 derniers mois, concède Will Still. Le bon côté comme le côté négatif. Je sais ce que je dis, ce que je fais, mais comme toute personne et tout être humain, j’ai besoin de progresser. Clairement, c’est une des conditions que j’ai mis en place ici avec le club.«
Pour autant, Will Still ne compte pas devenir un autre. « La communication fait partie du rôle d’entraîneur, mais je ne vais pas changer du tout au tout. Je préfère parler ouvertement, rester le pus normal, les deux pieds sur terre que de me prendre pour un autre. Je vais juste rester moi-même, dire ce qu’il faut dire en temps voulu. Je ne vais pas me prendre la tête, changer sous prétexte qu’on a un boulot exigeant et médiatisé. J’en avais parler au club, j’ai dit que j’avais besoin d’aide, d’accompagnement sur ce plan-là et je pense qu’Hugo (Georgel, ndlr : responsable des relations presse), est la personne idéale pour m’accompagner sur ce chemin. »
L’anti Franck Haise ?
Dès sa première prise de parole en tant qu’entraîneur du RC Lens a donné un échantillon du communicant qu’il est et qu’il entend rester, en dépit de quelques ajustements. « On m’avait dit qu’à Lens il faisait dégueulasse, c’est Dubaï pour l’instant« , a-t-il ironisé. Le tout avant de laisser transparaître son côté chambreur à propos du huitième de finale France-Belgique de lundi soir. « Ce n’est pas que j’en ai rien à foutre, mais presque. J‘ai regardé énormément de matchs de l’Euro, mais on s’emmerde un peu. C’est pas ouf l’Euro. Par fierté, j’ai envie de dire que j’espère que la Belgique va gagner, mais c’est vraiment pour vous emmerder. »
Chasser le naturel, il revient parfois au triple galop. A défaut de révolution sur le terrain, Will Still ayant déjà annoncé son souhait de prendre en compte l’excellent héritage laissé par Franck Haise au RC Lens, la rupture aura bel et bien lieu au niveau de la communication. Du très consensuel Franck Haise au très souvent espiègle Will Still, le club artésien a assurément fait un virage à 180 degrés dans le domaine. Pour le meilleur ? Seul l’avenir nous le dira.
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport