À l’approche d’un bouillant derby du Nord entre le RC Lens et le LOSC, le match a déjà commencé en conférence de presse. Bruno Genesio et Benjamin André ont tempéré les ardeurs des Sang et Or, plus offensif avant le rendez-vous sur le terrain, samedi (21 heures) à Bollaert.
Bruno Genesio en désaccord avec Will Still
« Ce sont deux identités qui s’opposent complètement. On veut fièrement représenter l’identité du RC Lens, un club ouvrier, qui charbonne, qui travaille ». Jeudi, Will Still avait profité de la conférence de presse d’avant-match pour lancer un derby aussi important que symbolique, et bien souvent tendu. Lancé sur le sujet ce vendredi, Bruno Genesio a désamorcé avec intelligence, sans nier « beaucoup de choses qui opposent les deux villes » et une « suprématie régionale en jeu ».
« Je ne sais pas ce qu’il entend par ces mots. Je ne connais pas assez le RC Lens de l’intérieur ce que ça veut dire, a tempéré le technicien du LOSC, arrivé sur le banc nordiste cet été, comme son homologue lensois. Ce que je peux dire depuis mon arrivée au LOSC, c’est que c’est un club avec une forte identité. On sent tous les salariés du club qui vibrent et travaillent au quotidien pour leur équipe. Aussi une ferveur populaire qui augmente et progresse, que ce soit dans le stade mais aussi dans la vie de tous les jours. »
Une rivalité et des ressemblances
Allant même jusqu’à trouver de réelles similitudes entre les deux entités, dans le parcours et le développement des dernières années. « J’ai plutôt envie de dire que ce sont deux clubs qui ont une trajectoire similaire qui progressent chaque année avec des moyens largement inférieurs à d’autres grandes écuries de notre championnat, détaille Geensio. Mais ils arrivent, grâce à un bon recrutement, à un bon travail du staff, aux joueurs, à une identité forte, à performer à la fois en championnat et en Coupe d’Europe. Je dirais plutôt l’inverse : ce sont deux clubs avec des caractéristiques différentes mais pour moi, ce sont deux clubs avec des trajectoires similaires. »
La rivalité n’en reste pas moins féroce, et Dogues et Sang et Or ne devraient pas s’accorder de politesse ni s’échanger des mots sur le terrain du stade Bollaert, samedi (21 heures). Et ce malgré une rivalité qui sera peut-être renforcée par les mots de Frédéric Hermel, journaliste chez RMC et ouvertement pro-lensois qui avait écrit dans le quotidien AS avant la réception du Real Madrid : « Lille est une très belle ville, mais son club de football n’a ni la chaleur, ni l’élégance, ni la générosité de Lens. (…) Lille manque de classe et son arrogance bourgeoise vis-à-vis des humbles qui représentent l’immense majorité des supporters de Lens me dégoûte. Lille a besoin d’une bonne leçon ».
Au LOSC, un engouement finalement à la hauteur du RC Lens ?
« C’est tout l’inverse de ce que ce Monsieur a dit, a réagi Benjamin André en conférence de presse, visiblement exaspéré par cette sortie. Ce n’est pas parce qu’on est deux équipes opposées pour une suprématie régionale qu’il faut forcément dénigrer l’équipe qu’on aime moins. Ces deux équipes représentent beaucoup de choses, notamment au niveau de la région et des supporters. C’est une région qui représente beaucoup de valeurs humaines, de caractère. Je le retrouve chez les Lensois et les Lillois. Je ne fais pas de différence, je trouve que c’est magnifique d’avoir un derby si proche, avec autant de ferveur. Les gens s’identifient énormément à leur région, que ce soit à Lens ou à Lille. L’identité nordiste est important, je l’ai ressenti quand je suis arrivé. Quoi de mieux que jouer un derby passionnel ? Parce que sans passion, tout est un peu plat. »
Ce qui l’est moins, c’est l’ambiance et la ferveur retrouvées au stade Pierre-Mauroy depuis deux saisons. Un engouement nouveau qui coïncide avec l’arrivée de Paulo Fonseca. « On sent une atmosphère un peu plus prenante, confirme le capitaine du LOSC Quand on est joueurs, c’est top, on se sent poussés. Je pense aussi qu’il y a une meilleure communication entre les supporters et le club. Je pense surtout qu’il y a des bons résultats, et ça aide. Il y a une jeune génération qui s’identifie au LOSC par rapport au titre (en 2021), à la Coupe d’Europe. Des matches marquent plus que d’autres. Aller loin en Coupe d’Europe, ça amène de la ferveur. Au-delà des kop, je pense que tout le stade joue le jeu maintenant. Ça pousse un peu de partout. À Lille, il y a de la passion aussi. » Et ils seront environ un millier à l’exporter chez le voisin lensois.
Enzo PAILOT, à Camphin-en-Pévèle
Crédits photo : Baptiste Fernandez/Icon Sport