Alors qu’il s’apprête à disputer son premier derby du Nord quelques jours seulement après un exploit du LOSC face à l’Atlético de Madrid, Bruno Genesio a joué la carte de la prudence face à un RC Lens qualititatif, plus frais et qui sera à domicile.
Bruno, comment appréhendez-vous votre premier derby du Nord ?
« D’abord, c’est un vrai derby. Il y a une vraie proximité entre les deux villes. Il y a aussi beaucoup de choses qui opposent les deux villes, c’est aussi ce qui crée cette ferveur de derby à l’image de ce que j’ai pu vivre avec Lyon face à Saint-Étienne. On connaît ce genre de match. On sait qu’on a besoin d’être prêt tactiquement, techniquement, physiquement, mais surtout mentalement. Ce sont des matches où il faut avoir beaucoup d’agressivité, mais aussi beaucoup de lucidité pour pas que cette agressivité ne vous fasse déjouer. Mais on sait que c’est un match très, très important. Bien sûr sportivement, avec des points en jeu face à un concurrent direct, mais aussi pour nos supporters. Il y a une suprématie régionale en jeu.
Selon vous, le LOSC est-il en position de favori ?
Non, pas du tout. Nous sommes deux équipes avec le même nombre de points, mais avec un style différent. Nous sommes rentrés à 6h30 du matin jeudi. Nous n’avons pas eu de préparation de match puisque grâce à la programmation, on joue dès demain (samedi). Lens évoluera devant son public. Un public qui amène beaucoup de force, d’ambiance. Pour moi, les Lensois sont favoris. Mais depuis quelques matches, on a l’habitude d’être dans le rôle d’outsider (sourire).
Will Still et vous avez réussi la transition dans vos clubs respectifs. Vous attendez-vous à un match spectaculaire ?
Oui, c’est possible. On est deux équipes avec des styles de jeu différents, mais cela peut donner lieu à un spectacle intéressant. Je l’espère. On fait ce métier pour donner des émotions fortes aux gens qui regardent les matches, pour prendre du plaisir aussi. Gagner des matches est important, mais lorsque ça peut se faire avec un bon contenu, c’est encore mieux. On a cette volonté, que ce soit à Lens ou à Lille, d’essayer de bien jouer et d’allier le résultat au contenu.
Will Still a prévu de vous presser très haut, comme d’habitude. Comment répondre à cela ?
Vous verrez demain (sourire). On connaît les caractéristiques de Lens. C’était déjà le cas avec Franck (Haise), ça l’est encore avec Will Still qui avait déjà cette faculté-là à Reims. Je pense que c’est aussi la raison pour laquelle les dirigeants lensois l’ont pris, parce qu’il s’intègre très bien dans ce projet de jeu. Il faudra à la fois être vigilant pour ne pas se mettre en difficulté sur des pertes de balle dans des zones dangereuses, mais aussi être capable de jouer notre jeu. On a montré qu’on était capables de ressortir sous pression et de poser des problèmes à l’adversaire, et non pas ne faire que défendre. J’espère voir un autre visage que celui à Monaco.
L’euphorie provoquée par la victoire à l’Atlético peut-elle être un élément important de ce derby ?
Ça peut l’être, mais ça peut aussi être dangereux. Quand il y a de l’euphorie, il peut y avoir du relâchement ou de l’enflammade. Ce qui est bien – même si j’aurais préféré jouer le dimanche -, c’est de jouer un derby. On est en éveil, on sait que c’est un match très important face à une très bonne équipe. C’est mieux de jouer ce genre de match après avoir fait un exploit à l’Atlético, que de jouer à domicile contre une équipe de bas de tableau où tout le monde nous verrait déjà avec les trois points. On travaille avec mon staff pour être mesuré et mettre en garde les joueurs quand tout va bien, mais aussi lorsque cela va un petit moins bien – et on a déjà connu une ou deux périodes comme cela depuis le début de saison – pour garder la confiance. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT, à Camphin-en-Pévèle
Crédits photo : Dave Winter/FEP/Icon Sport