Le RC Lens élu club nordiste de 2023 par La Voix des Sports, Franck Haise refait le fil d’une année exceptionnelle pleine de rebondissements et marquée par des tournants en pagaille. Le technicien lensois souligne également la fatigue qui lui pèse dessus pour sa quatrième saison sur le banc des Sang et Or.
Le RC Lens, vraiment régulier ?
Pour la deuxième fois consécutive, Franck Haise s’est assis face à nos confrères de La Voix des Sports en qualité d’entraîneur du meilleur club nordiste de l’année. Preuve que l’ascension du RC Lens, troisième de son groupe de Ligue des champions et actuel septième de Ligue 1 après un début de saison cauchemardesque, n’en finit plus. Mais le fait marquant de ce millésime n’est autre que cette deuxième place acquise au sein de l’élite française la saison passée. Un exploit qui ne doit rien au hasard selon le technicien lensois : « En début de saison dernière, j’avais évoqué en conférence de presse qu’on avait été réguliers sur les deux premières années de Ligue 1, mais que pour passer encore un cap, il fallait être hyper réguliers. On l’a été, même si on a lâché quelques points ».
On garde une vraie régularité dans nos résultats. Ça veut dire qu’on a grandi.
Car si, dans l’ensemble, le RC Lens s’est montré régulier, il n’en a pas moins traversé des périodes pour le moins inégales. « Il y a des moments où on est plus flamboyants, sur la première partie de l’année 2023 notamment, et même si le début de cette saison-ci a été difficile, on garde une vraie régularité dans nos résultats, note Franck Haise. Ça veut dire qu’on a grandi, que de l’expérience s’est ajoutée, qu’il y a des matchs qu’on peut gagner ou qu’on ne perd pas, même si on est en difficulté. On arrive à être assez solides. » Son statut de deuxième club de Ligue 1 le plus prolifique en 2023 ne peut que le confirmer.
Clermont et Monaco, facteurs X de 2022-2023
Parfois plongé en plein doute, le RC Lens a toujours trouvé des ressources pour se relancer et des matches référence sur lesquels capitaliser. À l’instar de la victoire contre le PSG (3-1) dès le 1er janvier ? « Non : on fait un super match, mais quand on le revoit un peu à distance, ça peut aussi basculer différemment, analyse Franck Haise. Je dirais plus un match comme Monaco (3-0, J32). À ce moment-là, Monaco était encore très bien, et ce match-là leur a fait du mal. On a été solides, efficaces, on ne les a pas laissé respirer. On a largement maîtrisé le sujet. Ce match était un marqueur fort. Il nous a donné beaucoup de confiance sur la fin de saison (11 victoires en 12 matchs, ndlr). »
La confiance, Loïs Openda, facteur X de la deuxième partie de saison passée, en a retrouvé à Clermont (0-4) grâce à un triplé qui l’a remis en ordre de marche (12 de ses 21 buts en Ligue 1 ont été inscrits lors des 12 dernières journées, ndlr). Un match « bascule » qui a « boosté Loïs », dixit Franck Haise. Portés par « une force nourrie par la confiance accumulée, une forme de force tranquille, de sérénité même quand il y avait des changements, des suspendus, des blessés », le RC Lens s’en allait arracher une deuxième place exceptionnelle jusqu’à mourir à un petit point d’un PSG en roue libre.
Brest, Monaco, Metz, le triptyque perdant
Ces matches référence, les Sang et Or ont aussi dû aller les dénicher en 2023-2024 pour relancer une machine à l’arrêt à la fin de l’été. « Notre début de saison, c’est multifactoriel, décrypte l’entraîneur artésien. D’abord, on ne peut pas occulter que des joueurs, notamment deux (Fofana, Openda), qui avaient été utiles sont partis. Quand ils jouaient, ils étaient bons et Loïs et Seko, vous ne les remplacez pas comme ça. » Et d’ajouter : « En plus, sur certains postes, on a fait un recrutement tardif, ça nous a forcément handicapés pour mettre tout le monde sur les principes, athlétiques aussi, l’intensité réclamée. Il a fallu un peu de temps. On sortait d’une saison à 84 points et il fallait repartir tout de suite. Mais on n’est pas Paris, qui est toujours attendu là-haut et y est habitué. Nous, il fallait le prendre et l’apprendre. C’était une étape obligatoire. »
Le début de saison sang et or n’est en réalité qu’une histoire de bascule. Et notamment le coup d’envoi, à Brest (de 0-2 à 3-2), où « à la mi-temps on était dans nos standards de la saison dernière, se souvient Franck Haise. Le foot va vite […]. Quand on joue à Monaco (3-0), la première période, il n’y avait rien. Deux mois avant, vous êtes sûrs de tout et là, vous n’êtes plus sûrs de grand-chose. » S’ensuit le cauchemar de Metz – « on fait 32 tirs à 1 et on perd 1-0, je me dis que ça ne veut pas tourner quand même… », soupire-t-il – avant la relance à Séville (1-1), en Ligue des champions, qui « nous permet d’abord de réaliser que si on est au niveau contre une équipe qui vient de gagner la Ligue Europa et l’a gagnée sept fois, en ayant été menés, c’est qu’on a été costauds. […] Il y a une vraie bascule sur la confiance du groupe en ses moyens ».
Si son équipe a plus ou moins retrouvé tous ses moyens, Franck Haise, interrogé avant la trêve hivernale et « un peu fatigué », avait grandement besoin de cette pause. « C’est l’année depuis que j’ai commencé où je le suis vraiment. Heureux à l’intérieur, même si on n’a pas trop le temps de se poser, décrit-il. J’aimerais bien que le cerveau s’arrête de temps en temps, ça me permettrait de dormir un peu mieux… J’ai vraiment plutôt très bien dormi depuis que je suis coach, là, ça fait un mois, un mois et demi que c’est un peu plus difficile. […] C’est le cerveau qui est chargé, il va falloir le vider un peu. » Avant de tout lâcher sur le terrain, comme en 2023.
Crédits photo : Anthony Dibon/Icon Sport