Héroïque en fin de match, Lucas Chevalier a activement participé à la victoire du LOSC contre le Real Madrid (1-0), ce mercredi à l’occasion de la 2e journée de la phase principale de Ligue des Champions. S’il espère vivre encore de plus grandes émotions dans sa carrière, le gardien nordiste est conscient de l’exploit réalisé face aux Merengues. Entretien.
Lucas, c’est un match que vous n’êtes pas près d’oublier…
Vous aussi, tout le monde. Dans 20 ans, quand j’aurai arrêté ma carrière, je pourrai dire que j’ai battu le Real à la maison. Ce n’est pas tous les jours. En plus, je pense que le match était plaisant. Ce n’est pas un hold-up en plus. Tout le monde a été énorme et a sa part de responsabilité dans cette victoire. J’ai envie de dire que c’est historique.
C’est même une victoire plutôt logique…
Ce sont des matches qui se jouent sur des détails. A la fin, ça a été chaud. Alors qu’on maîtrisait. Le Real n’est pas forcément une équipe de possession, mais elle est très forte en transitions, avec nos pertes de balles. A la fin, on a un peu frissonné, mais cela a été plutôt bien maîtrisé dans l’ensemble.
Est-ce votre plus belle émotion en tant que footballeur ?
(Il réfléchit). Cela reste une phase de poules, j’espère que je vivrai de plus grandes émotions sur le reste de ma carrière. En tout cas, ça fait partie du top 3.
Comment vivez-vous cette fin de match avec un enchainement de parades ? On vous sent sur votre nuage…
Il y a un peu de réussite, tout le monde est là. Ce n’est pas forcément explicable. J’essaie de faire mon boulot et cela a marché. On demande aux gardiens de très haut niveau d’être toujours très concentrés. J’ai toujours voulu me confronter aux meilleurs et c’était face à la meilleure équipe des dix dernières années. C’est une fierté personnelle d’avoir fait un peu déjouer ces joueurs-là.
Peut-on parler de victoire tactique de Bruno Genesio ?
Hier, en conférence de presse, vous n’étiez pas sûr qu’on allait gagner. En plus, avec une équipe qui n’était pas au complet, on a dû mettre sur le banc des joueurs qui ont évolué en Youth League cet après-midi. C’est encore plus beau. J’ai aussi une pensée pour le petit Ayyoub (Bouaddi), qui a été extraordinaire le jour de son anniversaire. Il s’en rappellera.
Tout au long du match, vous avez regardé le Real droit dans les yeux…
Comme l’a dit le président, on n’était pas là pour faire des photos avec eux, on le fait à la fin du match (rires). C’est ce qu’on voulait et c’est ce que le public veut. Aujourd’hui, tout le monde a eu les yeux qui brillent dans le stade. Même vous, vous pourrez dire que vous étiez là.
Ce succès vous relance aussi dans cette compétition…
Les équipes vont peut-être nous prendre encore plus au sérieux. En battant le Real, ce n’est pas n’importe quoi. On ne va pas parler de qualification, car cette compétition nécessite de faire ce genre de performance toutes les deux semaines. On verra si on est capables de le faire. En tout cas, cela montre qu’on peut poser des problèmes à tout le monde.
A quel moment, vous dîtes-vous que ça va le faire ?
Quand il y a le baby-foot dans la surface. Je me dis qu’on a peut-être une chance, une étoile avec nous ce soir. Cela fait aussi un peu peur. Pendant tout le match, tu maîtrises ton sujet et tu peux être déçu en l’espace de cinq minutes en faisant match nul. C’est encore plus beau de gagner comme ça.
Et il y a eu cette belle communion avec le public à la fin…
Je pense que c’est la plus belle victoire de l’histoire du club. Tout le monde doit mesurer la chance de ce qu’il vit. Un boulot a été fait sur le terrain, mais aussi en dehors. On a vécu une belle ambiance et on se devait de vivre ça avec eux à la fin.
Bruno Genesio salue la performance de Lucas Chevalier « Lorsque vous réalisez une telle performance au plus haut niveau du football européen, cela relève encore la qualité de la performance. Il l’a déjà fait en championnat, notamment contre Strasbourg, où il nous a permis de prendre un point. Sans quoi, le match aurait été plié avant la fin. Là, en Coupe d’Europe, la visibilité est encore plus importante. Cela montre surtout qu’il est capable de gérer ses émotions dans ce genre de match. Ce qui est très important pour un gardien de but et pour le très très haut niveau. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT avec Romain PECHON
Crédits photo : Baptiste Fernandez/Icon Sport