De retour en France quatre ans après l’avoir quitté pour l’Allemagne puis la Turquie, Thomas Meunier a signé un contrat de deux ans avec le LOSC. Les suiveurs du football hexagonal l’ont peu à peu perdu de vue, jusqu’à accueillir sa venue sans vraiment savoir sur quel pied danser. Focus sur ses derniers mois avec ceux qui l’ont suivi à Dortmund et Trabzonspor.
La déliquescence à Dortmund…
Il était arrivé libre du PSG, et est reparti de Dortmund par le même biais pour signer à Trabzonspor. Ces quatre dernières saisons, Thomas Meunier a vécu une lente descente aux enfers, avant le sursaut d’orgueil en Turquie. « Si je devais définir le passage de Thomas Meunier à Dortmund en un mot, je dirais déception, avoue Adrien Personne, membre d’Unser Fussball, un média français traitant du football allemand. En arrivant libre de Paris, on se disait qu’il allait bien rebondir au Borussia Dortmund, le PSG étant un club qui a parfois tendance à fermer des joueurs qui, en partant, se sont libérés. Malheureusement, lui n’a pas su répondre aux attentes. »
Rarement catastrophique mais toujours un petit cran en-dessous des standards du BvB, le Belge perd peu à peu son rang de titulaire après la sérénité affichée à ses débuts. Aussi la faute à une multitude de petits pépins physiques – Transfermarkt en référence une quinzaine depuis quatre ans – et à un style de jeu pas le plus en phase avec la philosophie du football allemand. « Pour moi, il est resté bloqué dans un rôle trop défensif alors qu’à la même période, Dortmund avait Marius Wolf, un latéral qui se projetait beaucoup plus vers l’avant, recontextualise le féru de Bundesliga. Autre problème : sur certains matches, les supporters n’étaient pas forcément rassurés. Il pouvait faire quelques gaffes assez graves, mais je pense que le mental et sa situation à l’époque l’ont beaucoup perturbé. »
…avant la relance à Trabzon
Preuve de son déclassement progressif et incessant : 21 matches de Bundesliga disputés en 2020/2021, 17 en 2021/2022, 10 en 2022/2023 et enfin 8 cette saison, avec même une pige en équipe réserve. La situation devient peu à peu intenable, la relation avec son coach Edin Terzic n’est pas au beau fixe et Thomas Meunier s’envole finalement en toute fin de mercato hivernal vers la Turquie, l’un des seuls marchés encore ouvert en février. Pari réussi, malgré une fin en eau de boudin d’un point de vue juridique.
À Trabzonspor, qui l’a recruté librement, le Diable Rouge retrouve du rythme (14 titularisations, 1245 minutes jouées sur 1260 possibles) et son allant offensif. « Il a été plutôt bon, avec un vrai apport statistique (1 but et 5 passes décisives), note Atakan Anil, fondateur du compte X Super Lig relatant l’actualité du football turc. C’était une bonne idée, avec un joueur d’expérience qui a joué dans de grands clubs. C’était aussi une bonne chose pour lui. Il avait besoin de jouer et ça lui a permis de partir à l’Euro avec la Belgique. » Où il ne disputera pas la moindre minute mais jouera un rôle de leader dans le vestiaire.
Au LOSC, un rôle de doublure taillé sur mesure ?
C’est à quelques kilomètres de sa Belgique natale que Thomas Meunier va poursuivre sa carrière, après avoir fait le forcing pour quitter Trabzonspor. Au LOSC, le néo-Dogue devra faire face à la rude concurrence de Tiago Santos, révélation de la saison passée qui part clairement avec quelques longueurs d’avance. « En doublure à Lille, c’est une bonne pioche. Il va ramener de l’expérience. C’est une belle recrue, en plus libre », s’enthousiasme le spécialiste turc, avant de nuancer : « Il ne peut pas être titulaire, surtout si Tiago Santos reste. Et je suis sûr que même si Tiago Santos part, le LOSC ira chercher un autre latéral droit. Tu ne peux pas faire toute l’année en Ligue 1 avec lui, ce n’est pas possible ».
Même son de cloche outre-Rhin. « Pour moi, il sera une doublure de luxe qui pourra beaucoup aider sur et en dehors du terrain, estime Adrien Personne. C’est un joueur qui, de par son expérience notamment en Ligue des champions, peut aider le club à se stabiliser et à progresser. Maintenant, il est assez solide et pourra aussi aider dans le comportement et l’aspect mental. » Un aspect à ne surtout pas négliger quand l’on connaît la fragilité psychologique chronique affichée sous Paulo Fonseca ces dernières saisons…
Du haut de ses presque 33 ans (le 12 septembre prochain), de son mètre 91, de sa puissance athlétique et de sa science défensive développée au fil de sa carrière, le latéral droit, ancien attaquant, pourrait-il représenter une solution de dépannage en charnière centrale ? Si Adrien Personne ne le croit pas, Atakan Anil, qui a lui vu à Trabzonspor « un joueur qui n’hésite pas à monter offensivement », l’imagine davantage. « Je pense que Bruno Génésio peut le réaxer, assure-t-il. Il manque de volume et a une grande expérience lui permettant de jouer à ce poste. Il est toujours bon défensivement, un peu juste techniquement parce qu’il peut manquer de lucidité après l’heure de jeu. Il débutait latéral droit mais pouvait être repositionné dans l’axe et s’adapter en cours de match. Et aux deux postes, il était performant. » Dans un tout autre rôle et avec un tout autre statut, Thomas Meunier est attendu au LOSC dans la continuité de ses trois derniers mois en Turquie.
Crédits photo à la une : BELGA PHOTO JOHAN EYCKENS – Icon Sport