Dans une première partie de saison à deux vitesses et ponctuée d’un mois de décembre synonyme de léger coup d’arrêt, le LOSC est passé par toutes les émotions. D’abord celles d’une équipe poussive et frustrante qui n’avait pas appris de ses erreurs, puis celles d’une formation plus mature, pragmatique et réaliste. De là à entamer une période faste propulsant les Dogues dans les hauteurs de la Ligue 1. Retour sur une première moitié de saison imparfaite mais prometteuse.
Troyes, une leçon dont il a fallu apprendre
Le petit traumatisme de Troyes était encore dans toutes les têtes. À l’heure du coup d’envoi de la saison 2023-2024, le LOSC se retrouvait non pas en Ligue Europa, mais bien contraint de batailler pour arracher son billet en Ligue Europa Conférence. La faute à un ultime rendez-vous de 2022-2023 très mal géré dans l’Aube (1-1), où les Dogues laissaient filer la victoire, les trois points et la C3, tout à la fois. Un résultat aux conséquences profondes pour la saison suivante.
Après une préparation estivale convenable où le duo David-Haraldsson brillait de mille feux, le LOSC donnait le coup d’envoi ce nouvel opus de la Ligue 1 par un duel haletant chez le Nice de l’intriguant Francesco Farioli. Une confrontation éminemment tactique et ponctuée d’un match nul équitable grâce à l’égalisation tardive de Bafodé Diakité (90+3′, 1-1). Le club nordiste réussissait l’essentiel, à savoir ne pas lancer sa saison du mauvais pied, et confirmait ses bonnes dispositions dès le week-end suivant, en disposant d’une équipe de Nantes joueuse et problématique (2-0).
Vers un remix de 2022-2023 ?
Néanmoins, loin d’être maître de son sujet, le LOSC retombait peu à peu dans ses travers. Contre Rijeka, les Dogues se faisaient peur à Pierre Mauroy et s’en remettaient à Leny Yoro pour faire la différence en fin de rencontre (89′, 2-1). Un but salvateur puisqu’au match retour, Paulo Fonseca et ses ouailles en passaient par les prolongations et ne perdaient pas la face grâce à Jonathan David (109′, 1-1). Entretemps, la formation nordiste s’était lourdement inclinée à Lorient (4-1), prouvant sa perméabilité défensive, son manque de maîtrise et son absence de réelles certitudes en ce début de saison.
La suite ne donnait pas forcément tort aux observations. Un LOSC heureux d’une ouverture du score express par le revenant Yusuf Yazici (2′) disposait de Montpellier (1-0). De retour en Bretagne, à Rennes, les Lillois affichaient là un tout autre visage. Convaincants, conquérants et en maîtrise, les hommes de Paulo Fonseca dominaient un faible SRFC… avant de chuter, brutalement. Devant au score à un quart d’heure du terme (2-0), le LOSC laissait filer de nouveaux précieux points (2-2) par son incapacité chronique à conserver son avantage au score. La victoire aisée contre Ljubljana (2-0) ne soignaient pas les têtes lilloises, qui tombaient cette fois à domicile, contre Reims (1-2). Au soir de ce revers frustrant (70% de possession, 14 tirs à 4), le LOSC est onzième de Ligue 1, bien loin des espérances initiales.
Des choix forts et un changement de paradigme clair
Face à Reims, Samuel Umtiti, Hakon Haraldsson ou encore Rémy Cabella étaient titulaires. Jonathan David n’avait pas encore goûté au banc, tandis qu’Edon Zhegrova n’était encore qu’un joker de luxe et que Nabil Bentaleb n’avait disputé que cinq petites minutes de jeu. Aujourd’hui, ce temps paraît déjà bien loin. Quelques jours plus tard, le LOSC se déplaçait au Havre, dominait son adversaire de bout en bout et livrait une prestation solide au possible (0-2). Une victoire fondatrice à bien des égards : Edon Zhegrova lançait sa saison et entamait son changement de dimension, quand Paulo Fonseca avait trouvé une charnière Alexsandro-Yoro qui n’allait plus bouger.
Hormis un match nul anecdotique sur la pelouse synthétique de Klaksvik (0-0), le LOSC ne décevait plus ou presque. Accrocheur à Lens pour obtenir le point du nul dans le derby du Nord (1-1), le club nordiste, beaucoup plus pragmatique, enchaînait contre une belle équipe de Brest (1-0) et une vaillante formation de Bratislava (2-1). Même Monaco, pourtant en pleine bourre, subissait la loi de Dogues beaucoup plus réalistes (2-0) et qui savaient aussi ne pas perdre à Marseille (0-0), à Bratislava (1-1) ou contre Toulouse (1-1). Les joueurs d’un Paulo Fonseca comblé de semaine en semaine se relançaient sereinement chez un OL malade (0-2) et une modeste équipe de Ljubljana (0-2), avant de disposer avec réalisme d’un Metz embêtant (2-0). Paulo Fonseca a trouvé la clé, le LOSC son rythme de croisière.
Une spirale positive bientôt stoppée par Clermont, où les Lillois se révélaient assez méconnaissables (0-0). Et s’ils assuraient en Ligue Europa Conférence face à Klaksvik (3-0) avant d’arracher un nul au goût de victoire contre le PSG (1-1), les Dogues ponctuaient leur année 2023 d’une triste et regrettable défaite à Strasbourg (2-1), mettant un terme à une série d’invincibilité de 15 matches TCC. Premier de son groupe en C4, cinquième en Ligue 1 et toujours dans la course pour le podium, le LOSC est arrivé à maturité pour l’an II d’un Paulo Fonseca bien plus pragmatique, réaliste et « équilibré » dans son approche, comme il aime à le rappeler. Mais les fantômes de la saison passée (manque d’efficacité, suffisance, mauvaise gestion de l’avantage, etc) n’ont pas quitté le club nordiste, qui les a vu ressurgir juste avant les fêtes. Paulo Fonseca peut bien être conquis, rien n’est pour autant acquis.
Enzo PAILOT
Crédits photo : Dave Winter/FEP/Icon Sport