Avant l’un des plus grands matches de l’histoire du LOSC et de sa carrière d’entraîneur, Bruno Genesio met l’accent sur l’immense défi que représente le Real Madrid. Avec beaucoup de respect pour cette institution, l’entraîneur lillois veut « marquer l’histoire du club ».
Bruno, quelle est votre ambition demain ? Votre objectif est-il de regarder le Real Madrid dans les yeux ?
« Oui. Il vaut mieux qu’on reste à la maison si on se présente sur le terrain en victimes en se disant que le match est perdu et déjà, il vaut mieux rester à la maison. Ceci dit, il faut aussi être réaliste. Demain, on affronte le plus grand club du monde. Pas la meilleure équipe, mais le plus grand club. Six Ligue des champions gagnées sur les dix dernières années, cela montre la force de ce club. Quels que soient les joueurs qui composent cette équipe, c’est un club qui marche sur l’Europe depuis très longtemps. Six Ligue des champions sur les dix dernières années, c’est un exploit et une performance incroyables.
J’ai eu la chance de le vivre de l’intérieur pendant quelque temps (un stage d’une dizaine de jours pendant son passage du BEPF, ndlr) et quand on parle d’institution – je pense qu’on galvaude parfois le mot en France -, c’en est une vraie. Évidemment qu’il faut aussi être lucide, on joue le plus grand club du monde et forcément que les débats paraissent déséquilibrés avant le match. Le charme du football, c’est que parfois le petit peut battre le gros. Espérons que tout soit aligné pour qu’on puisse être ce petit qui batte le gros.
Avez-vous préparé un plan de jeu avec et sans Kylian Mbappé ? Est-il le meilleur joueur du monde selon vous ?
On ne sait pas si Kylian sera sur le terrain demain, au coup d’envoi ou au cours du match. Ce qui est sûr, c’est que Kylian est un des meilleurs joueurs du monde qui joue dans le plus grand club du monde. On prépare le match avec deux options : si Kylian joue, et s’il ne joue pas. Quoi qu’il arrive, on prépare le match face à l’équipe, pas seulement face à un joueur. Si on parle de Kylian, il faut aussi parler de Vinicius, Bellingham, Valverde, Rodrygo, Tchouaméni, Modric, Rudiger, tout le monde. Ce sont de très, très grands joueurs et c’est pour cela qu’ils jouent au Real Madrid. Ce qui est important, c’est de se préparer en fonction de l’adversaire et de croire qu’il est possible de faire un résultat, de mettre en place des choses pour le faire. On sait qu’on a besoin d’être à 100%, que tout ce qu’on a prévu soit fait à la perfection. On sait aussi qu’on aura besoin de beaucoup de réussite, comme toujours face à ces grandes équipes.
Vous qui avez battu Manchester City (avec l’OL), quelle est la bonne approche psychologique pour faire un résultat ?
La bonne approche, c’est de croire en nous, croire que c’est possible. C’est la première des conditions. La deuxième, c’est de jouer notre jeu et ce match sans aucune pression. Je pense qu’il faut être très concentré mais complètement relâché parce qu’on a tout à gagner. Si on perd, ce sera perçu comme la normalité. Tout autre résultat qu’une défaite sera perçu comme un exploit. On est chez nous, on aura le soutien de notre public, on vient de réaliser un très bon match face au Havre. Il faut aussi s’appuyer sur nos forces. On va respecter cette institution et ce très grand club, mais il faudra jouer tous les coups à fond, avoir le même état d’esprit qu’au Havre et, aussi, avoir de la réussite. Il en faudra pour gagner.
Avez-vous décidé de si vous alliez jouer avec une défense à trois ou à quatre ?
(Rires) Non, je n’ai rien décidé… Si j’ai décidé, mais je ne vous le dirai pas. En fait, j’ai décidé de ne pas vous le dire (sourire). Désolé, c’était bien tenté.
On connaît à peu près le nom de points nécessaires pour accrocher le top 8 ou le top 24 en Ligue des champions. Avez-vous établi un tableau de marche pour le LOSC ?
Non, il n’y a pas de tableau de marche. Je ne pense pas qu’on soit taillé pour terminer dans les huit premiers, encore moins pour gagner la Ligue des champions. Après, jusqu’à la 24e, pourquoi pas. Mais on sait que ce sont des matches qui tiennent tellement à des détails… On l’a vu sur le premier match où on a joué à dix contre onze pendant longtemps sans pouvoir défendre nos chances. Je pense surtout que cette compétition, on est allé la chercher. La saison dernière, elle a échappé au club à la dernière seconde.
Il a fallu batailler fort, les joueurs ont été extraordinaires sur ces quatre matches de qualification. Ce n’est pas simple, et le passé des clubs français le démontre. Je pense que c’est avant tout une belle récompense pour eux, pour nous, pour le club, pour nos supporters de pouvoir vivre ces moments-là. Mais cela ne veut pas dire qu’on va faire de la figuration. On va rentrer sur tous les terrains et contre toutes les équipes pour donner le meilleur et gagner. Cette nouvelle formule laisse la possibilité de faire un coup d’éclat et de marquer l’histoire du club. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT, à Camphin-en-Pévèle
Crédits photo : Dave Winter/FEP/Icon Sport