Conscient de l’exploit face au Real Madrid et l’euphorie générée au LOSC par ce succès, Bruno Genesio veut que ses hommes restent focalisés à l’occasion de la réception de Toulouse, samedi (19 heures), avant la deuxième trêve internationale de la saison.
Comment évacuer l’exploit face au Real Madrid et se concentrer sur le match de Toulouse ?
« C’est le lot des équipes qui joue la Coupe d’Europe : la remise en question tous les deux ou trois jours. Évidemment, on a vécu des émotions extraordinaires mercredi, mais c’est terminé. Il nous restera beaucoup de très, très beaux souvenirs et de belles images. Mais aujourd’hui, ce qui est important c’est de se focaliser. Ce sont un peu des phrases bateau qu’on dit tout le temps, mais c’est important de le faire. C’est mental, il faut être capable dans la tête non pas d’oublier ce qu’on a fait mercredi, au contraire, mais plutôt d’y penser en se demandant pourquoi on l’a fait, qu’est-ce qu’on a mis en œuvre pour le faire et être capable de le reproduire 9 fois sur 10, parce qu’on peut passer une fois sur dix à travers, c’est le football. Si on est capables de reproduire tous les éléments et les actions mis en place pour battre le Real mercredi, il y a de grandes chances que cela se passe bien aussi en championnat. Mais c’est facile à dire, il ne reste plus qu’à faire.
Peut-il y avoir une sorte de décompression naturelle après une telle concentration et une telle pression ?
Après le match, il y a eu une grosse explosion de joie. Mais lorsqu’on est rentré au vestiaire, j’ai senti un groupe heureux de ce qu’il avait, mais pas d’euphorie excessive. La différence entre les bonnes équipes et les grandes équipes, c’est ça : être capable d’avoir des moments d’euphorie et de se reconcentrer très vite sur un match qui, sans manquer de respect à Toulouse, est beaucoup moins sexy à jouer ou à venir voir au stade. Mais le championnat est notre pain quotidien. C’est grâce au championnat qu’on a vécu ce qu’on a vécu mercredi. Les grandes équipes et les grands joueurs sont ceux qui sont capables de se remobiliser trois jours après avoir vécu ce qu’on a vécu.
Le 4-4-2 aligné face au Real Madrid peut-il être reconduit à l’avenir et notamment face à Toulouse ?
Pour moi, le système ne veut pas dire grand-chose. C’est surtout l’animation et les joueurs qu’on met dans ce système. On peut retrouver le même genre d’animation sur certains matches. Demain, il y aura des moments où on devra être capables de faire ce qu’on a fait face au Real, à savoir être solide défensivement et très bien organisés pour récupérer le ballon. Il y a des chances qu’on ait un peu plus le ballon que face au Real Madrid. Il faudra trouver des solutions dans des espaces plus réduits et aussi être très prudent pour garder un équilibre et ne pas s’exposer à la vitesse.
Comment expliquez-vous le fait que vous ayez retrouvé une bonne assise défensive ?
On a souvent tendance, quand on prend des buts, à pointer du doigt des erreurs individuelles des défenseurs ou du gardien. Mais lorsqu’on encaisse des buts ou qu’on concède des occasions, c’est très souvent la conséquence d’une mauvaise animation collective. Soit d’un manque d’équilibre, soit d’un manque de replacement des attaquants, soit d’un pressing. Il peut arriver qu’un défenseur soit responsable en faisant une grosse erreur individuelle, mais la plupart du temps, c’est la conséquence d’une animation défensive défaillante collectivement. Sur les deux derniers matches, je retrouve une équipe plus équilibrée et surtout beaucoup plus impliquée dans la récupération du ballon, que ce soit dans le pressing ou dans les phases de transition.
Le LOSC n’a glané qu’un point sur six la saison dernière. Comment rectifier le tir ?
Je ne crois pas trop aux superstitions. Même si, ersonnellement, j’ai toujours eu beaucoup de mal à battre le LOSC, c’est pour cela que j’ai signé (sourire). Tous les matches de Ligue 1 sont difficiles. Lorsqu’on joue une équipe moins bien classée, tout le monde autour de nous pense que ça va le faire, qu’on va prendre les trois points et qu’il ne peut pas en être autrement après avoir battu le Real. C’est la plus grosse erreur qui nous entoure depuis deux ou trois jours. On va affronter une équipe bien préparée, une des équipes qui concèdent le moins d’occasions dans le championnat aujourd’hui. On se demande encore comment ils ont pu perdre contre Lyon en prenant deux buts en concédant la moitié d’un tir. Donc vigilance, il faut qu’on soit à 100% et capables de reproduire ce qu’on a fait sur les deux derniers matches, parce que j’ai aussi en tête ce qu’on a fait au Havre. Si on veut inverser ces statistiques, cela passe par là. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Baptiste Fernandez/Icon Sport