Encore muet en Ligue des champions malgré un projet de jeu ambitieux et tourné vers l’offensive, Bologne n’a plus rien à perdre à l’heure de recevoir le LOSC, ce mercredi (21 heures). Michele, fondateur du compte X Team Serie A FR et suiveur assidu du football italien, présente la bande de Vincenzo Italiano.
La dynamique
« Bologne a changé d’entraîneur cet été. Thiago Motta est parti du côté de la Juventus après une magnifique saison où Bologne a fini cinquième et s’est qualifiée en Ligue des champions. Vincenzo Italiano est arrivé après plusieurs saisons à la Fiorentina où il sort de deux finales de Ligue Conférence. Des finales perdues, mais quand même. C’était un défi de taille pour lui, avec une équipe qualifiée en Ligue des champions et qui a perdu deux joueurs majeurs avec (Joshua) Zirkzee (Manchester United) et (Riccardo) Calafiori (Arsenal). Ils ont été remplacés par des joueurs moins qualitatifs.
Aujourd’hui, en championnat, c’est moyen. Bologne n’est par largué, ils sont huitièmes avec un match en moins face à Milan, qui est septième. Ils ont débuté la saison de manière poussive. Dernièrement, ça allait mieux avec trois victoires d’affilée. Mais dimanche, Bologne s’est ramassé face à la Lazio (3-0). Sur douze matches, tu as six nuls, et souvent face à des équipes à leur portée. Par rapport à la saison dernière, les attentes sont moindres. Mais c’était prévisible. »
Le projet de jeu
« Par rapport au Bologne de Thiago Motta, qui ressemble à la Juventus d’aujourd’hui avec un jeu de position axé sur la possession, celui d’Italiano pratique un jeu plus direct, plus vertical. Ça passe beaucoup par les côtés, avec les latéraux qui montent haut. C’est le jeu moderne, ultra-offensif, qu’on voit un peu partout maintenant. En revanche, le gros souci d’Italiano – qu’on avait à la Fiorentina et qu’on retrouve à Bologne -, c’est que c’est souvent une passoire derrière. Ce jeu ambitieux d’homme à homme fait que tu t’exposes dans la profondeur et en contre-attaque. Les défauts de la Fiorentina d’Italiano sont les mêmes que le Bologne d’Italiano. »
L’arme principale
« Si on s’arrête sur la qualité individuelle des joueurs, il y a (Riccardo) Orsolini qui est là depuis 2018. C’est un ailier droit en faux pied qui rentre beaucoup pour enrouler des frappes ou autres. C’est un très bon joueur, technique et assez rapide, mais qui a un gros souci de blessures chaque année. De l’autre côté, il y a (Dan) Ndoye (de retour de blessure). Ce sont les joueurs sur lesquels Italiano doit s’appuyer.
Il y a aussi l’attaquant argentin Santiago Castro qui a à peine 20 ans et en est à quatre buts sur ce début de championnat. Il est arrivé d’Argentine l’hiver dernier et a dû succéder à un Zirkzee qui avait marqué les esprits, c’est une belle surprise. Il a tout de l’attaquant argentin, un peu comme Lautaro Martinez. Lewis Ferguson (cadre sous Thiago Motta) sort seulement des croisés, il ne faut pas être trop exigeant tout de suite. »
Le maillon faible
« Ce n’est pas vraiment une individualité en particulier, mais plutôt le secteur défensif dans sa globalité. Je ne veux pas vraiment tomber sur quelqu’un, même si on peut parler de Lorenzo De Silvestri, qui est l’âme de cette équipe mais commence à faire son âge (36 ans) et peut être pris de vitesse face à des attaquants adverses. Mais vu qu’Italiano expose son équipe avec un jeu ultra-offensif, il y a forcément des erreurs défensives. Quand tu n’as pas la possibilité d’avoir des défenseurs forts dans le un-contre-un et dans la gestion de la profondeur, tu peux être une machine à prendre des buts. »
Le joueur sous coté
« Il y a un joueur dont on ne parle pas trop et qui m’a tapé dans l’œil, c’est le milieu de terrain (Kacper) Urbanski. Notamment sur le match à Liverpool, où Bologne perd 2-0 sans avoir démérité. Il a une énorme qualité technique, dans le contrôle, la passe, l’orientation du corps, il m’a agréablement surpris. Il était à l’aise sous la grosse pression de Liverpool, qui est hyper agressif. Il n’a jamais vraiment paniqué et a toujours été dans la maîtrise. À 20 ans, c’est assez impressionnant. »
Le moment le plus marquant de l’histoire du club en Europe
« J’avais 10 ans, c’est la Coupe Intertoto remportée en 1998. C’était la période où l’Italie avait 7-8 mastodontes. L’Intertoto, c’est aujourd’hui l’équivalent de la Ligue Conférence. Ce qui est fort dans ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils sont relégués en Serie B en 1991. En 1993, ils sont en troisième division. Cinq ans plus tard, ils vont chercher l’Intertoto. Ce projet a été récompensé par ce magnifique trophée qu’est l’Intertoto, à leur échelle. »
Le pire souvenir en Europe
« Il n’y a pas vraiment un parcours. Il faut que savoir que Bologne était un très gros club dans les années 1960. Bologne a remporté sept championnats, il n’y a que quatre équipes qui ont été plus titrées en Italie. Cela reste, historiquement, un énorme club italien. Les années noires, c’est dans les années 80 où le club connaît ses premières relégations en Serie B. Mais cela fait tellement longtemps que Bologne n’avait pas été en Europe avant cette saison que c’est difficile de donner un mauvais souvenir. »
Le rapport de force face au LOSC
« J’avais regardé Bologne – Monaco, et je n’ai pas eu l’impression que Bologne méritait forcément sa défaite. Mais il est vrai que le parcours européen de Bologne est très mauvais jusque-là. Surtout, il n’y a aucun but en quatre matches, alors que le football d’Italiano reste un jeu ultra-offensif. Il y a ce côté un peu incompréhensible où en Europe, ça ne clique pas malgré le fait qu’il y ait encore plus d’espaces. Face au LOSC, ça peut être un match serré. La pièce peut tomber d’un côté comme de l’autre.
Bien entendu, si on regarde le parcours européen jusqu’à maintenant, le LOSC reste favori. Mais attention, Bologne est capable de faire un coup et d’aller gagner ce match. Face à Liverpool, j’ai vu une équipe qui n’a pas eu peur de développer son jeu à Anfield. Le 2-0 est très, très bien payé pour Liverpool. Un match nul aurait été mérité. »
Propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Paolo Bruno/Getty Images