Envoyé avec de plus en plus d’instance en équipe de France, notamment par L’Équipe, l’heure de Lucas Chevalier pourrait enfin sonner pour ce rassemblement de novembre. D’autant qu’Alphonse Areola, valeur sûre de Didier Deschamps au poste de troisième gardien, est en difficulté à West Ham. Focus sur cette situation avec Najim Medini, commentateur de la Premier League, à quelques heures de l’annonce de la liste.
Lucas Chevalier plus que jamais prétendant
Si certains observateurs le mettent « même devant Brice Samba » et que Didier Deschamps en personne assurait en octobre qu’il s’en « rapprochait de plus en plus », Lucas Chevalier n’a toujours pas intégré le groupe France. Et ce malgré des performances maousses depuis le début de saison, en Ligue 1 ou en Ligue des champions, et une nouvelle prestation majuscule face à la Juventus, mardi soir. Rien de vraiment nouveau sous le soleil du Calaisien, qui pouvait déjà capitaliser sur sa soirée XXL face au Real Madrid avant les dernières trêves, mais qui pourrait profiter d’un avenir qui s’assombrit pour Alphonse Areola.
Sa présence en équipe de France et lors du dernier Euro était complètement justifiée. Il avait été très bon avec West Ham, ce qui n’avait pas toujours été le cas lors des années précédentes.
Najim Medini, spécialiste de la Premier League, à propos d’Alphonse Areola
Décrié par les observateurs depuis de longs mois, le portier de West Ham symbolise une forme de totem d’immunité accordé par Didier Deschamps, satisfait par son apport dans un rôle si spécifique de troisième gardien. « Sa présence en équipe de France et lors du dernier Euro était complètement justifiée, affirme Najim Medini, commentateur de la Premier League sur les antennes de Canal+. Il avait été très bon avec West Ham, ce qui n’avait pas toujours été le cas lors des années précédentes où, parfois, on avait l’impression qu’il avait une présence par décret. »
À West Ham, un Alphonse Areola méconnaissable
Problème pour le gardien formé au PSG, sa forme en club n’est plus aussi resplendissante à l’heure où Lucas Chevalier toque de plus en plus fort à la porte. Pas aidé par le changement de coach et de philosophie de jeu, avec un Julen Lopetegui plus ambitieux que David Moyes et qui expose davantage une équipe habituée à jouer en bloc bas, ainsi que le renouvellement du secteur défensif par des recrues pas encore toutes pleinement intégrées (Aaron Wan-Bissaka, Max Killman, Jean-Clair Todibo) pour pallier les départs de cadres (Kurt Zouma, Nayef Aguerd), Alphonse Areola a « aussi sa part de responsabilité » et « n’est pas performant depuis le début de saison ».
Le différentiel de performances d’Alphonse Areola, notamment sur sa ligne (premier bloc), entre 2023/2024 et 2024/2025 selon les statistiques avancées
Indicateur fort de son retour dans le rang, son PSxG-GA (post-shot expected goals minus goals against, soit le différentiel entre les buts qu’il aurait dû encaisser selon la qualité du tir et les buts réellement concédés) est passé de +0,08 par 90 minutes en 2023/2024 à -0,47 par 90 minutes en ce début de saison 2024/2025. Au point que, depuis la mi-octobre et une lourde défaite face à Tottenham (4-1), le gardien de 31 ans était sur le banc contre Manchester United avant d’être écarté du groupe face à Nottingham Forest, le week-end dernier. « Il y a deux possibilités, embraye Najim Medini. Soit il est blessé, ce qui est possible car certains disent que Lucas Chevalier va être appelé pour pallier un possible forfait d’Areola ; soit il est passé troisième dans la hiérarchie des gardiens de West Ham, ce qui m’étonnerait un peu plus en l’espace de seulement trois semaines. »
Des circonstances atténuantes et des arguments toujours forts
Reste que, si Lukasz Fabianski, numéro 2 habituel dans la hiérarchie des Hammers, n’est lui aussi « pas exempt de tout reproche », Alphonse Areola a multiplié les erreurs au cours de ce début de saison. « Ce n’est pas du tout le Areola de la saison passée, confirme le spécialiste de la PL. Il y a plusieurs buts où il a été fautif : un but entre les jambes de Nicolas Jackson contre Chelsea, un autre but de Jhon Duran contre Aston Villa, sa main n’est pas assez ferme face à Liam Delap contre Ipswich… Et ce match bascule face à Tottenham. Sur plusieurs buts, Areola aurait pu mieux faire : sur la frappe de Bissouma, il anticipe du mauvais côté ; sur la frappe de Kulusevski, il est sur la trajectoire du ballon mais n’arrive pas à le réceptionner ; puis le but contre son camp de Todibo où Areola n’est pas exempt de tout reproche non plus. »
De quoi faire dire à notre interlocuteur que « Areola n’est pas le seul problème, mais il fait partie du problème ». Pour autant, Lucas Chevalier n’est pas assuré d’une place chez les Bleus. D’une part, parce que Didier Deschamps porte une attention toute particulière au profil de son troisième gardien pour l’équilibre de son groupe, et Alphonse Areola correspond parfaitement au portrait-robot. D’autre part, car sa baisse de régime s’explique « davantage par le nouveau contexte de West Ham qu’une véritable baisse de niveau intrinsèque », ce qui induirait que l’international français aux 5 sélections est encore au niveau de l’équipe de France.
Lucas Chevalier, lui, aimerait bien avoir lui aussi la chance de faire ses preuves. « Que ce soit jeudi ou dans six mois, ce sera une fierté », avait-il notamment dit à notre micro mardi soir. Mais à choisir, autant que son nom soit prononcé par le sélectionneur ce jeudi, au lendemain de ses 23 ans.
Crédits photo : Icon Sport
