Candidat à la présidence de la LFP, dont l’élection est prévue le 10 septembre prochain, Cyril Linette s’avance avec un programme exhaustif qui convainc les suiveurs du football français. En ce qui concerne les familles du football français et ses décideurs, le combat s’annonce plus difficile.
Cyril Linette veut « retourner » le modèle du foot français
Il est vu par l’opinion publique du football français comme le sauveur face au grand méchant Vincent Labrune, actuel président de la Ligue de Football Professionnelle (LFP) au bilan pour le moins discutable, voire désastreux. Il faut dire que Cyril Linette, candidat à la présidence de la LFP, dont l’élection est prévue le 10 septembre, a de quoi convaincre, entre un diagnostic clairement établi du football français, et des solutions mises sur la table. De sources proches du dossier, il a été le candidat le plus impressionnant lors des auditions d’obtention de parrainages. Et pourtant, dans une institution où les alliances et les copineries prennent souvent le dessus sur la méritocratie et la compétence, l’ancien directeur général de L’Équipe ou du PMU a bataillé pour obtenir les parrainages, jusqu’à faire appel à la ministre des Sports et faire des compromis.
Ainsi, s’il n’est pas élu président de la Ligue le 10 septembre prochain, il devra démissionner de son poste de membre indépendant du conseil d’administration de la LFP. « Je n’ai pas eu le choix. Je n’avais pas d’autre option que d’accepter si je voulais avoir mon parrainage. Mon objectif étant de gagner, je me pose un peu moins la question. Ma détermination est absolue », balaie-t-il dans un entretien auprès de L’Équipe, dans lequel il détaille son programme avec un premier diagnostic général : « Le football français doit revoir son modèle dans les prochaines années pour être moins dépendant des droits télé et des transferts ».
« C’est un retournement de modèle qu’il faut faire, étaye Cyril Linette. Mais cela prend dix ans. Il faut baisser les coûts, car il y aura moins de droits télé et moins de transferts. La fameuse manne qui tombe du ciel va disparaître. Il faut renouveler le produit Championnat et professionnaliser la LFP. » S’il avait déjà appelé à « baisser de 30% les salaires et le nombre de contrats dans les clubs » pour que les clubs retrouve un contexte économique plus sain, il en va de même pour le salaire du président de la Ligue qui « doit être réajusté à la hauteur de la perte pour les clubs (sur le dossier des droits TV, ndlr), dont la baisse de revenus s’élève à environ 50 %. » Sous son mandat, Vincent Labrune a fait grimper le salaire du président de la LFP à 1,2 million d’euros annuels.
Le train de vie et la gouvernance de la LFP dans l’œil du cyclone
Alors, que ferait-il durant ses 100 premiers jours de gouvernance s’il était élu ? « Dans ces 100 (premiers) jours, la Ligue doit se poser la question de son train de vie, répond Cyril Linette. Il faut très vite trouver des solutions de trésorerie pour les clubs. Il y a du public et des choses à négocier avec l’État (charges, Urssaf, ndlr), comme à l’époque du Covid, et du privé, de l’ordre des prêts, pour permettre aux clubs de passer le cap de la baisse de leurs recettes et le dividende de CVC. ». Outre son train de vie, c’est aussi le modèle de gouvernance de la LFP qui interroge.
« Il faut la rendre plus saine. Tout est très opaque. Le truc spasmodique pour être candidat (l’obtention des parrainages, ndlr), c’est le signal qu’il y a des choses à moderniser. Il faut projeter le foot français et la Ligue dans le monde d’aujourd’hui. Il est légitime que les “familles” (joueurs, arbitres, médecins, etc, ndlr) puissent présenter un candidat au CA de la Ligue », détaille Linette.
Droits TV et CVC, Linette prêt à en payer les pots cassés
Enfin, l’ancien directeur des sports de Canal+, fin connaisseur du dossier des droits TV, revient sur la crise des derniers mois et les solutions de sortie. « (Il faut) positionner au mieux DAZN et beIN Sports, car ils ne sont pas responsables de cette situation, lance-t-il. Les droits de la L2 ont été vendus avant ceux de la L1, donc quand beIN a récupéré le match de L1 du samedi après-midi, elle s’est dit : “Je ne peux pas mettre tous mes droits le même jour, donc j’avance la L2 au vendredi, ça me permet de mieux exposer mes deux produits.” J’aurais fait la même chose. Quant à DAZN, le prix public (39,99 euros par mois sans engagement, 29,99 euros par mois avec un engagement d’un an, ndlr) n’est pas adapté, il faut vite trouver une solution. Dernier point : la relation avec CVC à reconstruire. »
Le fonds d’investissement « a été très mécontent du résultat de l’appel d’offres mais aussi du process », raconte Linette, qui l’assure : « Je ne crois pas que (la renégociation du contrat et de la durée du contrat avec CVC) soit possible ». Autrement dit, en cas d’élection – espérée par une écrasante majorité des suiveurs du football français -, Cyril Linette aura du pain sur la planche. Et pas seulement durant ses 100 premiers jours.
Crédits photo : SCOOPDYGA – DESBRIEL Valentin – Icon Sport
Cyril Linette est venu à la Licorne le soir d’ASC-Red Star et son entente avec notre président semble parfaite : leur diagnostic converge. Cependant on voit mal comment « baisser drastiquement les salaires » peut être la ligne de conduite si ailleurs en Europe on ne le fait pas. On a gardé de grands joueurs en France comme Dembele, David, Lucas Hernandez et l’OM a étonné avec Wahi ou Hojbjerg, mais pour combien de temps on fera illusion avec des droits TV faibles et même pas garantis par DAZN qui ne fonctionne pas?
J’ai une solution pour cela, plafonner la masse salariale par rapport au budget, genre à 50%. Quand on voit Montpellier qui a une masse salariale qui représente 80% du budget… Je ne parle même pas de Bordeaux… Cela n’empêchera jamais les clubs qui ont les moyens d’offrir un gros salaire de le faire, mais ça va mécaniquement baisser le nombre de contrats et les salaires moyens, sachant que c’est ça qui gangrène le football français.
Quant à Bernard, on sait pour qui il roule…
Oui Romain, mais la DNCG logiquement ne devrait pas laisser passer le cas de Montpellier qui va à la banqueroute, la « règle » que tu décris est de toute manière un peu évidente pour avoir un budget équilibré et crédible. Et surtout ça répond pas à la problématique de la fuite des talents vers l’étranger, je parle pas de L2, mais de l’élite, donner de nouvelles contraintes aiderait comment à garder des top joueurs convoités par l’Espagne ou l’Angleterre? Jusqu’à présent le Real ou City sont hors cible, mais si le Celta Vigo ou Nottingham « volent » nos meilleurs joueurs pour raisons financières le foot français devient quoi?
Mais c’est déjà le cas… Et de toute manière, le football français est déjà à la rue en donnant des salaires dingues. Suffit de voir les budgets et les masses salariales des gros clubs. Avant de penser compétitivité sportive sur la scène européenne (où on est historiquement ridicule – faut-il déjà rappeler le nombre de pays disposant d’un meilleur palmarès que la France), commençons par penser : santé économique, restructuration des clubs, attractivité du championnat en France (le story-telling sur la Ligue 1 est 0, l’accessibilité du championnat se dégrade de saison en saison) et le reste viendra… On veut toujours commencer par la finalité, sans poser les jalons.
Moi je pense pas que les clubs français seront ridicules en coupe d’Europe cette année, au contraire. ET s’ils performent ça serait très dommage qu’ils perdent leurs éléments majeurs parce que contraints de baisser les rémunérations. Tout ça se mord la queue: si tu perds les meilleurs joueurs derrière Kylian faut pas s’étonner que les enchères sur les droits TV soient faibles et n’intéressent plus les diffuseurs. Canal + reviendra, mais si le championnat est attractif.
Seulement 100000 abonnés à dazn, le foot français au top : merci Labrune.