Légendaire président du RC Lens de 1988 à 2012, puis de 2013 à 2017, Gervais Martel a tout vécu avec les Sang et Or : la découverte de la coupe d’Europe, le titre de 1998, mais aussi les multiples relégations en Ligue 2 et, enfin, la ruine d’un point de vue personnel. Mais l’homme d’affaires de 68 ans n’a « aucun regret d’avoir perdu tout (son) argent pour le foot », pour sa « famille ».
Gervais Martel, comme un père de famille
Il n’est plus dirigeant du RC Lens depuis six ans. Pourtant, même les plus jeunes n’ont pas oublié le visage de Gervais Martel, président des Sang et Or à leurs heures les plus fastueuses. Coupe UEFA, puis titre de champion de France et Ligue des champions : si le RC Lens est aujourd’hui ancré dans le paysage footballistique français comme un club historique, Gervais Martel y est pour beaucoup. Ce dernier est même allé jusqu’à se ruiner et finir « à la rue » pour le club artésien.
« Je m’en fous, assure-t-il auprès de nos confrères du Parisien. C’est quoi, l’argent ? De l’argent, rien de plus. Franchement, je ne me suis alors jamais dit que ma vie était foutue ou que j’avais bossé pour rien. Tout cela était au-dessus de ma tête. » Et au-dessus de tout, un club : « Le RC Lens, c’est ma famille et j’ai nourri ma famille. En fait, quand je me suis retrouvé sans rien, ce sont les gens qui avaient de la compassion pour moi. Plus que moi. C’était touchant. »
Celui qui avait repris en 2013 le RC Lens en compagnie de l’homme d’affaires azéri Hafiz Mammadov – dont les difficultés financières ont failli mener le club à une relégation administrative en National – appuie : « Je n’ai aucun regret d’avoir perdu tout mon argent pour le foot. Je suis tellement confiant que seul l’avenir m’intéressait. Le passé, je m’en fous. Si vous passez votre temps à regarder dans le rétroviseur, vous êtes sûr de rentrer dans le derrière de la voiture qui est devant vous ! On m’a prêté une vieille Renault Vel Satis alors que, quelques années avant, je roulais en Jaguar. Cette vieille voiture, je l’appelais ma diligence. J’étais bien dedans. Je ne suis pas matérialiste, vous savez. J’étais heureux dans cette voiture. Franchement, je n’allais pas pleurer d’avoir perdu de l’argent pour un club qui rendait les gens heureux. On me redirait de faire la même chose de ma vie avec la même fin, je le ferais quand même. »
Ce mercredi soir, Gervais Martel sera sans doute heureux de voir son RC Lens à Eindhoven pour affronter le PSV, avec l’espoir de conserver la deuxième place du groupe B en Ligue des champions. Où il avait mené les Sang et Or pour la première fois lors de la saison 1998-1999.
Enzo PAILOT
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport