Un peu moins de cinq mois après son départ, Francis De Percin va retrouver l’Amiens SC et le Stade de la Licorne, samedi à l’occasion de la 12e journée de Ligue 2. Adjoint d’Olivier Frapolli à Laval, l’ancien adjoint de Philippe Hinschberger aborde ses retrouvailles sans la moindre amertume. Entretien.
Francis De Percin, le début de votre aventure à Laval est proche de la perfection…
On fait un début de saison très satisfaisant. Les voyants sont actuellement au vert, mais on sait très bien que tout est fragile dans le football. L’an dernier, avec Amiens, on était premiers avec Bordeaux après douze journées et on s’est sauvés à l’avant-dernière journée. Forcément, cela oblige à être vigilant, à ne pas s’enflammer. On reste les pieds sur terre. Ce championnat est très compliqué et serré. Laval en est le bon exemple. L’an dernier, ça se sauve à la dernière seconde de la dernière journée. Je pense que club a tiré les enseignements de cette saison difficile, mettant des choses en place. Cela fonctionne et c’est à nous d’entretenir cette bonne dynamique.
Pourquoi avoir fait le choix de rejoindre Laval après la fin de votre aventure à Amiens ?
A Amiens, j’arrivais en fin de contrat et le club avait décidé de repartir sur une feuille blanche, ce que je peux comprendre, surtout que j’étais arrivé avec Philippe (Hinschberger). Quelques clubs de Ligue 2 m’ont contacté, dont Laval, j’ai rencontré le président, le coach et le secrétaire général du club. Le discours du président m’a séduit et j’ai fait le choix de rejoindre Laval. L’an dernier, le staff était réduit avec un seul adjoint, un entraîneur des gardiens et un préparateur athlétique. Ils se sont rendu compte qu’à ce niveau, c’était plus raisonnable d’avoir un staff étoffé. Ils ont donc pris un préparateur athlétique en plus, un kiné et moi.
Ça correspondait à ce que je recherchais. Je suis content de mon choix.
Comme à Amiens, je suis en charge de la supervision de l’adversaire et de la mise en place et de l’animation des séances, avec Gilles Bourges (ndlr : l’autre adjoint) et Olivier Frapolli. C’est un peu pour ça qu’ils m’ont choisi je pense, je cochais toutes les cases du profil recherché, à savoir une expérience de la Ligue 2, de l’entraînement et aussi les cases au niveau des valeurs humaines et de travail. Tout ça correspondait à ce que je recherchais. Je suis content de mon choix.
Beaucoup d’observateurs sont surpris de voir Laval en tête après onze journées. Est-ce également votre cas ? Comment expliquez-vous ce début de saison réussi ?
Surpris, oui et non. Je suis surpris par notre position. Etre premier et devant des clubs comme Auxerre, Bordeaux, Angers, Amiens, Troyes et Saint-Etienne, les grosses cylindrées du championnat, c’est surprenant. Là où je ne suis pas surpris, c’est parce que j’ai senti un groupe qui vivait bien dès la préparation, qui était à l’écoute et travailleur. Le discours de l’entraîneur était clair et il y avait un fil conducteur avec la direction. Les joueurs correspondaient au profil recherché, tant sur l’aspect joueur que sur le plan humain et ils sont arrivés vite. On a montré de belles choses en préparation et le début de championnat n’est que la continuité de cette préparation estivale. On n’est peut-être pas la meilleure équipe de Ligue 2, on n’a peut-être pas les meilleurs joueurs, mais il y a vraiment une osmose dans ce groupe. Cet état d’esprit permet de gommer certaines lacunes dans le jeu.
Serait-ce réducteur de dire que Laval est principalement solide et efficace ?
Cela fait partie de nos forces. Quand tu n’as pas le plus gros budget, pas l’effectif le plus compétitif sur le papier, tu fais avec les forces en présence. Olivier (Frapolli) a très bien analysé les points forts de son équipe et il a mis les choses en place pour rendre l’équipe performante. Aujourd’hui, ça fonctionne et tout le monde est concerné par le projet, se sentant investi par celui-ci. C’est ce qui rend une équipe solide, solidaire et efficace dans les deux zones de vérité.

Quel regard portez-vous sur le début de saison de l’Amiens SC, votre prochain adversaire ?
Je trouve que c’est une équipe qui a fait un très bon début de championnat, avec une assise qui nous ressemblait. C’était très solide et un joueur comme (Louis) Mafouta apportait de la profondeur et de la percussion. C’était un bon point d’ancrage pour mettre à Antoine Leautey de s’exprimer et à Gaël (Kakuta) de mettre en valeur son talent. C’était une équipe équilibrée, avec un milieu performant autour de Jérémy (Gelin) et de (Kylian) Kaïboue qui est une bonne recrue, sans oublier (Sébastien) Corchia qui a apporté son expérience derrière. Cela dégageait une certaine force.
On commence à siffler les fautes contre toi, les derniers gestes sont moins efficaces. Tout ça engendre une baisse de la performance.
Puis, il y a eu l’arrivée de deux joueurs de qualité que sont Andy Carroll et Frank Boya. Peut-être que ça a un peu déréglé cette machine qui tournait bien au départ. Il y a aussi les faits de jeu qui ne tournent pas du bon côté, un grain de sable est venu dérégler un peu la machine et on commence à siffler les fautes contre toi, les derniers gestes sont moins efficaces. Tout ça engendre une baisse de la performance.
A titre personnel, comment abordez-vous ce retour à la Licorne ?
Je n’ai aucune amertume. J’ai passé deux saisons où j’ai pris du plaisir à être à Amiens, à travailler pour le club. Je fais mon retour avec énormément de plaisir, je vais revoir des têtes connues avec lesquelles j’ai apprécié travailler. En tant que compétiteur, j’ai forcément envie de gagner et de permettre à Laval de repartir sur une dynamique positive. Après notre match, je souhaite le meilleur à Amiens.
Avec du recul, avez-vous eu le temps de porter un regard sur votre passage à l’Amiens SC et comment pouvez-vous le qualifier ?
Quand on signe à Amiens avec Philippe (Hinschberger), c’était venir dans un gros club de Ligue 2 et y jouer le haut du tableau. Amiens est un club qui a tout pour jouer les premiers rôles, que ce soient les structures, le stade. Sur les deux ans, les résultats n’ont pas été ceux espérés. C’est la plus grosse frustration de mes deux ans passés à Amiens. Mon aventure s’est terminée sur ce que je considère être un échec. J’ai un goût d’inachevé avec ce club. Maintenant, je leur souhaite vraiment le meilleur. L’outil pour performer est indéniable. Ce club mérite de jouer les premiers rôles.
On n’a jamais eu la force mentale pour inverser cette dynamique et repartir de l’avant.
Comment expliquez-vous que ça n’ait pas marché comme souhaité ?
La première année, on est arrivé dans un club où on a hérité de l’effectif. Il y avait sans doute de bons joueurs, mais ils n’étaient pas tous sur le même projet. La deuxième année, on avait constitué l’effectif avec le président (ndlr : Bernard Joannin) et John (Williams, ndlr : responsable du recrutement). Je trouve que l’effectif tenait la route. On a loupé trop de virages dans la saison. A partir du mois d’octobre, on a des matches importants qu’on n’a pas su négocier. Au lieu d’être dans la bonne dynamique, on s’est retrouvé dans la dynamique contraire. On n’a jamais eu la force mentale pour inverser cette dynamique et repartir de l’avant. A titre personnel, c’est un gros point, car je fais tout pour mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. Je pense qu’on avait vraiment l’effectif pour faire une bien meilleure saison.
Après ce bon début de saison avec Laval, les objectifs sont-ils revus à la hausse ?
L’objectif reste le maintien. On a 25 points et on sait qu’il faudra atteindre les 45 points pour se maintenir. C’est ce qu’on veut parvenir à faire le plus vite, pour ensuite pourquoi pas se projeter sur autre chose. Il ne faut surtout pas s’enflammer, dire qu’on va jouer la montée. Ce serait irrespectueux et une grave erreur de notre part. Essayons simplement d’engranger le maximum de points le plus vite possible pour atteindre ce premier objectif.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Hugo Pfeiffer/Icon Sport
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