Natif d’Amiens et héritier d’une famille liée à l’Amiens SC, Mattheo Xantippe a quitté son club formateur l’été dernier pour rejoindre Grenoble. S’il n’est pas encore parvenu à s’imposer en Isère, le latéral gauche estime que l’heure était venue pour lui de voir autre chose. En attendant, il espère simplement faire son retour à la Licorne, samedi. Entretien.
Mattheo Xantippe, comment allez-vous près de cinq mois après votre départ d’Amiens ? Comment se passe votre acclamation à votre nouvel environnement grenoblois ?
Je vais bien. Même si j’avais déjà mon appartement sur Amiens, c’est la première fois que je quittais ma famille et ma ville. Je savais que ce ne serait pas forcément facile au départ. Dans ma vie personnelle, je pensais que ce serait plus compliqué. Je me suis adapté très rapidement à mon nouvel environnement. Après, c’est vrai que je suis assez casanier, c’est aussi plus facile. Que ce soit la ville ou les alentours, il y a pas mal de choses à faire. Je m’y plais bien.
Sportivement, vous jouez peu depuis le début de saison. Comment vivez-vous cela ?
J’avais mes attitudes à Amiens, je savais que ce ne serait pas simple. La préparation a été un peu délicate pour moi. Ensuite, l’équipe a tourné et c’était compliqué pour moi d’obtenir du temps de jeu, de me lancer. C’est toujours le cas. Ce n’est pas facile, mais j’essaie de rester positif, de montrer une bonne attitude. C’est le plus important pour le moment. J’ai aussi rencontré un groupe incroyable. Que tu joues ou que tu ne joues pas, c’est impossible de dire qu’il y a une mauvaise ambiance. Ce n’est pas tous les jours facile, mais les gens sont formidables et ça m’aide aussi. Tôt ou tard, je sais que j’aurais ma chance, en attendant je reste positif. Je prends mon mal en patience.
Quand vous voyez la situation actuelle sur votre poste à Amiens, avec le récent départ de Kassoum Ouattara, ne regrettez-vous pas d’être parti ?
Non, du tout. C’était le bon moment pour moi de partir. Aujourd’hui, c’est une nouvelle étape, une épreuve. Je grandis, j’apprends à me reconnaître. Je suis loin de la famille et je prends ça comme une expérience qui va me faire grandir. Je sais que j’aurais des moments encore plus difficiles que ça dans ma carrière. Cela va me servir tôt ou tard.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de quitter l’Amiens SC, tout juste un an après la signature de votre premier contrat professionnel ?
J’étais arrivé à un stade où j’avais mon petit quotidien, dans mon environnement. Ce n’est pas forcément propice pour se dépasser tous les jours. Même si j’étais très attaché au club, j’étais tombé dans une forme de routine. Je ne sentais pas non plus la confiance du club à mon égard. Peut-être que je n’étais pas assez performant aussi. J’ai eu des offres, Grenoble s’est présenté et quand j’ai parlé avec Max (Marty, ndlr : directeur général du club) et Jess (Jessy Benet), j’ai su que c’était le bon projet pour moi.
Jessy Benet a joué un rôle dans votre arrivée à Grenoble…
Totalement. Je l’ai tout de suite contacté pour prendre le pouls du club. Il a été franc et honnête. Il m’a présenté un projet où l’humain est important. J’avais aussi envoyé un message à Philippe (Hinschberger) pour lui dire que j’allais signer à Grenoble. Il n’y est pas pour rien non plus, il m’avait aussi conseillé à Grenoble. Et ce qu’il m’avait dit du club et ce que je vois aujourd’hui. Pour l’instant, je ne joue pas, mais j’ai signé trois ans avec Grenoble et je sais qu’ils comptent sur moi pour l’avenir. C’est important.
Peut-on dire que votre fin d’aventure avec l’Amiens SC fut un peu douloureuse ?
J’ai eu du mal à accepter qu’on ne me donne plus du temps de jeu à partir de la fin du mois de janvier, alors que je venais de sortir l’un de mes meilleurs matches sous le maillot amiénois face au Havre (ndlr : 28 janvier). C’est vrai que j’ai été un peu retardé par des pépins physiques, mais quand j’étais apte, je ne jouais plus. Cela a été difficile à accepter sur le coup. J’aurais aimé une fin différente, mais je n’ai aucun regret aujourd’hui. Je n’en veux à personne. J’aurais aimé m’imposer dans mon club formateur, mais je suis vraiment apaisé par rapport à tout ça. Je devais partir, c’était écrit.
Un peu plus tôt vous avez parlé du manque de confiance à votre égard. Vous n’étiez pas assez considéré selon vous ?
Amiens, c’est mon club, c’est ma ville. J’ai toujours attendu un peu plus de confiance et de considération. Je sais que j’ai aussi mes torts, je n’ai pas été tout le temps performant. Cela a aussi pu jouer. J’ai peut-être aussi été un peu gentil à un moment donné. Quand je suis parti, j’ai fait une remise question personnelle sur ce qui s’est passé sur la dernière saison. Je ne me suis peut-être pas assez affirmé, aussi bien sur le terrain qu’au niveau de ma personnalité. Je suis passé à autre chose aujourd’hui.
En quoi tout ceci vous aide aujourd’hui pour affronter ce début d’aventure en demi-teinte à Grenoble ?
En signant à Grenoble, c’était forcément dans l’optique d’avoir plus de temps de jeu qu’à Amiens. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Maintenant, je suis habitué à ce qu’on ne me donne pas les choses. Que ce soit au centre de formation, en équipe de France (U18) ou après chez les professionnels, j’ai toujours dû me battre. C’est un nouveau challenge, je suis capable de le relever. Je ne vais ni abandonner, ni baisser les bras.
Si tout va bien, vous allez revenir à Amiens ce week-end. Comment appréhendez-vous ce retour ?
Si je suis de retour, cela va être très particulier. Je vais retrouver le stade où j’ai lancé ma carrière. Cela va me faire bizarre d’être dans le vestiaire de l’équipe adverse, je vais revoir mes anciens coéquipiers comme Owen (Gene) ou Matthieu (Rongier). Ce sera aussi l’occasion de retrouver ma famille qui sera en tribune. C’est une occasion spéciale que je n’ai pas envie de louper. Je ressens vraiment de l’excitation. Cela fait deux semaines que je ne pense qu’à ça. J’espère vraiment être du voyage. J’ai vraiment envie de retrouver tout le monde, de passer un bon moment avec eux après le match. Pour ce qui est du terrain, je ne pense qu’aux trois points et à me lancer avec mon nouveau club.
Quel regard portez-vous sur le premier tiers de saison de l’Amiens SC ?
Comme Caen, le début de saison était canon. Depuis, c’est un peu plus compliqué. C’est un peu comme l’an passé au final. Je ne sais pas pourquoi ça bloque un petit peu, parce que je ne suis plus au sein du club. En tout cas, cela reste une équipe avec de grosses qualités, à prendre au sérieux.
Grenoble semble aussi coincer depuis quelques semaines. Que se passe-t-il ?
De là à dire qu’on est en manque de confiance, pas du tout. On est un groupe qui vit bien, on est très bien positionné. La chance a tourné un petit peu, alors que le contenu de nos matches est intéressant. On a la possession, on se crée beaucoup de situations. Il manque un peu la finition. Défensivement, on encaissait peu au début de saison et là on cède sur pratiquement chaque situation. Ce sont ces petits détails qu’il faut régler.
Vous avez, à plusieurs reprises, valorisé l’environnement et le vestiaire à Grenoble. C’est différent de ce que vous avez vécu à Amiens ?
En arrivant ici, je m’étais dit que ça prendrait un peu de temps pour créer des liens avec mes nouveaux coéquipiers, sachant que je suis assez réservé en plus. Finalement, tout le monde m’a accueilli à bras ouverts, que ce soit les jeunes de mon âge ou les plus anciens comme Adri (Adrien Monfray), Loïc Nestor ou Brice (Maubleu). Il y a une bonne entente entre tout le monde, je n’avais pas encore vraiment connu ça. C’est très spécial et je pense que c’est ce qui fait notre force.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo à la une : Romain Biard/Icon Sport