A quatre mois du lancement du prochain exercice, le football français n’a toujours pas trouvé son diffuseur pour la période 2024-2029. Longtemps favori, DAZN semble sur le point de se retirer des négociations. Dans le même temps, un acteur historique pourrait faire un retour assez inattendu. Explications.
beIN Sports en première ligne, DAZN vers la sortie
Quatre ans après avoir diffusé son tout dernier match de Ligue 1, beIN Sports est désormais le grand favori pour rafler les principaux droits de diffusion de la Ligue 1. Actuellement détenteur d’un lot de deux matches (samedi 21h et dimanche 17h), la chaine qatarie l’a sous-licencié à Canal+ contre un chèque de 332 millions d’euros par an. Longtemps à la recherche de l’équilibre financier, beIN Sports avait décidé de revoir à la baisse son investissement dans les droits TV, après avoir signé un contrat de distribution assez lucratif avec Canal+ pour 250 millions d’euros par saison.
Mais face à l’incapacité des dirigeants du football français à convaincre un acteur émergent (DAZN) – qui a proposé 500 millions d’euros pour 8 à 9 matches – ou déjà dans le jeu (Prime Vidéo) de formuler une offre à la hauteur des attentes, soit environ 700 millions d’euros pour les droits domestiques, beIN Sports a progressivement infléchi ses positions, avec en toile de fond des enjeux géopolitiques dépassant le simple cadre du football. « Depuis plusieurs mois, le président se montre disponible s’il faut se manifester auprès de tel ou tel (acteur du marché) pour aider le football français, a expliqué une source gouvernementale à nos confrères de l’Equipe. Il l’a fait aussi auprès des Qatariens en disant toute l’importance que l’on y attache. »
Une surprise Canal ?
Depuis plusieurs semaines, beIN Sports cherche donc à s’assurer de pouvoir à nouveau investir massivement dans le football français sans remettre en cause son modèle économique. Par la suite, le diffuseur qatari compte également se positionner sur les droits internationaux, très vraisemblablement pour une somme autour de 200 millions d’euros – tout en sachant qu’une grande partie de la somme reviendra dans les caisses du PSG – selon le modèle de répartition qui valorise les performances des clubs en coupe d’Europe.
Ainsi, le football français peut encore espérer obtenir 900 millions d’euros par an sur la période 2024/2029, uniquement pour les droits de diffusion de la Ligue 1. Pour ne pas supporter seul le poids de cette charge, beIN Sports pourrait miser sur ses bonnes relations avec Canal+ pour réintroduire l’acteur historique dans les discussions avec la Ligue. En dépit de ses nombreuses déclarations depuis 2021, la chaine cryptée ne serait pas contre la possibilité de conserver une à deux affiches par journée. Le groupe dirigé par Vincent Bolloré gérant la distribution de beIN Sports, il pourrait donc se targuer de proposer 100% de la Ligue 1 à ses abonnés en empêchant un acteur comme Amazon – qui ne compte pas investir plus de 100 à 150 millions d’euros – de venir compléter à la marge l’offre de beIN Sports.
Pour rappel, 13% de la somme obtenue dans le cadre des droits TV sera directement ponctionnée par le fonds de pension CVC, qui a fait main basse à vie sur les droits TV du football français en ayant versé 1,5 milliard d’euros contre 13% du capitale de la société commerciale LFP Médias. 5% seront également retenus au titre de la taxe Buffet, à destination du sport amateur, sans oublier les 2,5% qui reviennent de droit à la FFF selon le protocole d’accord financier LFP-FFF. Ainsi, si la LFP parvient à atteindre la somme de 900 millions d’euros pour les droits domestiques et internationaux de la Ligue 1, ce sont en réalité 720 millions d’euros qui viendront irriguer les caisses des 18 clubs de l’élite pour les cinq prochaines saisons.
R.P.
Crédits photo : Johnny Fidelin/Icon Sport