A deux jours de ses retrouvailles avec l’Amiens SC, Christophe Pelissier a accepté de répondre aux questions du 11 Amiénois. S’il assure ne pas ressentir d’émotion particulière à l’idée de retrouver son ancien club, l’entraîneur de l’AJ Auxerre se méfie grandement de la formation entraînée par Omar Daf. Entretien.
Christophe Pelissier, quatre ans après votre départ, vous allez retrouver l’Amiens SC pour la toute première fois. Comment abordez-vous ces retrouvailles ? Est-ce un match particulier ?
Particulier, non. Dans notre métier, on est habitué à ce genre de match. L’an dernier, je suis retourné à Lorient six mois après mon départ. C’était encore plus particulier parce que c’était au Moustoir. Cela me fera sans doute quelque chose quand ce sera à la Licorne, où je ne suis pas retourné depuis plus de quatre ans, avec tous les moments qu’on a vécus là-bas. Ma carrière en professionnel a débuté à Amiens, ça ne changera jamais. J’ai passé des moments incroyables entre les différentes montées et maintiens. C’est quelque chose qui restera toujours. Maintenant, à part Gaël (Kakuta) et Régis (Gurtner), il ne reste plus aucun joueur. C’est plus au niveau des sphères dirigeantes que je vais retrouver plus ou moins les mêmes, que j’aurais plaisir à revoir. On fait un métier où on est amené à changer plus ou moins souvent de club.
Cela reste quand même le club avec lequel vous avez découvert la Ligue 1 et vous êtes l’entraîneur qui a permis à Amiens de faire le grand saut. Tout ça au terme d’un scénario fou…
Tout ça restera gravé à vie, personne ne pourra nous l’enlever. On a vraiment vécu des moments extraordinaires. Après, le monde du football fait que tout ça évolue rapidement. Cela fait déjà quatre ans, de l’eau a coulé sous les ponts depuis mon départ d’Amiens, même si ça restera toujours une part importante de ma carrière.
Ressentez-vous encore un peu d’amertume par rapport à la fin de cette belle aventure en mai 2019 ?
Malheureusement, ça fait aussi partie de notre métier. J’aurais aimé dire au revoir au public, parce qu’on a vécu des trucs incroyables ensemble. Il ne faut pas rester sur ça, il faut savoir passer autre chose. C’est le football de maintenant qui veut ça. Il y a moins d’attachement.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’Amiens SC depuis votre départ ?
Il y a eu une descente logiquement difficile à digérer, parce qu’il restait dix journées. On ne saura jamais ce qu’il aurait pu se passer. J’ai eu les instances du football français une fois contre moi, je sais exactement ce qui peut se passer. Ce n’est jamais facile d’amortir une descente, on le vit actuellement avec Auxerre. Il faut que les gens comprennent ça. Il y a des clubs comme Metz qui arrivent à faire des aller-retours, mais c’est très rare. Il y a beaucoup de transformations au niveau des clubs, que ce soit sur le plan économique ou sportif. On connaît l’impatience des gens autour, qui n’est pas toujours facile à canaliser.
On sait aussi la Ligue 2 va devenir une Ligue 1 bis et c’est déjà beau pour Amiens de faire partie des 36 meilleurs clubs français
Un club comme Amiens a su le faire ne restant en Ligue 2, ce qui n’est pas le cas de clubs comme Dijon ou Nîmes qui sont tombés. On a le sentiment que ça reforme un groupe de qualité. Il ne faut pas oublier qu’ils étaient premiers en octobre l’an passé, il y avait déjà un groupe de qualité. On sait aussi que la Ligue 2 va devenir une Ligue 1 bis et c’est déjà beau pour Amiens de faire partie des 36 meilleurs clubs français, puisqu’il n’y en aura plus que 36 l’année prochaine. Et s’il y a une année exceptionnelle, avec toutes les planètes alignées, pourquoi pas retrouver la Ligue 1.
En attendant, ce n’est pas illogique de retrouver Amiens en Ligue 2 ?
A l’heure actuelle, ce n’est pas illogique qu’Amiens soit en Ligue 2. Faire partie des 36 clubs à haut niveau, c’est déjà bien. Tout en sachant que la Ligue 1 ne doit plus être un plafond de verre puisque ça a déjà été fait. Il faut aussi le petit brin de réussite. Il y a en tout cas la possibilité d’aller voir en haut une autre fois.
Omar Daf a placé Auxerre parmi les favoris, estimant que votre équipe ne pouvait pas se cacher. Quelles sont vos ambitions avec l’AJ Auxerre ?
Pour moi, il y a deux grands favoris que sont Saint-Etienne et Bordeaux, par rapport à la qualité et la profondeur des effectifs. Nous, on est en reconstruction, il ne faut pas oublier qu’il y a eu quinze départs pour quatre arrivées. J’attends de voir où on en sera après le match contre Bordeaux le 2 septembre. On aura joué cinq matches, mon effectif sera stabilité et on verra où on se situe à ce moment-là. L’année dernière, le gros favori annoncé qu’était Saint-Etienne était dernier à Noël. Il faut donc faire attention dans un championnat où il y a quatre descentes aussi. Dans un premier temps, ce n’est pas que je ne veux pas assumer un statut, on a juste comme objectif d’être une équipe performante.
On a plus de 9 000 abonnés, il y a un monde fou aux entraînements, on aura plus de 12 000 personnes samedi soir.
Pour cela, on s’attèle à reconstruire un effectif qui a changé à 70%. Des clubs comme Saint-Etienne et Bordeaux ont amorti la descente et ils doivent absolument monter. Bien sûr qu’on a envie de retrouver la Ligue 1. Quand on y a goûté, on a tous envie d’y retourner, ça marche aussi pour Amiens. Ce qui est intéressant est que la dynamique pour un club qui descend est bonne. On a plus de 9 000 abonnés, il y a un monde fou aux entraînements, on aura plus de 12 000 personnes samedi soir. Tout ça veut dire que le public se retrouve dans ce que l’équipe montre sur le terrain et c’est ça le plus important.
Où situez-vous l’Amiens SC dans cette hiérarchie très dense qui s’annonce en Ligue 2 ?
Pour moi, Amiens peut logiquement prétendre au top 5, dans les équipes qui vont se battre en fin de saison pour la montée. Ils ont l’effectif pour, le coach pour aussi. Il a fait du bon travail par le passé, même si ce fut plus difficile à Dijon. Amiens fait partie des équipes qui vont nous permettre de savoir où on en est par rapport au niveau de la Ligue 2. Parce qu’il est difficile de tirer des enseignements du premier match.
Ce match contre l’Amiens SC fait donc un peu office de match test pour Auxerre ?
Chaque match à son histoire. Je dis simplement que quatre ou cinq joueurs d’Amiens ne dépareilleraient pas au niveau au-dessus. On s’attend donc à un match difficile. Ce sera un bon match étalon et un bon match pour certains jeunes qui débutent chez nous pour se confronter au niveau de la Ligue 2. La semaine dernière, je pense que Valenciennes n’était pas prêt pour faire un gros match de Ligue 2. Ce sera différent contre Amiens et on en saura plus sur nous à l’issue des quatre matches à venir contre Amiens, Angers, Grenoble et Bordeaux, qui finiront tous dans la première partie de tableau.
Tous propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Aude Alcover/Icon Sport
Pas rancunier M. Pellissier, malgré le traitement qui lui a été fait. C’est classe, et tout à son honneur !
LE BOSS content de le revoir à la licorne
Dans quelques mois
Vivement le match retour à la Licorne pour que le public lui rende l’hommage qu’il mérite et dont notre cher président nous a privé.