Convoqué pour la première fois avec le Mali après un début de carrière contrarié par les blessures à l’Amiens SC, Mustapha Sangaré est dans la forme de sa vie. Alors qu’il pourrait vivre ses débuts en sélection ce jeudi, l’attaquant de 26 ans compte bien poursuivre son envol avec les Aigles.
Après la galère à Amiens, le bonheur au Mali
Il y a quelques années, il n’aurait même pas osé y croire. Pourtant, en cette fin de mois de mars, Mustapha Sangaré ne profite pas de la trêve internationale à Sofia, son nouveau chez-lui. Il y a quelques jours, le natif de Paris a embarqué à destination de Bamako, après avoir appris qu’il allait vivre son premier rassemblement avec les Aigles du Mali. « C’était incroyable, nous confie-t-il à propos de ce moment hors du temps. J’ai ressenti à peu près la même émotion que quand j’avais signé mon premier contrat pro à Amiens, peut-être même encore plus fort. » D’autant plus quand l’on sait d’où il revient.
Débarqué à Amiens en 2020, à 21 ans, après s’être révélé au Racing Club de France, Mustapha Sangaré connaît pourtant rapidement un sérieux coup d’arrêt. Ses trois années en Picardie, marquées de pépins physiques, d’un prêt mitigé à Bastia-Borgo et d’atermoiements avec la direction sur son départ, le forgeront pour la suite. « Après tout ce que j’ai traversé à Amiens – ma grosse blessure, la maladie avec cette bactérie dans le dos et les mois de galère qui ont suivi -, c’est vraiment une consécration pour moi. Porter ce maillot, c’est quelque chose d’exceptionnel », renchérit le principal intéressé.
Au point mort en France, l’ancien de Vincennes s’exporte à l’été 2023 pour lancer sa carrière. D’abord à Varzim, en troisième division portugaise, où ses performances tapent bientôt dans l’œil du Levski Sofia, « le plus grand club de Bulgarie », ne manque-t-il pas de rappeler. « Super bien physiquement » et enfin « épargné par les blessures », Mustapha Sangaré ne s’arrête pas en si bon chemin et poursuit son ascension malgré le grand saut de la D3 portugaise à un prétendant à l’Europe : « Quand j’enchaîne, je prends confiance et tout roule naturellement ».
Le Levski Sofia comme tremplin
« C’est vraiment ma première saison complète dans un club de première division, poursuit le Franco-Malien. Avant, je n’avais jamais eu cette continuité sur une saison entière, donc c’est une belle expérience pour moi. Je joue quasiment tous les matches, j’ai gratté beaucoup de titularisations, et j’arrive à être décisif avec des passes décisives et des buts. » Six réalisations et autant d’offrandes (en 27 matches) qui, au-delà de convaincre le sélectionneur Éric Chelle de l’appeler, nourrissent son ambition, bien loin de ses déboires à Amiens et du marasme ambiant à la Licorne.
Être appelé une fois, c’est bien, mais le plus dur, c’est d’y rester.
Mustapha Sangaré à propos de sa première convocation avec le Mali
« Si l’année prochaine, j’ai l’opportunité de jouer une compétition européenne, que ce soit la Ligue Europa ou la Ligue Conférence, ce serait une étape incroyable dans ma carrière, se projette le golgoth d’1,96m. Il y a encore quelques années, je ne m’imaginais même pas disputer une Coupe d’Europe, ni même jouer dans un club de première division. » Et encore moins être en mesure de rejoindre les rangs du Mali, son pays d’origine, après une carrière professionnelle entamée sur le tard et jonchée d’obstacles.
« Maintenant, mes objectifs sont clairs : rester le plus longtemps possible en sélection, annonce-t-il plein de détermination. Être appelé une fois, c’est bien, mais le plus dur, c’est d’y rester. Donc je vais continuer à travailler pour m’imposer et montrer que j’ai ma place sur le long terme. » Premier épisode ce jeudi soir dans le cadre des qualifications au Mondial 2026 face aux Comores… de Rémy Vita et Rayan Lutin. Un rendez-vous africain à l’accent amiénois, dira-t-on.
Enzo PAILOT, avec Romain PECHON
Crédits photo : Matthieu Mirville/Icon Sport
