Alors que l’Amiens SC marque cruellement le pas depuis le mois de septembre, Omar Daf est au centre des critiques des supporters. Remis en cause pour sa frilosité et certains de ses choix, l’entraîneur de 46 ans est-il vraiment le principal responsable de l’agonie automnale de son équipe ? Décryptage.
Omar Daf, la cible facile ?
« Un coaching cataclysmique« , « aucun plan de jeu, aucune animation offensive« , « il est temps de dire au revoir à Daf« , les critiques à l’égard de l’entraîneur de l’Amiens SC n’ont pas manqué après la défaite à Troyes mardi soir. Après des débuts idylliques, avec quatre victoires en cinq matches, la belle histoire entre le club picard et Omar Daf a rapidement pris une autre tournure. Entre des résultats décevants (ndlr : 2 victoires sur les 12 derniers matches de Ligue 2) et un fond de jeu toujours plus désespérant, l’état de grâce estival s’est rapidement transformé en défiance automnale.
Et si l’ancien coach de Sochaux et Dijon a bien évidemment sa part de responsabilité, des choix pouvant être légitimement contestés, certains observateurs lui trouvent des circonstances atténuantes. « Omar Daf contesté, d’accord. Maintenant, j’ai toujours une retenue car j’aimerais bien le voir et l’évaluer avec un effectif cohérent, lance Mathieu Dubrulle, journaliste et commentateur des matches de l’Amiens SC pour France Bleu Picardie. Cette équipe est un cadeau empoisonné. Pour qu’on puisse affirmer de manière certaine qu’il est oui ou non l’entraîneur adapté pour Amiens, commençons par lui donner une équipe digne de ce nom. »
L’Amiens SC, un club impossible à entraîner ?
D’autant qu’Omar Daf a déjà avalé pas mal de couleuvres depuis son arrivée en Picardie. Souhaitant un latéral gauche expérimenté, avec dans le viseur Abdallah Ndour, il a dû composer avec le très jeune Kassoum Ouattara, qui plus est vendu en pleine saison. Dans l’axe de la défense, l’ancien latéral avait rapidement ciblé le déficit à la relance, sans que son avis soit réellement pris en compte par la cellule de recrutement. Mais le dossier sensible reste celui de l’avant-centre pour lequel Omar Daf souhaitait un profil percutant, un attaquant de profondeur, avant de voir débarquer Andy Carroll le 31 août, un joueur aux antipodes du portrait-robot dressé.
« Cela fait huit ans que ça dure, que tous les entraîneurs se cassent les dents ! Et Omar Daf était pourtant au courant, ses prédécesseurs l’avaient prévenu, ils sont tous ressortis lessivés de leur passage à Amiens, rappelle Mathieu Dubrulle. Le seul qui a réussi dans ce contexte difficile reste Christophe Pelissier. Avec son staff, ils ont réussi l’immense exploit de faire monter surtout de maintenir Amiens dans des conditions rocambolesques en termes de recrutement. La première année, on lui amène quatre joueurs le 31 août, pas athlétisé et avec la barrière de la langue. L’année suivante, on lui met Ganso qui n’était pas absolument pas adapté à son plan de jeu. »
Les conséquences d’une politique sportive contestable
Sans oublier la gestion rocambolesque de l’intersaison 2020, avec des joueurs mis à l’essai au compte-gouttes, sans que l’entraîneur de l’époque – en l’occurrence Luka Elsner – n’ait réellement son mot à dire. Et si ce dernier n’était sans doute pas l’homme de la situation lors de sa nomination sur le banc de touche amiénois en août 2019, il a prouvé depuis sa qualité en rebondissant notamment au Havre, dans un contexte bien plus favorable à son épanouissement. Par la suite, les coaches se sont donc succédé à Amiens, avec des profils assez différents, sans qu’aucun ne parvienne réellement à convaincre.
La faute à qui ? Aux coaches en question ? Qui avaient pourtant prouvé avant leur passage à Amiens, comme Oswald Tanchot au Havre ou Philippe Hinschberger à Metz et Grenoble et qui ont su rebondir positivement depuis à Sochaux et Niort. Ou plutôt à la direction à la direction du club, incapable de créer un climat de travail serein et favorable aux entraîneurs qui se succèdent de plus en plus rapidement sur le banc de touche amiénois ? En fonction des résultats sur les trois prochains matches, Omar Daf pourrait bien être le nouveau fusible facile qui calmera – temporairement – la colère de certains supporters.
Pour autant, son départ ne réglera pas le problème de fond de l’Amiens SC, à savoir l’absence systémique de vision sportive. Et pourtant, c’est bien de celle-ci que tout découle, du choix d’un coach au projet de jeu identifié jusqu’à la construction concertée d’un effectif. Preuve que le mal est bien plus profond que le simple sort d’un Omar Daf finalement peut-être bien davantage victime que coupable de la situation actuelle.
Romain PECHON
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport
Faut arrêter de défendre Williams et Joanin, ils ne sont motivés que par les plus-values, il n’y a pas d’autre projet derrière. Amiens est un club de L2 depuis de longues années, avec ou sans eux il le restera. Sans la belle parenthèse Pellissier, nous serions toujours un club anonyme.
L’ASC est monté sur un malentendu et une 96eme minute. Sinon 27eme ville de France Amiens, place en plein milieu de la L2, pas d’histoire, pas de gros sponsors et des supporters-spectateurs peu nombreux et assez mous. C’est ainsi. Mais avant la présidence actuelle nous étions chaque saison TOP 5 des budgets, mais à l’envers, et en L2 on luttait souvent sur le maintien en étant en moyenne 13eme. Depuis 2010 c’est plutôt 10eme en L2 le classement moyen, le progrès est modeste mais il a permis les conditions un jour de la L1…pour le trading vous avez raison: c’est obsessionnel et au détriment du sportif!
Sauf si on sort en Coupe et qu’on perd les deux matches derrière, je ne pense pas que Daf sera « le fusible » évoqué dans l’article, on va sans doute continuer avec lui. L’effectif n’est pas non plus si mauvais et déséquilibré qu’écrit, combien de coaches de L2 rêveraient d’avoir Kakuta, Fofana, Carroll, Gurtner, Corchia, Kaiboué? à mon avis pas mal! Pour le reste oui Williams fait dans son coin le recrutement, c’est pas toujours cohérent et y’a des boulettes, mais Daf aura au mercato hivernal les joueurs en + pour largement maintenir le club. On se fait peur pour rien, on adore ça à Amiens! On adore aussi détester le président et son recruteur, mais qu’en sera t il quand ils ne seront plus là?
Tout a fait de votre avis cela ne changera pas grand chose
Article bien fidèle à la situation du club. Un recrutement sans cohérence qui dure depuis plusieurs années. L’entraîneur n’est responsable mais subit les affres du recrutement