Quelques jours après le départ d’Andy Carroll à Bordeaux, Omar Daf n’a pas eu d’autre choix que de miser sur la jeune garde de l’Amiens SC face à Clermont. Au sein de celle-ci, Louis Moussier a fait ses grands débuts professionnels, vendredi soir. Et même si cela n’a été qu’une histoire de secondes, l’émotion était au rendez-vous pour cet enfant du club.
Louis, racontez-nous ce que vous ressentez lorsque vous faites votre entrée en jeu, pour la toute première fois en match professionnel ?
Quand je rentre, je suis stressé, un peu ému. J’avais les larmes aux yeux. Il y avait papa derrière moi pour m’encourager. J’ai réussi à gratter ma petite minute de temps de jeu, ça fait plaisir. Je sens l’équipe fatiguée, on sent que c’est difficile, ça pousse. On a su rester solide, faire les fautes intelligentes. Le coach et le président étaient contents du résultat. C’est tout ce qui compte.
L’enjeu était énorme quand vous faites votre apparition sur le terrain…
C’est vrai. Quand il y a le penalty, on se dit qu’il va le rater. On lui a un peu porté l’oeil. A partir de ce moment-là, on a subi mais on a su tenir, remonter le ballon, continuer à défendre en bloc. On a tenu jusqu’au coup de sifflet pour avoir les trois points et la prime (sourire). On sent beaucoup de fatigue dans l’équipe, on va jouer trois matches cette semaine, mais on va essayer de compenser ça avec des efforts collectifs.
Quand on voit le banc, on peut se poser des questions. Vous êtes tous très jeunes. Comprenez-vous les inquiétudes ?
Hormis Osaze (Urhoghide), c’est vrai qu’on est tous très jeunes. Maintenant, si on entre en jeu, on est là pour montrer au coach qu’on veut prendre la place des « vieux ». On veut aussi prouver qu’on a notre place. En ce qui me concerne, je joue habituellement en U19, je peux constater que ce n’est vraiment pas la même intensité. Quand j’ai fait mon entrée contre Metz (début août en match amical, ndlr), j’ai vu que je n’étais pas encore prêt physiquement. Je me prépare en conséquence, je ne suis pas encore totalement prêt mais ça ne devrait pas tarder.
On parle souvent des jeunes issus du centre de formation. Certains arrivent en réalité à 15-16 ans. Ce n’est pas votre cas, vous êtes un enfant du club. Cela doit décupler l’émotion ?
Je suis là depuis l’âge de six ans. J’ai commencé ma formation ici. C’est une grande fierté. A la fin du match, je donne mon maillot à mon papa, il y a son nom derrière, il est tout content. Cela donne forcément le sourire.
Comment appréhendez-vous le fait de retourner jouer en U19 le week-end après avoir passé la semaine au sein du groupe professionnel ?
J’essaie simplement d’apporter ce que j’ai appris dans la semaine. Je suis là pour pousser l’équipe au maximum, montrer ce que je sais. Je suis là physiquement et mentalement. La motivation est la même qu’importe l’équipe dans laquelle je joue. Le football est ma passion, je veux simplement en faire mon métier.
On imagine que la prochaine étape reste le contrat professionnel ?
Je ne vais me précipiter. J’ai encore de l’expérience à acquérir, beaucoup à prendre physiquement. Je suis jeune, ce sera peut-être dans 2 ou 3 ans, à 25 ans… Je ne suis vraiment pas pressé en tout cas.
Propos recueillis par Romain PECHON
Photo d’illustration : Christophe Saidi/FEP/Icon Sport