Après que le RC Lens a été élu club nordiste de l’année par La Voix des Sports pour la deuxième fois consécutive, Franck Haise s’est notamment attardé sur la construction d’un effectif et la gestion d’un collectif. Et le technicien lensois n’a pas mâché ses mots.
Un effectif équilibré, la clé du succès ?
Fin tacticien, Franck Haise est aussi peu à peu devenu un manager d’hommes de renom. Et les preuves sont nombreuses : atmosphère joyeuse dans le vestiaire, éloges récurrents de ses joueurs, tensions rarissimes voire inexistantes, etc. Pour autant, cette force ne tient jamais à grand-chose. « Le sport de haut niveau est un équilibre instable », décrypte l’entraîneur du RC Lens à La Voix des Sports, avant d’analyser le processus de construction d’un effectif : « Il faut qu’il soit dimensionné, qu’on puisse, même dans l’enchaînement des matchs, quand il y a de la fatigue, des suspensions, des blessures, rester avec un groupe toujours assez homogène. Parfois il peut être plus fort, ou avec un banc un peu plus étoffé, mais il ne faut pas qu’il soit surdimensionné non plus, ça ne sert à rien. J’ai déjà des joueurs qui font de bons entraînements et qui ne jouent pas beaucoup… »
Les supporters l’ont bien remarqué et, comme un peu partout, des critiques plus ou moins vives émergent sur les choix de l’entraîneur. L’exemple le plus parlant se nomme Ayanda Sishuba, pépite du centre de formation entrée en jeu à deux reprises cette saison. « Je ne vais pas pour faire plaisir aux supporters changer et faire jouer ces joueurs s’il y en a d’autres qu’avec mon staff, on estime meilleurs, clarifie Franck Haise. Un entraîneur ne fait pas des choix pour faire jouer la moins bonne équipe. Qu’il ait raison ou tort, c’est un autre problème mais c’est quand même moi qui fais les choix. Je sais bien, tout le monde veut que le petit jeune du centre joue, que la recrue joue, que lui, il faut l’essayer là, et machin ceci. Les amis, passez vos diplômes et devenez entraîneur ! Sinon continuez à écrire vos trucs. »
Franck Haise, manager dans l’âme
Si la taille idéale d’un effectif est « un noyau de 16-17 dans tous les clubs, même ceux qui font l’Europe », « le groupe idéal, il n’existe pas de facto, il se crée », note le technicien artésien. Si vous laissez des tensions se créer ou s’accentuer, si en même temps qu’il y a de l’exigence, vous ne protégez pas aussi vos joueurs par moments, le groupe idéal, il peut exploser. C’est un souci du quotidien pour moi, mais aussi pour le staff et pour les joueurs qui ont de la bouteille et qui savent très bien qu’avec les ego, les problèmes de chacun, un effectif peut être fragile et qu’il faut s’en occuper sans cesse. C’est le travail de tout le monde, évidemment le mien dans la façon de manager, de faire des choix, d’être le plus juste possible mais aussi celui de chaque membre du groupe. »
Sous peine que l’équilibre soit rompu et que le groupe craque. « Chacun sait la fragilité d’un groupe d’une cinquantaine de personnes, il ne faut pas croire que tout est facile, souligne Franck Haise. Il y a des moments de doute, de blessure, de fatigue, où les émotions prennent le pas… […] C’est une grande force depuis plusieurs années. Ce qu’on fait depuis près de quatre ans est aussi lié à cet aspect-là. Sinon ça aurait pu exploser, en début de saison (dernier avec 1 point après 5 journées, ndlr). Et même la saison dernière, on a eu un moment de moins bien en janvier. Mais il ne faut pas croire que c’est la partie la plus facile du métier. » Car si le RC Lens a su reprendre sa marche en avant après un début de saison cauchemardesque, ce n’est évidemment pas qu’une histoire purement technico-tactique.
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