Élu joueur valenciennois de l’année par nos confrères de La Voix des Sports, Aymen Boutoutaou se livre sur le travail personnel effectué depuis des années pour en arriver là. S’il met le collectif au centre de son attention, l’Algérien en dit plus sur son style de jeu provocateur au cœur d’une saison cauchemardesque pour le VAFC.
Aymen Boutoutaou prend en maturité
Son profil est unique au VAFC. Joueur le plus technique de l’effectif, tantôt frustrant, tantôt capable de coups d’éclat, Aymen Boutoutaou a récolté les fruits de son travail en s’imposant comme l’un des leaders de son club formateur, à 22 ans. Jusqu’à être élu joueur valenciennois de l’année 2023 par La Voix des Sports, à qui il a accordé une interview. « C’est toujours plaisant quand ça vient des autres, même si le plus important cela reste l’équipe et les résultats. Surtout en ce moment », commente l’Algérien, conscient de la situation catastrophique dans laquelle est enlisé le VAFC, dernier de Ligue 2 avec seulement 11 points au compteur.
J’ai progressé je pense. J’ai changé aussi pas mal de choses dans le travail invisible.
Et si le contexte collectif est loin d’être au beau fixe, Aymen Boutoutaou n’en est pas moins convaincu par son développement individuel. « J’ai progressé je pense, embraye-t-il. J’ai changé aussi pas mal de choses dans le travail invisible. Les blessures que j’ai eues étaient souvent liées à des coups, musculairement je fais plus attention. Quand je sens un petit truc, je ne prends pas de risque. Même si j’ai un style de jeu qui défie l’adversaire et fait que je prends pas mal de coups. Depuis tout jeune j’en ai toujours mangé alors je suis habitué. »
Un artiste mal accompagné ?
Un style détonant et détonateur dont il a fait sa marque de fabrique, jusqu’à avoir un geste favori. « Je dirai la feinte semelle, revèle le milieu offensif. Je décale le ballon, je regarde au loin, je fais semblant d’envoyer une mine et en fait, je la prends de la semelle ou de l’intérieur. À chaque fois l’adversaire se tourne ou saute. De manière générale, j’aime bien accélérer le jeu. » S’il se plaît à changer de rythme, Aymen Boutoutaou ne parvient pas toujours à faire suivre l’acte à la parole. Privilégiant quelquefois la solution individualiste ralentissant le jeu quand celui-ci appelle peut-être une approche plus collective et directe, le natif de Lille possède encore une réelle marge de progression sur ce point.
L’Algérien enchérit : « Je pense que je préfère distribuer, faire des passes décisives même si le foot d’aujourd’hui, il faut avoir des stats et marquer le plus possible ». Des axes de progression qui se situent également sur l’aspect statistique ? « Oui, largement, conçoit-il. Je pense que je peux faire beaucoup mieux. Marquer et faire plus de passes décisives, je dois être capable de le faire et ça permettra au club d’être mieux au classement. » Un club en grand danger – le VAFC a neuf points de retard sur le premier non-relégable – qui a besoin d’un grand Aymen Boutoutaou pour se sauver.
Mais la réciproque est aussi valable, alors que le niveau de l’effectif valenciennois est de plus en plus remis en cause. « J’ai l’impression que parfois, quand j’ai le ballon en phase offensive, je suis isolé, décrypte le maître à jouer valenciennois. Je ne sais pas si c’est car les adversaires analysent mieux notre jeu mais auparavant, dès que je récupérais le ballon, j’avais une ou deux solutions. C’est moins le cas. Le football progresse, c’est de plus en plus difficile. » Un football mouvant, certes, mais aussi un appel du pied à sa direction afin de mener un mercato hivernal de grande envergure ?
Crédits photo : Loic Baratoux/Icon Sport
