Promu en Serie A mais également titré avec Lecce depuis le 6 mai dernier, Valentin Gendrey vit une expérience exceptionnelle en Italie aux côtés de deux anciens partenaires à l’Amiens SC, Alexis Blin et Arturo Calabresi. Le défenseur formé dans la Somme s’est confié à nos confrères de RMC Sport sur son aventure transalpline.
La montée en Serie A
« Je suis encore sur un petit nuage. Je n’ai pas eu le temps de me poser. On a fait la fête entre nous, après le match, au sein du club. Je suis rentré en France ce week-end et j’ai encore fêté ça en famille. Mais ça viendra. Là je pense juste à profiter.
Chez les supporters, je l’ai vraiment ressenti. C’est le sud de l’Italie, ce n’est pas la région la plus riche d’Italie. Tout le monde aime le foot, ça occupe une grande partie de leur vie, que ce soit chez les enfants ou chez les personnes âgées. J’ai eu le sentiment d’un soulagement et qu’ils n’attendaient que ça. Au sein du club, il y avait la déception de l’année dernière et la défaite en demi-finale de playoffs de montée. Mais je n’ai pas senti un profond soulagement, contrairement aux supporters.
On a eu 28.000 personnes contre Pise, un stade plein le match de la montée. On a fait un entraînement ouvert au public juste avant ce match décisif contre Pordenone. C’était blindé, il y avait un monde fou. Tu sens que les gens aiment le foot. C’est le seul sport de haut niveau, c’est important pour eux.
On a eu la chance de jouer à domicile et valider notre montée dans notre stade. Il était plein. Une ambiance incroyable. C’est un moment inoubliable. Après le match, on était entre joueurs et staff sur le terrain. Puis les familles sont descendues et j’ai pu vivre ça avec mon petit frère. Sur le terrain, il y avait une communion avec les tifosi, mais on célébrait beaucoup entre nous. Après des fans sont descendus car ils étaient restés longtemps et ils ont fêté ça avec nous. À minuit, les dirigeants nous disent : ‘dans trente minute, on prend le bus et on va faire le tour de la ville.’ Il y avait un monde fou. Le bus ne pouvait pas avancer. On est rentrés à 4 heures du matin. »
Son départ et son intégration en Italie
« Au début, j’avais beaucoup d’appréhension. Je quittais mon club formateur, Amiens, qui était à 45 minutes de Beauvais, où habite ma famille. Je n’étais jamais vraiment parti loin de mon environnement. J’ai toujours été très famille. Et là, j’allais à Lecce seul, je ne parlais ni anglais ni italien. Donc tout ça était nouveau. Il y avait cette appréhension, mais aussi l’excitation de cette nouveauté car c’est ce que je voulais. Découvrir une nouvelle culture, apprendre rapidement l’italien et m’intégrer dans mon nouveau club. Sur le plan sportif, je voulais un vrai projet pour moi. Le directeur (Pantaleo Corvino, ndlr) m’a appelé lorsqu’on négociait et il m’a dit qu’il voulait me faire progresser. Il avait vu mes matches, il m’a débriefé mes qualités et mes points d’amélioration. C’est exactement ce que je voulais entendre. Bon, je ne comprenais pas l’italien mais c’est mon agent Bruno Satin qui me faisait la traduction.
Je m’étais dit que si j’avais cette opportunité, je la saisirais. À l’intersaison, j’étais sur une tendance de stand-by, c’est à dire de rester à Amiens. Je n’avais joué qu’à partir du mois de janvier en équipe première et je me disais que ça serait bien de confirmer en faisant une saison pleine. Le discours des dirigeants était un peu différent. Ils m’avaient dit qu’ils voulaient recruter un défenseur central, poste que j’occupais, et je m’étais dit alors que j’allais pouvoir jouer latéral, mais eux ne me voyaient pas à ce poste. Donc, quand Lecce est arrivé, je n’ai pas du tout hésité.
Alexis (Blin) et Arturo (Calabresi) m’ont beaucoup aidé au début. Alexis est presque bilingue, il parle anglais normalement. Je suis arrivé, je ne comprenais pas un mot et c’est Arturo qui m’expliquait tout en même temps. La chance que j’ai est que l’italien a des racines identiques au français. Finalement, on apprend très vite. J’ai pris des cours et je comprends tout sur le vocabulaire foot. Sur la vie en dehors des terrains, je comprends presque tout. Et j’arrive à parler avec mes coéquipiers.
La progression tactique
« Depuis que j’ai 14-15 ans, mon père me disait que si j’avais l’opportunité d’aller en Italie, en tant que défenseur, je devais sauter sur cette occasion car c’était le top tactiquement. Avec un peu de recul, je confirme. Le football italien offre cette capacité de progresser pour les défenseurs.
Avant d’arriver en Italie, je ne regardais pas spécialement la Serie A, et la Serie B encore moins. Donc, moi, je me dis le truc habituel : en Italie, le jeu est fermé, les équipes sont disciplinées, etc. Premier match officiel, c’était en Coupe d’Italie contre Parme, le coach nous dit : ‘aujourd’hui, on fait de l’individuel tout terrain.’ Il demande à l’un de nos défenseurs centraux de suivre l’attaquant même s’il décroche jusque dans sa propre surface. On a été en situation de un-contre-un quasiment tout le match en défense. On était loin du double rideau défensif (rires). Je n’avais jamais vu un coach dire à un central de suivre l’attaquant à 80 mètres de ses propres buts. Avec l’entraîneur, on a joué dans plusieurs configurations et on a su s’adapter. Souvent, on a fait de l’individuel sur les six mètres adverses ou face à des adversaires bien précis.
Avec ballon, les latéraux ont tendance à être plutôt à l’intérieur avec le milieu qui colle la ligne, ce qui nous permet de jouer aussi sur les attaquants directement. Moi, j’avais l’habitude d’être toujours proche de la ligne et le coach m’a dit ‘Si tu restes là, tu veux faire quoi ? Tous les angles de passe sont plus difficiles.’ On avait plusieurs utilisations du triangle de côté et des permutations entre intérieur du jeu et long de ligne. On était capable de nous adapter au système adverse, surtout si l’adversaire jouait à 3 derrière. On a un bloc plutôt bas sans ballon, on est très resserré, très discipliné. Si le ballon est à l’opposée, toujours avoir un oeil et se préparer au changement de côté. Il insiste beaucoup sur la concentration à avoir. »
Source : RMC Sport