Défait sur sa pelouse par Amiens (0-1), le VAFC ne s’est pas relancé au grand dam d’Ahmed Kantari. Frustré et déçu par le visage affiché en première mi-temps, l’entraîneur valenciennois veut capitaliser sur un second acte où VA n’aura jamais abdiqué et n’a, peut-être, pas été récompensé à hauteur de ses efforts. Entretien.
Ahmed, quels enseignements tirez-vous de ce match ?
« Ce qui ne me plaît pas, c’est cette fâcheuse habitude à encaisser le but en premier. Il va vite falloir changer cela parce que courir après le score dans l’état de confiance dans lequel on est, ça va être compliqué. Il va falloir aborder les matches d’une manière beaucoup plus solide parce que ça joue sur la confiance. En première mi-temps, j’ai vu une équipe trop timorée à mon goût, avec trop peu de jeu vers l’avant pour pouvoir déstabiliser cette équipe d’Amiens.
Il y a une chose qu’on ne peut pas enlever aux joueurs ce soir : ils n’ont pas lâché.
En deuxième mi-temps, c’était beaucoup mieux. J’ai trouvé que mon équipe a fait preuve de caractère. Les entrants ont beaucoup apporté. On a vu une équipe qui a pris des risques, qui a joué vers l’avant et qui s’est procuré des situations – pas assez encore à mon goût pour forcer le destin et le résultat. Il y a une chose qu’on ne peut pas enlever aux joueurs ce soir : ils n’ont pas lâché. Jusqu’à la dernière minute, ils y ont cru. Il va falloir s’appuyer sur cela. On a encore trois matches d’ici fin janvier, il faut faire basculer la confiance de notre côté.
Le penalty concédé vous semble-t-il judicieux ?
J’ai revu les images et je suis un peu indécis sur cette décision. Notre gardien fait une super parade, qui sort un peu de nulle part – mais je ne suis pas surpris. C’est à revoir sous différents angles. J’ai envie de dire que c’est plutôt la tête de l’Amiénois qui est basse, même si on peut le tourner dans le sens qu’on veut. Je trouve que l’arbitre, à ce moment du match, dégaine un peu vite le point de penalty.
Vous parliez de l’importance du mois de janvier…
C’est un mois sur lequel il va falloir faire tourner la confiance du bon côté. On a grillé une première cartouche, il nous en reste encore trois. Ce groupe est certes en manque de confiance, mais à l’image de cette deuxième mi-temps – avec tout le respect que j’ai pour Amiens -, je pense qu’on peut espérer faire mieux dans ce championnat face à ces adversaires.
Vous avez terminé ce match avec beaucoup de jeu vers l’avant. C’était une consigne ?
C’était une consigne. Je n’étais vraiment pas content de la première mi-temps. Il manquait cette audace à vouloir aller vers l’avant et mettre sous pression l’adversaire. Il faut qu’on mette beaucoup plus de verticalité dans notre jeu. En première mi-temps, c’était pas mal sur les phases de construction, on arrivait à trouver des joueurs dans l’interligne assez aisément. Mais une fois que cet interligne est trouvé, il faut attaquer cette profondeur et mettre les ballons où on peut créer du danger. On l’a trop peu fait en première mi-temps.
N’avez-vous pas été plus dangereux en passant sur les côtés et en exploitant les seconds ballons ?
Je l’ai dit à la mi-temps : on n’a pas été bons sur les seconds ballons, que ce soit défensif ou offensif. Dans n’importe quel championnat, et encore plus en Ligue 2, quand on n’est pas bons sur les seconds ballons, c’est compliqué d’exister. C’est clairement un axe de progression. Mais après, il faut aussi les profils pour gagner les seconds ballons. Le problème, c’est aussi un problème de poids et de taille. L’aspect athlétique joue forcément. Aujourd’hui, Amiens avait des joueurs plus forts que nous dans ce domaine.
Il y avait beaucoup de positivité avant ce match. Comment entretenir ce discours après cette défaite ?
Il faut dissocier le contenu du résultat dans une analyse de match. À chaud, on est plus sur l’analyse du résultat. Le contenu prend un peu plus de temps. Mais je le vois clairement : en deuxième mi-temps, je vois plus une équipe que fait « mieux » plutôt qu’une équipe qui fait « moins bien ». C’est important, ce sont des choses sur lesquelles il faut capitaliser. Rome ne s’est pas fait en un jour, on est en train de construire. Forcément que ça prend du temps forcément qu’on construit mieux et plus vite avec des victoires. Mais aujourd’hui, on voit quand même une évolution dans le contenu, dans ce que je vois de ce groupe. Il y a certaines qui m’ont beaucoup plu deuxième mi-temps.
Sauf que l’écart se creuse et la confiance se délite. Cela risque d’être compliqué de maintenir ce discours, non ?
Je ne maintiens pas un discours, je dis ce que je pense et ce que je ressens. C’est ce que j’ai dit aux joueurs et c’est ce que je dirai : il y a des manques et je les pointe. Je n’ai pas peur de dire ce qu’il nous manque. Mais quand il y a des choses positives, je suis aussi là pour capitaliser dessus. Il nous reste trois matches dans ce mois de janvier, il va falloir faire basculer la jauge du bon côté pour permettre à ce groupe d’enclencher quelque chose. Je suis persuadé qu’au moment où on va enclencher, il se passera des choses intéressantes.
Il y a un certain temps de réaction de la défense après l’arrêt extraordinaire de Lassana Diabaté…
Ça va très vite. Il (Jordan Poha, ndlr) réagit quand même. Après, bien sûr, on peut toujours faire mieux. Mais c’est surtout le moment du match où on prend ce but. Sur ce début de match, on doit être beaucoup plus imperméable. Il y a la finalité, mais on ne doit pas laisser l’adversaire centrer dans ce confort. Il y a beaucoup d’autres choses à analyser sur ce but.
Pour vous en sortir, il va falloir passer par plus de caractère…
C’est une certitude. Je pense que pour m’en sortir, il va falloir passer par beaucoup de choses (sourire). On va s’accrocher et s’appuyer sur des joueurs du type d’Anthony Knockaert. Je suis persuadé que les choses vont aller de mieux en mieux. »
Propos recueillis par Romain PECHON avec Enzo PAILOT
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport