A 41 ans, Zahir Zerdab a enfilé le costume de héros lors de la victoire de Camon contre Saint-Quentin (1-0), pour le compte du 5e tour de la coupe de France. Unique buteur de la partie, l’attaquant a décidé de prolonger le plaisir en revenant aux sources après une année du côté de l’AC Amiens. Entretien.
Zahir Zerdab, quel sentiment prédomine après ce but qui offre la qualification à l’US Camon pour le 6e tour de la coupe de France en éliminant Saint-Quentin, pensionnaire de National 2 ?
Cela fait toujours plaisir ! En plus, ce n’est pas un but de raccroc, c’est un beau but (rires). Sortir Saint-Quentin, ce n’est pas rien, c’était le gros morceau pour un club comme le nôtre. Je crois que Camon n’avait jamais sorti de club de National 2 dans son histoire. On s’est dit que ce serait très compliqué, mais finalement on a su évoluer en bloc-équipe, afficher une vraie cohésion. On ne va pas se mentir, ils ont eu le ballon, surtout en première mi-temps. Maintenant, on n’a pas été mis plus que ça en difficulté. Quand on a le ballon, on a aussi su sortir proprement, à développer du jeu et à aller jusqu’à leur but. Un adversaire m’a dit à la fin que notre qualification était méritée. Je pense qu’ils n’ont pas fait un grand match et nous étions à un peu plus de 100%. Du coup, les niveaux se sont rapprochés. Avec ce match, on a peut-être gagné une équipe !
Parce que cette surprise est assez inattendue au regard de votre début de saison assez poussif en championnat. On s’attendait davantage à voir Camon réaliser un tel exploit il y a deux ou trois ans qu’aujourd’hui…
Exactement. On a moins de qualités que lorsqu’on se fait sortir par Croix ou Beauvais. Comme quoi tu peux déplacer des montagnes quand tu as onze guerriers sur le terrain, que tu défends bien, que chacun fait les efforts les uns pour les autres.
Et symboliquement, vous inscrivez ce but victorieux, quelques semaines après votre votre retour au club…
Je savais qu’on allait réussir à marquer ce but, que ça allait arriver. Ils commençaient un peu à se dégarnir défensivement pour aller marquer le but leur permettant d’éviter la séance des tirs au but, on sentait qu’il y avait un coup à jouer. Sur un ou deux oublis, sur un ballon dans la profondeur, il en fallait pas plus pour marquer ce but. J’ai repris très tard l’entraînement et les deux premiers matches de championnat que j’ai joués m’ont un peu servi de préparation. Je commence à retrouver des jambes. Ce but me donne le sentiment que je suis encore là.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de refaire une année à Camon alors que la tendance était plutôt à un arrêt définitif après votre pige d’un an à l’AC Amiens ?
Même si on est descendu avec l’AC Amiens, cela a été une bonne expérience d’un point de vue personnel, je crois que je termine même meilleur buteur du club. J’ai découvert un nouveau club, un formidable coach en la personne d’Azouz (Hamdane). Il mérite tellement d’avoir une équipe de haut niveau pour son message et sa connaissance du football. L’AC Amiens a toujours été carré avec moi, il n’y a eu aucun souci. Je pensais vraiment arrêter, professionnellement étant occupé et mes petits commencent aussi à grandir. Je prends presque plus de plaisir à les accompagner dans leurs différents sports que dans ma propre pratique.
Maintenant, Frédéric Bornoville est un ancien joueur du club, avec lequel j’ai joué à l’époque de la PH. Il m’a appelé plusieurs fois, il m’a demandé de prendre une licence, ne serait-ce que pour venir dépanner quand c’était possible. Mais dépanner quand je peux, ça n’existe pas avec moi (rires). Si je prends une licence, je vais vouloir jouer régulièrement. Après ne pas avoir touché le ballon pendant deux-trois mois, l’envie de rejouer a pris le dessus. J’ai repris depuis trois semaines et c’est plutôt pas mal. Je suis aussi content d’essayer d’apporter mon expérience aux jeunes pour les guider au mieux.
Vous avez évoqué votre souhait que ce match permette de « gagner une équipe ». Cette qualification doit servir de déclic ?
Si on est capable de le faire contre Saint-Quentin, une équipe de National 2, on doit être capable de faire des choses en Régional 2. Pour cela, il faut arrêter d’être aussi perméable défensivement. Il faut afficher la même solidarité, la même abnégation. Si on est capable de défendre aussi bien tous ensemble, on tiendra le choc et on aura forcément des opportunités pour marquer.
En coupe de France, il ne reste plus qu’un tour à passer avant l’entrée en lice des clubs de Ligue 2. On imagine que c’est désormais l’objectif de Camon ?
On va attendre le tirage avant de trop se projeter. Ce serait bien d’avoir un tirage à notre portée, il reste encore pas mal de « petites » équipes, en tout cas d’équipes hiérarchiquement inférieures à la nôtre. Ce serait bien pour le club d’avoir un tirage « favorable » pour espérer aller au prochain tour et avoir l’espoir de se mesurer à une équipe professionnelle.
Tous propos recueillis par Romain PECHON