Originaire et formé au RC Lens, Timothée Kolodziejczak n’a jamais eu sa chance avec l’équipe première. La faute à la situation économique des Sang et Or, qui se sont servis du défenseur comme variable d’ajustement. Ce qui n’enlève en rien son attachement sans faille au club artésien, son « club de cœur ».
La priorité au RC Lens…
« Toute mon enfance, c’est Lens. Je suis né à Arras, à côté, mais j’ai vécu à Lens-même à cinq minutes du stade. Dès qu’il y avait un but, je l’entendais. Le RC Lens, c’est mon club de cœur, mes valeurs, mes principes. Je voulais commencer en pro à Lens, il n’y avait que Lens. J’avais mon groupe de potes. J’étais de la génération de Gaël (Kakuta). Je kiffais, j’étais avec mes potes, je ne me disais pas que je voulais être pro. Je voulais progresser, mais ce n’était pas une obsession d’être professionnel. Puis petit à petit, tu te prends au jeu. À 12-13-14 ans, tu prends un peu conscience et tu te dis pourquoi pas.
Au début, je jouais attaquant et milieu gauche. Une année, je reviens tard de vacances. Il y avait un nouveau coach en U14 Nationaux. Il a décidé de me mettre arrière gauche. J’ai kiffé, et c’est parti comme ça. Quelque temps plus tard, je me blesse mais Lens me fait un contrat. Lors de la première année en formation, je joue en U15 DH pour me remettre. La deuxième saison et les six mois suivants, je suis en Nationaux puis j’arrive en équipe de France. Puis l’Euro U17 arrive, et je fais un gros Euro. Cette année-là, Lens n’était pas bien. On me dit : “Si tu vas dans le dernier carré, tu signes pro”. On va en finale, où on se fait massacrer par l’Espagne (4-0).
…avant la réalité et l’OL
Entre-temps, Lens descend en Ligue 2, c’est le chaos. Mon cas passe après, logiquement. Ils m’ont finalement proposé un contrat élite, ce qui ne m’intéressait pas. Je préférais en aspirant-stagiaire pour ne pas me bloquer. À ce moment-là, je rencontre Jean-Christophe Cano, qui a longtemps été mon agent. Manchester United était sur moi. Je vais là-bas, je découvre les installations. C’était pour aller dans l’académie et finir ma formation. J’avais 16 ans, j’étais sous pression de partir à cet âge-là, ça allait tellement vite. Je suis revenu en France, et j’ai vu que Lyon me voulait aussi. Je préférais aller là-bas : c’était le plus grand club français, je restais en France, je suis moins dépaysé, je sais que je vais progresser.
Gervais Martel et (Jean-Michel) Aulas étaient amis, et j’ai appris que mon transfert à Lyon était un accord pour aider Lens qui avait besoin de fonds. C’était un transfert de 3 millions. Ma vie a changé en claquement de doigt. Mais Claude Puel et Rémi Garde (entraîneurs de l’OL de l’époque, ndlr) ont quand même validé mon profil. J’étais en U18 avec Lens, même pas en réserve. Deux semaines plus tard, je me retrouve avec (Sidney) Govou, (Karim) Benzema et tout. Ma vie a changé du jour au lendemain, mais c’était une des années les plus difficiles parce que tu rentres dans un monde de requins où les mecs sont au top. Sur le terrain, il n’y avait pas de cadeau. »
Source : Le Club des 5
Crédits photo : Dave Winter/FEP/Icon Sport