ENTRETIEN LE 11 – Moins de 48 heures après l’officialisation de son départ, Sébastien Léraillé a choisi le 11 Amiénois pour un entretien grand format. Les motivations de son départ, le bilan de ses cinq années à l’ESC Longueau, le choix de Vimy et ses ambitions avec son nouveau club, l’entraîneur de 44 ans n’a éludé aucun sujet.
Sébastien, quelles sont les raisons de votre départ de Longueau ?
Ma vie professionnelle étant basée sur Angres, ça devenait difficile à combiner avec Longueau. J’avais une heure de route après le travail pour aller à l’entraînement et 45 minutes pour ensuite rentrer chez moi. Sur le plan humain, je ne me voyais pas aller dire à certains joueurs que j’allais me séparer d’eux. J’étais incapable de faire ça, c’était en dehors de mes capacités. Quand tu as travaillé pendant cinq ans avec des personnes que tu apprécies, c’est compliqué d’avoir ce rôle. A un moment donné, j’en ai parlé avec Ludovic Demetz, je n’avais plus les leviers pour faire progresser ce groupe. L’altercation qu’on a pu avoir avec Ludovic et Joffrey (Torvic) aurait pu créer des tensions. J’avais une crainte, c’était de travailler au quotidien avec ces joueurs et un jour de ne plus se dire bonjour parce que la saison en National 3 se passait mal. Je n’avais pas envie que ça se termine mal avec ce groupe. Puis, il était temps pour moi de trouver un nouveau projet, de me reconstruire en tant qu’entraîneur, de me remettre en difficulté dans la constitution d’un groupe et la préparation d’une saison.
Vous avez pris une grosse semaine de réflexion après la fin de saison. Votre décision a-t-elle évolué durant ce laps de temps ?
Non, pas vraiment. Ma décision était plutôt prise avant même la fin de saison. J’étais déjà en alerte sur ma volonté de quitter le club. Maintenant, les garçons étaient focus sur leur désir d’accession, je me suis donc concentré sur ça pour les accompagner et les aider à aller au bout de leur projet. Il fallait faire en sorte que le club accède à ce niveau. Ensuite, je me suis surtout attelé à ne montrer personne ma réflexion autour d’un départ. Une fois la saison terminée, j’ai juste pris le soin de bien réfléchir une dernière fois et de voir comment je pouvais l’annoncer.
Comment avez-vous vécu cette annonce justement, mardi lors d’une réunion avec les dirigeants du club ?
Il y a eu beaucoup d’émotions, c’était dur. C’est dur de quitter des personnes que tu apprécies, avec lesquelles tu as partagé tellement de choses. Je pense que ce sera aussi dur quand je vais remettre les pieds à Longueau avec Vimy. Ce sera particulier de revenir en tant qu’adversaire. Maintenant, je suis assez fier de ce qu’on a fait tous ensemble. J’ai eu la chance de connaître des accessions en National 2 en tant que joueur, là en tant qu’entraîneur on a vécu un 1/32e de finale et une montée en National 3. Je suis assez fier de mon travail et de mon passage à Longueau. Rien n’aurait été possible sans ce groupe de joueurs, sans ce staff merveilleux, sans ces dirigeants et bénévoles dévoués. C’est vraiment une réussite collective.
Comment votre départ a été accueilli par les joueurs ?
J’ai eu beaucoup de messages des joueurs, j’ai l’impression qu’ils comprennent mon choix. Ils sentaient aussi peut-être que c’était la fin d’un cycle, qu’il fallait repartir sur autre chose. Quand j’ai constitué ce groupe, je pense que je ne me suis pas trompé. Ce sont des êtres humains avec des valeurs, ce qui est important dans le sport. Honnêtement, ce groupe de joueurs est exceptionnel et ça a été un réel plaisir de les coacher. Il faut leur rendre hommage parce qu’ils ont fait quelque chose d’exceptionnel.
Vimy ? Je suis content de pouvoir relever ce défi.
Si vous quittez Longueau, c’est aussi parce que ça devait se faire un jour avec Vimy ?
Tout à fait. C’est un club qui a le même ADN que Longueau, avec des dirigeants investis et passionnés. On avait déjà eu un premier contact il y a un an et le courant était bien passé. J’ai toujours été attiré par ce club, par ce qu’il dégage, par ses infrastructures. C’est dans le bassin lensois et on connaît les valeurs que ça porte, je me reconnais là-dedans. Il y a beaucoup de joueurs de la formation lensoise, qui viennent du secteur, qui s’imprègnent des valeurs et qui sont attachés au territoire. Je suis content de pouvoir relever ce défi.
Comment se sont déroulés vos premiers pas à Vimy ?
J’ai été présenté aux joueurs en présence de certains membres du staff, la présidente et les dirigeants autour de l’équipe première. J’ai été très bien accueilli par tout le monde. On a commencé à débroussailler, on attaque les premiers entretiens avec les joueurs ce jeudi soir. L’idée première est de sécuriser les joueurs qu’on veut conserver et on fera le point sur ce qu’on peut faire rapidement. Ensuite, on a 28 joueurs et on ne pourra pas conserver tout le monde, c’est une certitude.
Vous n’avez pas le temps de tergiverser…
On n’a pas trop le choix. Le gros avantage est d’être sur place. Entre midi et deux, je peux aller au stade. Hier (mercredi), j’ai mis moins de dix minutes de mon travail au stade. Ca avance bien, ça se met tout de suite bien en place. Je me suis tout de suite mis au travail parce qu’il faut rapidement se projeter sur la saison prochaine. Je m’attends forcément à des hauts et des bas, mais j’arrive surtout sur les pointes des pieds, avec beaucoup d’humilité et l’envie de bien faire.
Au regard de la saison qui vient de s’achever, le maintien est forcément l’objectif numéro 1 pour Vimy ?
Oui, un bon maintien. C’est la dernière saison avant la réforme des championnats et on a forcément envie de découvrir le nouveau National 3 qui sera inter-régions par la suite. Ce sera une grosse lutte dans la deuxième partie de tableau et c’est pour ça qu’on n’a pas de temps à perdre pour trouver les joueurs qui vont nous apporter une plus-value.
Tous propos recueillis par Romain PECHON