Sébastien Léraillé (ESC Longueau) : « Je n’ai pas le droit de laisser tomber mes joueurs »

Très déçu après la lourde défaite contre Loon Plage la semaine dernière, Sébastien Léraillé fait amende honorable avant l’ultime rencontre de la saison, dimanche face à la réserve de Dunkerque. Conscient que son caractère peut parfois ajouter de la pression à ses joueurs, l’entraîneur de l’ESC Longueau est conscient que la gestion des émotions s’annonce cruciale pour être à la hauteur de l’événement et pourquoi pas s’offrir une montée historique en National 3. Entretien.

Sébastien, comment avez-vous vécu cette semaine avant l’ultime match de la saison à Dunkerque ? 

Cette semaine a fait beaucoup de bien. J’ai échangé avec les joueurs, la famille mais aussi des entraîneurs qui évoluent un peu au-dessus. J’ai aussi analysé mon attitude, il faut que je fasse attention à ne pas devenir toxique pour mon groupe. Je suis un compétiteur, un gagneur, je l’étais déjà quand j’étais joueur, mais il faut essayer de maintenir le bon équilibre. Je n’ai pas réussi ça dimanche dernier. J’ai demandé à mes joueurs de prendre le maximum de risques pour gagner le match, peut-être parce que je voulais plier le championnat. Mais notre force est d’être solidaire, bien en place. J’en ai oublié les qualités qui nous ont permis d’en arriver là. A travers mon comportement sur le banc, mon attitude pendant le match, j’ai été toxique pour mes joueurs face à Loon. Je pense que ça s’est ressenti ensuite sur le terrain.

Face à l’enjeu d’une montée, il est important de maintenir de la sérénité autour de votre équipe…

Je crois en mon équipe, j’ai toujours cru en elle depuis cinq ans. Depuis cinq ans, je me suis entouré de joueurs mais avant tout d’hommes, de bons mecs, avec un état d’esprit et des valeurs qui sont aussi les miennes, à savoir le travail et le respect. Quand je parle de respect, c’est à moi de les respecter les premiers. Il faut conserver cette entraide, cet aspect familial, être une famille soudée. Il ne faut pas se cacher, ce n’est pas Sébastien Léraillé qui a fait grandir Longueau, ce n’est pas Sébastien Léraillé qui a amené Longueau à cette position. C’est avant tout le travail des joueurs, c’est grâce à eux qu’on en est là. Sans eux, je ne serais rien et je ne serais pas devenu l’entraîneur que je suis aujourd’hui, avec mes qualités et mes défauts. Je leur dois beaucoup, je le sais très bien.

Dimanche, ce sera à moi d’avoir le bon comportement sur le banc, d’être au-dessus de la mêlée.

Je suis arrivé de nulle part, dans le néant, avec une petite image négative, d’un entraîneur qui traîne ses casseroles avec son comportement volcanique de sa carrière joueur. Grâce à eux, tout ça s’est doucement effacé grâce à nos résultats et les prestations effectuées par ce groupe depuis cinq saisons. Ils m’ont fait progresser dans tous les compartiments, que ce soit l’analyse d’un match, la gestion humaine. Aujourd’hui, si on en est là c’est grâce aux joueurs. Je ne dis pas ça parce que j’ai poussé un coup de gueule la semaine dernière, il ne faut pas tout remettre en question. J’aime tellement gagner, voir mes joueurs attaquer, mais il ne faut pas que je me trompe de combat et surtout d’attitude dans l’accompagnement de mes joueurs. Dimanche, ce sera à moi d’avoir le bon comportement sur le banc, d’être au-dessus de la mêlée et d’avoir les bonnes paroles à l’issue du dernier entraînement, à la causerie et pendant le match.

Comment faire pour que l’émotionnel ne prenne pas le dessus sur le reste ? 

J’ai un peu insisté sur l’émotionnel dans la causerie avant Loon Plage. Tu peux le faire mais si tu gâches tout derrière à travers ton comportement sur le banc de touche, c’est contre-productif, c’est dangereux. Il faut être réfléchi, les accompagner quoi qu’il arrive. Je n’ai pas le droit de laisser tomber mes joueurs. J’ai aussi fait des erreurs dans le contenu des séances ces dernières semaines. C’est un groupe qui a besoin de travailler, d’être toujours en alerte. J’avais axé sur la récupération et en discutant avec les garçons ils m’ont dit qu’on aurait dû continuer à travailler, parce que ce groupe vit de ça. C’est ma deuxième erreur après mon comportement sur le banc. Cela fait beaucoup pour un entraîneur qui joue la montée en National 3. Il a fallu que je rectifie tout ça en l’espace d’une semaine. Ce n’est pas facile, mais j’ai toujours su rebondir. Les échanges qu’on a eu en début de semaine ont aussi permis de mettre les choses à plat, de remettre un coup de collier, de la vie et de l’intensité dans les séances pour répondre favorablement dimanche à une jeune équipe de Dunkerque qui joue sa survie et qui va tout faire pour se maintenir.

Malgré la défaite contre Loon, vous êtes toujours maître de votre destin avant cette ultime rencontre…

Quand tu as ton destin en main, que tu as une opportunité, il faut la saisir, foncer, ne pas calculer. C’est ce qu’on va faire ! On va faire ce qu’on a fait de bien depuis le début de saison, à savoir s’attacher à avoir un bloc équipe compact. On sait aussi qu’on est capable d’aller chercher quelque chose au courage, avec nos valeurs. Il ne faut surtout pas se poser de questions, faire le match avant et se projeter sur l’après. Il faut être focus sur notre match, notre prestation pendant 90 minutes.

A 90 minutes d’un bonheur ultime, Longueau espère bien pouvoir célébrer de la sorte dimanche à l’issue du match contre Dunkerque – Romain PECHON – Le 11 HDF

L’expérience de la coupe de France et de ses matches couperets doit vous servir pour aborder ce genre de rendez-vous….

Tout à fait, ça doit nous servir et ça doit me servir aussi. A l’époque, j’avais su bien gérer ces matches à enjeu. C’était en milieu de saison, c’est un peu différent, là on est au bout de la saison, c’est aussi éprouvant parce que c’est la première qu’on va finir depuis le Covid. C’est à moi de mettre les garçons dans les meilleures conditions, sinon j’aurais une grande part de responsabilité si la montée venait à ne pas se faire. Les garçons sont prêts à en découdre, à aller chercher quelque chose, je ne me fais pas de souci sur leur capacité à être à la hauteur de l’enjeu. Ils sont prêts à mourir les uns pour les autres et pour le club. Tout le monde sera là pour le match, il n’y aura aucun absent, même les blessés seront dans le vestiaire pour la causerie. On est une famille, ce match ne va pas se résumer à 14 joueurs qui vont venir défendre nos couleurs. C’est le projet de tout un groupe, de tout un club de terminer le travail effectué cette saison.

Comment abordez-vous l’environnement autour de ce match, avec du public qui a prévu de faire le déplacement et ce stade Marcel Tribut comme terrain de jeu ? 

Pour le public, c’est quelque chose qu’il va falloir gérer. On l’a très mal géré contre Marck et Loon Plage. Il ne faut pas avoir peur de décevoir les gens, plutôt penser au bonheur qu’on peut leur procurer. Il faut se nourrir des cris, des sourires et des encouragements pour faire l’effort supplémentaire. Psychologiquement, il faut que ça nous donne des ressources supplémentaires. Pour le stade, on est déjà habitué à jouer sur un grand terrain, celui de Longueau est l’un des plus grands terrains du championnat de Régional 1. Je ne crains pas d’appréhension par rapport à ça. A un moment donné, il ne faut plus se poser de questions quand tu arrives au bout d’un championnat, que tu es en tête.

A un peu plus de 48 heures du coup d’envoi, ressentez-vous une émulation particulière ?

Pas forcément. J’ai aussi demandé aux garçons de rester calme. Personnellement, j’ai eu la chance de pouvoir souffler pendant deux-trois jours, de pouvoir couper avec la famille. On a une dernière séance ce vendredi soir, ensuite je vais couper samedi, aller me promener, ne pas trop penser au match. Dernièrement, j’étais tout le temps focalisé sur nos matches et ça m’a peut-être couté de l’influx. Il faut juste penser à y aller la tête haute, le buste bien droit et se dire que c’est un simple match de football à jouer. On va là-bas pour faire le meilleur match possible, le meilleur résultat possible. On n’a pas de calcul à faire, ce n’est jamais bon de toute manière de calculer.

J’ai tellement voulu aller au bout de cette aventure (…) que j’en ai oublié un peu l’essentiel, à savoir ma relation et ma vie avec le groupe.

Dernièrement, on est plus à l’aise à l’extérieur, on n’a perdu que deux matches sur toute la saison. On ressent peut-être un peu moins de pression aussi, on reste peut-être un peu plus organisé aussi. A domicile, j’ai peut-être un peu trop poussé les garçons à aller gagner des matches alors que le fait de rester invaincu aurait pu nous suffire. J’ai tellement voulu aller au bout de cette aventure, les accompagner du mieux possible, pousser à fond le côté compétiteur, que j’en ai oublié un peu l’essentiel, à savoir ma relation et ma vie avec le groupe. J’en suis bien conscient et je sais qu’il faut aussi réguler ça avant ce dernier match.

Tous propos recueillis par Romain PECHON

DUNKERQUE (b) – ESC LONGUEAU

22ème journée de Régional 1

Dimanche 29 mai, 15 heures

Stade Marcel Tribut, Dunkerque

Arbitre : M. Lamps

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