Préparateur athlétique en chef de l’Amiens SC cette saison, suite au départ de Simon Lucq dont l’officialisation va intervenir dans les prochaines heures, Pierre-Alexis Bouvier s’est confié au 11 Amiénois afin de détailler les contours de la préparation physique qui débute jeudi matin pour le groupe dirigé par Philippe Hinschberger. L’intéressé donne aussi son avis sur la spécificité de cette saison 2022/2023 avec une trêve d’un mois et demi en raison de la coupe du Monde au Qatar en novembre prochain. Entretien
Pierre-Alexis, quel est le programme des prochains jours pour l’Amiens SC qui retrouve les terrains ce jeudi matin ?
Après deux jours et demi de tests, on va reprendre sur le terrain avec des choses assez génériques qu’on retrouve dans toutes les préparations, à commencer par des spots de course. L’idée est de remettre les machines en route et d’être vigilant sur les premiers efforts. On va mixer tout ça avec du ballon. On va donc être sur des formes de travail avec l’aérobie spécifique, pour se rapprocher sur la semaine au Touquet sur des efforts concernant la puissance maximale aérobie (PMA). On va aussi être en lien avec la motricité du footballeur, en travaillant sur des circuits-training jusqu’à arriver sur des choses un peu plus nerveuses, du type des travaux de puissance et force. Ensuite, on va aussi se servir des premiers jours pour observer comment les joueurs réagissent aux charges de travail et ajuster et individualiser pour certains.
Comment les charges de travail sont-elles modulées sur ces cinq semaines de préparation ?
Le maître-mot est la progressivité sur les trois premières semaines. Le pic de charge va alors être important à ce moment-là, avec notamment deux matches amicaux. On va aussi reprendre du rythme à travers les matches avant d’aborder les deux dernières semaines en retrouvant un programme assez similaire aux semaines en cours de saison. On va être sur une phase d’affutage à ce moment-là.
Avant ça et jusqu’au départ en stage, on va avoir pas mal de spots de course, en essayant d’alterner un jour sur deux en arrivant sur des efforts de type longs mais avec une intensité modérée. Au fil du temps, l’intensité va augmenter alors que la durée des séquences va diminuer. Ce sera pareil en ce qui concerne le travail intégré. On met ça en place avec Francis (de Percin) qui s’occupe de la conception des séances pour travailler d’abord sur des surfaces de jeu assez courtes pour travailler l’aérobie spécifique. Ensuite, on augmentera au fur et à mesure la surface de jeu mais en réduisant la durée des entraînements.
Vous avez parlé de préparation intégrée (ndlr : des séances avec le ballon), êtes-vous adepte de la phase dissociée, notamment en début de préparation ?
J’estime qu’il est quand même important que les joueurs passent par une phase dissociée. C’est intéressant d’intégrer le contenu athlétique dans des formes jouées, mais ça me parait indispensable de dissocier le travail pour les joueurs qui ont notamment manqué d’assiduité par rapport à leur programme individuel pendant la coupure. Il y a des joueurs qui doivent forcément passer par là pour rattraper un peu leur retard.
En mixant un peu les deux formes, on peut aussi travailler sur l’aspect cardiovasculaire et on sait précisément ce qui est fait. On est un peu plus précis dans ce qui est fait. Là, on a des résultats assez disparates aux tests VAMEVAL de reprise et pour certains on sait pertinemment que la préparation sera un peu plus difficile. Et il est nécessaire de faire des efforts sollicitant l’aspect cardio-vasculaire. C’est important de ne pas occulter ce travail de dissociation, qui peut être difficile à gérer pour certains joueurs mais ils ressentiront l’effet bénéfique.
Cette longue trêve peut être bénéfique ! Ce ne sera sans doute pas de mal se régénérer, de se refaire un peu la caisse et ainsi repartir de plus belle pour la seconde partie de saison.
La difficulté pour vous est d’amener totalement à un niveau optimum pour la reprise du championnat, sachant que tout le monde ne part pas du même point de départ….
Bien sûr. Il y a des joueurs qui sont moins affutés d’autres, qui ont moins de capacités. L’idée est d’amener tout le monde à 100% sur le premier match mais aussi de leur permettre de tenir sur l’ensemble de la saison. On a aussi la trêve induite par la coupe du Monde qui va arriver en novembre. Elle peut aussi permettre de réajuster des choses et d’autres par rapport aux observations de la première partie de saison. En attendant, l’idée est de permettre à tout le monde de tenir pendant toute la première saison.
Ce calendrier bouleversé est-il une problématique supplémentaire et change-t-il votre approche globale de cette préparation estivale ?
Non, j’estime même que ça peut être bénéfique ! On en a parlé en fin de saison dernière et je me suis forcément projeté par rapport à ça en ayant déjà planifié cette reprise. Je pense que ça peut être intéressant parce qu’on va avoir une première partie de saison chargée, intense, avec quinze matches de championnat et deux de coupe de France entre fin juillet et la mi-novembre. Ce ne sera sans doute pas de mal se régénérer, de se refaire un peu la caisse et ainsi repartir de plus belle pour la seconde partie de saison. Les corps ne vont pas non plus se déadapter sur la période.
On coupera sans doute quelques jours mais on ne restera pas inactif. D’un point de vue athlétique, on ne repartira pas de zéro, on fera aussi des matches amicaux sur cette période. On va aussi pouvoir réajuster les choses sur certains qui auront pu ne pas avoir répondu à nos attentes sur le plan athlétique. Je vois ça un peu comme une interruption Covid, on s’arrête pour mieux repartir. Je n’ai pas forcément de crainte ou de mauvaise appréhension par rapport à cette coupure, d’autant qu’on n’a pas beaucoup internationaux.
Tous propos recueillis par Romain PECHON